Aller au contenu

Xenia Fedorova

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Xenia Fedorova
En .
Fonction
Présidente
RT en français
-
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
Ксéния Влади́мировна ФёдороваVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Faculté de journalisme de l'université d'État de Moscou
Berlin School of Creative Leadership (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Distinction

Xenia Vladimirovna Fedorova (en russe : Ксения Владимировна Фёдорова), née le à Kazan, est une journaliste et propagandiste russe.

Elle est présidente et directrice de l'information de la chaîne RT France de 2017 à 2022, branche francophone de la chaîne russe internationale RT. Agente d'influence du Kremlin reconnue, elle exerce en 2025 pour différents médias possédés par Vincent Bolloré, également propriétaire de la maison d'édition qui l'édite.

Elle est née à Kazan, d'un père ingénieur spatial et d'une mère, Natalia, « devenue femme d'affaires prospère » après avoir exercé dans la presse soviétique[1] puis au quotidien gouvernemental Rossiyskaya Gazeta. Xenia Fedorova déclare être influencée par le métier de sa mère[2].

Après la chute de l'Union soviétique et la mort de son mari, Natalia travaille dans l’import-export. La famille de sept enfants déménage alors en Autriche et Xenia Fedorova étudie dans un établissement catholique puis au lycée international de Vienne, apprenant l'anglais. Elle suit une formation d'un an en République tchèque au sein d'une « grande école russe ». La famille doit ensuite retourner en Russie, leurs visas n'ayant selon Xenia Fedorova pas été renouvelés[3].

En 2014, Xenia Fedorova obtient un Executive MBA à la Berlin School of Creative Leadership (en)[4].

Sans formation de journaliste, elle commence sa carrière au sein du groupe RT, d'abord comme productrice, puis comme directrice de la diffusion[5].

Elle est proche de la propagandiste Margarita Simonian, étroitement liée au pouvoir russe et l'une des principales figures propagandistes du régime[6], qui participe à la création de RT France, pensé comme un outil d'ingérence qui vise à diffuser la voix du Kremlin en France, et met Xenia Fedorova à sa tête[7],[8].

Xenia Fedorova n'a jamais travaillé comme journaliste dans la presse indépendante russe[6].

De à , elle dirige le service d'actualités internationales de Russia Today (RT)[9]. De à , elle est productrice exécutive de RT[9].

De à , elle est directrice du bureau de développement et d'avancement des projets médiatiques de RT. En , elle lance le premier projet d'agence vidéo anglophone de Russie RT Free Video[réf. souhaitée].

En 2012, elle devient cheffe de la direction de l'information à destination de la Russie, la CEI et les pays baltes[3].

En 2014, elle est cheffe de la direction de l'information en France[3]. En 2015, elle devient directrice de l'agence de presse globale Ruptly, dont le siège se situe à Berlin[réf. souhaitée].

Directrice de RT France

[modifier | modifier le code]

En 2017, elle devient présidente et directrice de l'information de la société RT France[10], dont le siège social se situe à Paris et qui exploite d'abord un site web puis émet en France dès le . En tant que directrice de l'information, elle définit la chaîne comme « une source alternative d'opinion, différente des médias mainstream français »[11],[8], tandis que le chercheur Maxime Audinet explique que la chaîne est non seulement financée par la Russie, mais que sa ligne éditoriale est également dictée par le Kremlin. Il décrit RT France comme « la voix de Vladimir Poutine » en France[8]. Le journaliste Élie Guckert décrit Xenia Fedorova comme la « cheffe de la propagande française du Kremlin »[12].

Le , la chaîne RT France est mise en demeure par le CSA pour des « manquements à l'honnêteté, à la rigueur de l'information et à la diversité des points de vue » et « un déséquilibre marqué dans l'analyse, sans que, sur un sujet aussi sensible, les différents points de vue aient été exposés » concernant un journal télévisé essentiellement consacré à la guerre en Syrie. Face à cette mise en demeure, Xenia Fedorova estime qu'il s'agit d'une forme de censure des points de vue et plaide une erreur technique pour expliquer une mauvaise traduction[13].

Lorsque débute l'invasion de l'Ukraine par la Russie, début 2022, Xenia Fedorova fait pression sur les équipes de RT France pour défendre les intérêts de la Russie et de Vladimir Poutine. Un journaliste de la chaîne de télévision témoigne anonymement pour le magazine Complément d'enquête et déclare qu'elle vérifiait absolument tous les sujets et « faisait preuve d'un interventionnisme » très important dans leur couverture du sujet[14].

Désinformation

[modifier | modifier le code]

Au même moment, elle nie l'invasion de l'Ukraine et parle d'une simple « opération spéciale », circonscrite au Donbass. Elle écrit à l'équipe de journalistes : « Attention avec les vidéos et les affirmations selon lesquelles la Russie attaque les villes ukrainiennes. Ce n'est pas vrai. L'opération ne concerne que le Donbass. », des « faits qui sont faux », rappelle StreetPress[6]. Cela s'inscrit dans un discours qui répète la désinformation du Kremlin plus largement, Xenia Fedorova niant également l'annexion de la Crimée par la Russie, ou le soutien russe aux milices séparatistes en 2014, décrivant la révolution de Maïdan comme un coup d'État[1],[6].

Médias Bolloré

[modifier | modifier le code]

En 2025, elle anime un magazine hebdomadaire consacré aux églises orthodoxes sur C8, chaîne française du groupe Bolloré[15], et multiplie les chroniques sur différents médias qu'il possède[6]. Libération estime en 2025 qu'elle « campe dans tous les médias du magnat français d'extrême droite »[1], également propriétaire de son éditeur, et qui ne la présente pas comme ancienne directrice de RT France ou « propagandiste » mais simplement « journaliste russe »[1].

En mars 2025, Xenia Fedorova publie un livre intitulé « Bannie », et sous-titré « La Liberté d'expression sous condition »[3]. Les critiques le décrivent comme contradictoire, puisqu'elle défend la thèse qu'elle serait censurée, bien qu'elle soit très présente médiatiquement et ne critique jamais la censure réelle, pratiquée à l'encontre de la presse et des journalistes russes, en Russie comme à l'étranger, et également par RT France, qui multiplie les procédures-baillons contre les chercheurs et journalistes critiques[1],[6].

Le , la dédicace de son livre au Festival du Livre de Paris au Grand Palais est perturbée par l'action de défenseurs de l'Ukraine et de défenseurs des droits humains en Russie, à l'initiative du Comité Diderot, de Pour l'Ukraine, leur liberté et la nôtre !, et d'autres associations[16].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d et e Simon Blin, « Xenia Fedorova, d'ancienne patronne de Russia Today France à nouvelle voix poutinophile de l'empire Bolloré » Accès payant, Libération, (consulté le ).
  2. « RT France : Xenia Fedorova, la cosaque de l'info », Valeurs actuelles, (consulté le ).
  3. a b c et d Isabelle Mandraud, « Xenia Fedorova, ancienne patronne de RT France et nouvelle égérie russe du Groupe Bolloré » Accès payant, Le Monde, (consulté le ).
  4. (en) Xenia Fedorova, Berlin School of Creative Leadership.
  5. Maxime Audinet, Un média d'influence d'État, INA, , 360 p. (ISBN 978-2-86938-305-0), p. 160.
  6. a b c d e et f StreetPress, « Bolloré embauche la propagandiste pro-Poutine Xenia Fedorova, ex-patronne de Russia Today », sur StreetPress (consulté le ).
  7. Pierre de Gasquet, « XENIA FEDOROVA - La journaliste en guerre froide avec Macron », Les Échos, 26 janvier 2018.
  8. a b et c « Russia Today, la propagande russe à portée de main », France Inter, (consulté le ).
  9. a et b « Extrait de la fiche de Mme Xenia FEDOROVA », LesBiographies.com, (consulté le ).
  10. « XENIA FEDOROVA - La journaliste en guerre froide avec Macron », Les Échos, (consulté le ).
  11. Mariana Grépinet, « Russia Today : "Télé-Poutine" sous haute surveillance », Paris Match, (consulté le ).
  12. Élie Guckert, Comment Poutine a conquis nos cerveaux, Plon, , 256 p. (ISBN 978-2-259-3-1721-4), p. 59.
  13. « RT France s'inquiète pour l'avenir », Challenges, (consulté le ).
  14. « "La Russie n'a pas frappé Kiev" : Quand la patronne de RT France faisait pression sur ses équipes au début de la guerre », Ozap, (consulté le ).
  15. « Xenia Fedorova rebondit sur C8 (groupe Bolloré) », sur La lettre de l'audiovisuel, (consulté le ).
  16. Florent Georgesco, « Xenia Fedorova, l'ancienne patronne de RT France, prise à partie au Festival du livre de Paris » Accès payant, Le Monde, (consulté le ).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Xenia Fedorova, Bannie : Liberté d'expression sous condition, éditions Fayard, 5 mars 2025.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]