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Film d'exploitation

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Le film d'exploitation est un film fait avec « peu ou pas d'attention à la qualité ni au mérite artistique » mais dans l'objectif principal — voire unique — de réaliser un bénéfice financier. Présentant souvent des thèmes comme la nudité, le sexe (suggéré ou explicite), la violence, la consommation de drogues ou les flux de sang, un tel film sera souvent promu par mise en avant de son aspect « sensationnel » et de sa supposée « transgression des interdits »[1]. Produits en évitant autant que possible toute dépense jugée inutile, quitte à négliger « la qualité des films traditionnels », les films d'exploitation sont souvent vus comme des « films B » à petit budget[2], mais certains sont devenus des films cultes [3].

Des films de ce genre ont existé dès les débuts du cinéma. Leur popularité dans les années 1930 aux États-Unis a vu l'introduction du code Hays. Ils redeviennent populaires dans les années 1960 avec l'affaiblissement des tabous sociaux en Amérique du nord et en Europe. Dans la fin du 20e siècle, ce genre suscite l'attention de cinéphiles, qui l'appellent parfois « paracinéma » ou « cinéma bis ».

Souvent ils exploitent des évènements qui ont fait la une des journaux et restent dans la conscience à court terme du public mais qu'une grande société cinématographique rejetterait en raison du temps et des investissements nécessaires pour produire un film de qualité suffisante. Par exemple Child Bride (en) (1935) abordait le problème des hommes âgés épousant des femmes très jeunes dans la région des monts Ozark.

D'autres moyens comme l'utilisation de drogue dans des films comme Reefer Madness (1936) ont attiré un genre de public qu'une société cinématographique importante aurait écarté pour maintenir sa réputation et sa respectabilité.

Plusieurs films ont été réalisés sur la guerre d'Hiver, la guerre de Corée et la guerre du Viêt Nam avant que les studios principaux s'y fussent intéressés. Quand, le , la radiodiffusion de La Guerre des mondes d'Orson Welles par le Mercury Theatre eut choqué beaucoup d'Américains et fait la une des journaux, Universal Pictures sortit dès novembre de la même année dans sa série Flash Gordon's Trip to Mars (en) une production courte appelée Mars Attacks the World.

Quelques films de série B tournés avec un petit budget exploitent souvent les projets d'une société importante du fait qu'ils sont produits rapidement et peuvent tirer profit de la publicité de cette société pour acquérir de l'audience pour leur film, avec comme résultat que le concurrent plus riche mais plus lent voit ses résultats en baisse au box office.

C'est ainsi qu’Edouard L. Alperson a produit Les Envahisseurs de la planète rouge (Invaders from Mars, 1953) de William Cameron Menzies pour battre dans les salles la version de La Guerre des mondes due à George Pal et produite par la prestigieuse Paramount Pictures. La Machine à explorer le temps (1960) de Pal a été elle aussi battue dans les salles par Le Voyageur de l'espace (Beyond the Time Barrier, 1960) d'Edgar George Ulmer, produit pour Robert Clarke.

C'est pourquoi beaucoup de studios, de producteurs et de vedettes gardent depuis leurs projets secrets.

Le terme grindhouse désigne des salles de cinéma spécialisées dans les films d'exploitation. Les grindhouse étaient connus pour leur diffusion continuelle de films de série B, souvent projetés en double programme (le « double feature ») : deux films, et souvent trois, étaient projetés l'un après l'autre.

Au début des années 1960 et spécialement dans les années 1970, les films grindhouse étaient dominés par le sexe, la violence, le bizarre, le pervers et autres contenus tabous.

À la fin des années 1980, le marché de la vidéo les rend obsolètes ; au milieu des années 1990, ils ont complètement disparu des États-Unis.

Chez les cinéphiles cependant, un certain intérêt pour les films d'exploitation a survécu. En 2007 sort Grindhouse un double feature constitué de Planète Terreur et de Boulevard de la mort réalisés respectivement par Robert Rodriguez et Quentin Tarantino ; ces deux films contiennent beaucoup des éléments caractéristiques des films grindhouse et sont liés par des bandes-annonces fictives appartenant également au genre (sexploitation, slasher, etc.).

Sous-genres

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Réalisateurs associés au genre

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Notes et références

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  1. Katz 2005.
  2. Schaefer 1999, p. 42–43, 95.
  3. (en) Jason Zinoman, « How "Night of the Living Dead" Ushered in a New Golden Era of Horror », Vanity Fair,‎ (lire en ligne, consulté le ).

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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