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Coretta Scott King

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Coretta Scott King
Description de cette image, également commentée ci-après
Coretta Scott King en 1993.
Nom de naissance Coretta Scott
Naissance
Marion, Alabama (États-Unis)
Décès (à 78 ans)
Rosarito (Mexique)
Nationalité États-Unis
Diplôme
Baccalauréat Universitaire, diplôme de conservatoire supérieur de musique
Activité principale
Militante pour les droits civiques
Autres activités
Formation
Conjoint
Martin Luther King (1953-1968)

Coretta Scott King, née le à Marion dans l'État de l'Alabama, et morte le à Rosarito dans l'État de Basse-Californie au Mexique, est une militante américaine du mouvement américain des droits civiques ainsi que l'épouse du pasteur Martin Luther King. Après l'assassinat de son époux en 1968, elle fonde le Centre Martin Luther King Jr. pour le changement social non violent à Atlanta, en Géorgie, pour continuer et célébrer son travail pour les droits civiques.

Après l'adoption du Civil Rights Act de 1964, du Voting Rights Act de 1965 et du Civil Rights Act of 1968, mettant fin à la ségrégation, Coretta King oriente son action vers les droits des femmes et des LGBT, ainsi que pour la paix dans le monde et sera une opposante à l'apartheid dans les années 1980. Son action de militante s'est poursuivi jusqu'à sa mort en 2006 et lui vaudra des récompenses telles que l'obtention du Prix international Gandhi pour la paix.

Jeunesse et formation

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Coretta Scott naît le à Marion dans le comté de Perry, en Alabama. Elle passe son enfance dans la ferme de ses parents, Obie Leonard et Bernice McMurray Scott, dans le village d'Heiberger (en), situé 5 kilomètres au nord de Marion. Après avoir suivi ses études secondaires à la Lincoln Normal School (en) de Marion, un établissement privé pour Afro-Américains, Coretta Scott est admise à l'Antioch College de Yellow Springs, dans l'État de l'Ohio où elle obtient son baccalauréat universitaire (licence) en 1951, elle continue ses études universitaire au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre de Boston dans le Massachusetts où elle obtient le Bachelor of Music (en), option art lyrique et violon en 1954[1],[2],[3],[4].

Pendant qu'elle est étudiante à l'Antioch College, elle adhère à section locale de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) en tant que déléguée des étudiants[5].

Lutte pour les droits civiques

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Coretta Scott King et son époux Martin Luther King en 1964.

Pendant ses études au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre, elle rencontre Martin Luther King, un étudiant en doctorat de théologie à l'université de Boston.

Le , Martin et Coretta se marient, la cérémonie a lieu dans le jardin des Scott, elle est célébrée par le père de Martin, le Docteur Martin Luther King Sr., leader des pasteurs d'Atlanta[6],[4].

Bien que Coretta King ait investi la majeure partie de son temps à élever les quatre enfants du couple : Yolanda King (1955-2007), Martin Luther III (1957), Dexter Scott (1961), et Bernice Albertine (1963), elle était présente à plusieurs des événements principaux du mouvement des droits civiques des années 1950 et des années 1960.

Mettant sa formation musicale à son service, Coretta a participé aux « concerts de liberté », qui se sont composés de récitations, de poésies, de chants, et des conférences liées à l'histoire du mouvement de droits civiques. Les recettes de ses concerts ont été souvent reversées à la Southern Christian Leadership Conference (SCLC). Coretta King a accompagné son mari dans plusieurs de ses déplacements, voyageant au Ghana en 1957 et en Inde en 1959[7].

En 1957, elle participe à la fondation du Comité pour une politique nucléaire raisonnable (renommé Peace Action)[8]. En 1962, son intérêt pour les efforts de désarmement l'a amenée à Genève, en Suisse, où elle a participé au mouvement Women Strike for Peace[9] et s'est rendue à la Eighteen Nation Committee on Disarmament (en)[10],[11]. Le 15 avril 1967, elle prit la parole à San Francisco tandis que son mari s'exprimait à New York lors de la grande manifestation contre la guerre du Vietnam, organisée par le Comité de mobilisation printanière pour mettre fin à la guerre au Vietnam.

Centre Martin Luther King Jr. pour le changement social non violent

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Après l'assassinat de Martin Luther King le , Coretta a poursuivi la philosophie de non-violence prônée par son mari. Plus tard, ce même mois, elle a remplacé son mari à un rassemblement contre la guerre du Viêt Nam à New York. Quatre jours après l'assassinat de son mari à Memphis, elle prenait la tête d'une importante manifestation en soutien aux éboueurs noirs victimes de discriminations[9], pour lesquels son mari s'était déplacé dans la ville. En , Coretta King a aidé à lancer la Poor People's Campaign (en)[12],[13],[14] (campagne de lutte contre la pauvreté) et a ensuite participé à de nombreux efforts combattant celle-ci. En 1968, elle a fondé le Centre Martin Luther King Jr. pour le changement social non violent[15]. Le centre comprend un hall d'exposition, une restauration de la maison d'enfance de Martin Luther King, un institut d'études afro-américaines, une bibliothèque contenant les articles de son mari et un musée. En tant que présidente de fondation du centre, elle a guidé sa construction à côté de l'Église baptiste Ebenezer d’Atlanta, où le Dr King avait servi comme co-pasteur avec son père, Martin Luther King, Sr[16],[17].

En 1969, Coretta a édité son autobiographie, Ma vie avec Martin Luther King, Jr.

Le président américain Jimmy Carter, la Première dame Rosalynn Carter, Andrew Young et Coretta Scott King à l'Église baptiste Ebenezer d’Atlanta, le .

Le groupe de folk progressif anglais The Strawbs (comprenant l'auteur-compositeur-interprète Dave Cousins et le claviériste Rick Wakeman) a enregistré une chanson intitulée "Martin Luther King's Dream" en 1970, inspirée du discours "I have a dream…". Coretta planifiant un meeting à Londres, a invité le groupe à interpréter ce morceau ; c'est ce qu'ils firent au Westminster Central Hall.

Droits LGBTQ

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En réponse à la décision rendue en 1986 par la Cour suprême dans l'affaire « Bowers v. Hardwick » selon laquelle il n'existait aucun droit constitutionnel à pratiquer la sodomie consensuelle, Winston Johnson, un ami de longue date de Mme King, lui révèle son homosexualité et joue un rôle déterminant dans l'organisation de la participation de King en tant qu'oratrice principale au gala new-yorkais du 27 septembre 1986 New York Gala of the Human Rights Campaign Fund[18]. Elle déclare qu'elle est là pour exprimer sa solidarité avec le mouvement gay et lesbien. Elle applaudi les gays qui « ont toujours fait partie du mouvement des droits civiques ».

En 1993, lors d’une conférence de presse, elle demande au président Clinton de mettre fin à la discrimination interdisant aux gays et aux lesbiennes de servir dans l’armée[18].

Le 31 mars 1998, lors du déjeuner organisé à l'occasion du 25e anniversaire du Lambda Legal Defense and Education Fund, King déclare : « J'entends encore des gens dire que je ne devrais pas parler des droits des lesbiennes et des gays, et que je devrais m'en tenir à la question de la justice raciale. (...) Mais je m'empresse de leur rappeler que Martin Luther King, Jr. a dit : « L'injustice n'importe où est une menace pour la justice partout. »... J'appelle tous ceux qui croient au rêve de Martin Luther King, Jr. à faire une place à la table de la fraternité et de la sororité pour les lesbiennes et les gays[19]. » Le 9 novembre 2000, elle répète des propos similaires lors de la séance plénière d'ouverture de la 13e édition annuelle de la Creating Change Conference, organisée par la National Gay and Lesbian Task Force.

Le 1er avril 1998, au Palmer House Hilton de Chicago, King appelle la communauté des droits civiques à se joindre à la lutte contre l'homophobie et les préjugés anti-gays, qu’elle compare au racisme[20].

En 2003, elle invite la National Gay and Lesbian Task Force à participer aux commémorations du 40e anniversaire de la Marche sur Washington et du discours « I Have a Dream » de Martin Luther King[21]. C'est la première fois qu'un groupe de défense des droits des LGBT était invité à un événement majeur de la communauté afro-américaine.

En 2004, elle lors d’une conférence universitaire au Richard Stockton College of New Jersey, elle affirme son soutien au mariage entre personnes de même sexe[18].

Mort et hommages

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Elle décède le à l’Hôpital Santa Mónica de Rosarito, dans l'État de Basse-Californie au Mexique, des suites d'un cancer des ovaires[22],[23].

Mme King avait été victime d'une crise cardiaque au mois d'. Elle était apparue pour la dernière fois en public le , le jour du Martin Luther King Day, qui célèbre la mémoire de son mari, mais elle n'a pas tenu de discours, clouée dans une chaise roulante, séquelle d'une attaque antérieure.

La dépouille mortelle de Coretta King a été exposée sous la coupole du Capitole de l'État de Géorgie[24], à l'Église baptiste Ebenezer d’Atlanta, où le pasteur King avait assisté son père à la chaire entre 1960 et 1968, et enfin à la New Birth Missionary Baptist Church (Église missionnaire baptiste de la renaissance). Plus de 150 000 personnes sont venues rendre un dernier hommage à Mme King[25].

Coretta Scott King et George W. Bush à la Maison-Blanche, le .

George W. Bush, George H. W. Bush père, Bill Clinton et Jimmy Carter, les quatre présidents américains ainsi que de nombreuses personnalités étaient également présents[26].

Coretta Scott King repose aux côtés de son époux au Martin Luther King, Jr. National Historical Park d'Atlanta[27],[28].

Récompenses

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Notes et références

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  1. (en-US) « Coretta Scott King | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  2. (en) « Coretta Scott King | Biography & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. (en-US) « Coretta Scott King (1927-2006) », sur New Georgia Encyclopedia (consulté le )
  4. a et b (en-US) « Coretta Scott King », sur Encyclopedia of Alabama (consulté le )
  5. (en-US) © Stanford University et Stanford, « King, Coretta Scott », sur The Martin Luther King, Jr., Research and Education Institute, (consulté le )
  6. (en-GB) Godfrey Hodgson, « Obituary: Coretta Scott King », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  7. (en-US) « Coretta Scott King », sur Biography (consulté le )
  8. Minoa D. Uffelman, Austin Peay State University, « Coretta Scott King » [archive du ], sur Encyclopedia of Alabama (consulté le )
  9. a et b (en-US) Story by Jeanne Theoharis, « Coretta Scott King and the Civil-Rights Movement’s Hidden Women », The Atlantic,‎ (ISSN 1072-7825, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « More Than A Wife; Coretta Scott King — Science Leadership Academy @ Center City », sur scienceleadership.org (consulté le )
  11. (en-GB) Jeanne Theoharis, « 'I am not a symbol, I am an activist': the untold story of Coretta Scott King », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  12. (en-US) © Stanford University et Stanford, « Poor People's Campaign », sur The Martin Luther King, Jr., Research and Education Institute, (consulté le )
  13. (en-US) « Poor People's Campaign », sur crdl.usg.edu (consulté le )
  14. (en-US) « May 12, 1968: The Poor People's Campaign Began », sur Zinn Education Project (consulté le )
  15. Gary L. Anderson, Kathryn G. Herr, Encyclopedia of Activism and Social Justice, SAGE Publications, États-Unis, 2007, p. 804
  16. (en) « Martin Luther King, Jr. Center for Nonviolent Social Change | United States organization », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  17. (en-US) © Stanford University et Stanford, « King Center (Atlanta, Georgia) », sur The Martin Luther King, Jr., Research and Education Institute, (consulté le )
  18. a b et c « Coretta's Big Dream: Coretta Scott King on Gay Rights », sur The Huffington Post,
  19. James Edward Jr. Merritt, For all God's people: Diverse people of faith for ecumenical witness and public policy (thèse), Cambridge, MA, Episcopal Divinity School, (lire en ligne [archive du ]), p. 73
  20. Dale Evva Gelfand et Lisa Renee Rhodes, Coretta Scott King: Civil Rights Activist – Dale Evva Gelfand, Lisa Renee Rhodes – Google Books, Infobase, (ISBN 9781438100777, lire en ligne [archive du ])
  21. « King, Coretta Scott » [archive du ], Alabama Music Office (consulté le )
  22. (en-US) Peter Applebome, « Coretta Scott King, a Civil Rights Icon, Dies at 78 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  23. (en-US) James C. McKinley Jr, « Clinic Where Coretta King Died Attracts the Desperate », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  24. (en-US) « Coretta Scott King Lying in Honor | C-SPAN.org », sur www.c-span.org (consulté le )
  25. (en) « Mrs. King Laid to Rest After State Funeral », sur PEOPLE.com (consulté le )
  26. (en-US) Maria Newman, « Four Presidents Join Mourners at Funeral of Coretta Scott King », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  27. (en-US) « Coretta King », sur Find a Grave
  28. (en-US) « 7 Things to Know About Martin Luther King, Jr. National Historical Park », sur www.doi.gov, (consulté le )
  29. (en-US) Roosevelt Institute, « Franklin D. Roosevelt Four Freedoms Awards », sur Roosevelt Institute, (consulté le )
  30. (en-US) « Achievers », sur Academy of Achievement (consulté le )
  31. « Mahatma Gandhi and Nobel Peace Prize », sur www.mkgandhi.org (consulté le )
  32. Coretta Scott King inducted into Alabama Women's Hall of Fame
  33. (en-US) « Coretta Scott King », sur National Women's History Museum (consulté le )

Pour approfondir

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Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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Notices dans des encyclopédies ou des manuels de référence

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  • (en-US) Jessie Carney Smith (dir.), Notable Black American Women: Book I, Detroit, Michigan, Gale Research, , 1334 p. (ISBN 9780810347496, lire en ligne), p. 631-634,
  • (en-US) Jack Salzman (dir.), Encyclopedia of African-American Culture and History, volume 3, Detroit, MacMillan Publishing Company (réimpr. 2006) (1re éd. 1995), 1365 p. (ISBN 9780028973654, lire en ligne), p. 1235-1237,
  • (en-US) Anne Commire (dir.), Women in World History, Volume 8, Yorkin Publications / Gale Cengage, , 879 p. (ISBN 9780787640675, lire en ligne), p. 665-670,
  • (en-US) R. Kent Rasmussen (dir.), The African American Encyclopedia, volume 5. Hil-Lee, New York, Cavendish Square Publishing, , 1496 p. (ISBN 9780761472186, lire en ligne), p. 1451-1453,
  • (en-US) Laura B. Tyle (dir.), UXL Encyclopedia of World Biography, volume 6, UXL/Thomson/Gale, , 1267 p. (ISBN 9780787664718, lire en ligne), p. 1091-1094,

Essais et biographies

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  • (en-US) Jackie Peck et Judy Hendershot, « Coretta Scott King Award Winner Javaka Steptoe Stands Tall "In Daddy's Arms" », The Reading Teacher, vol. 52, no 7,‎ , p. 752-755 (4 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) Judy Hendershot, Jackie Peck et Sharon Draper, « A Conversation with Sharon Draper, Winner of the 1998 Coretta Scott King Award », The Reading Teacher, vol. 52, no 7,‎ , p. 748-750 (3 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) Stephen J. Wermiel et Robert E. Stein, « human rights hero: Coretta Scott King », Human Rights, vol. 31, no 3,‎ , p. 25 (2 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) « Coretta Scott King: The First Lady of the Civil Rights Movement, (1927-2006) », The Journal of Blacks in Higher Education, no 50,‎ hiver 2005/2006, p. 60 (1 page) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) Simidele Dosekun, « A tribute to Coretta Scott King: 1927–2006 », Feminist Africa, no 7,‎ , p. 107-113 (7 pages) (lire en ligne Accès libre),
  • (en-US) Vicki Crawford, « Coretta Scott King and the Struggle for Civil and Human Rights: An Enduring Legacy », The Journal of African American History, vol. 92, no 1,‎ , p. 106-117 (12 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) Anne Ford, « 50 Years OF THE Coretta Scott King BOOK AWARDS: A conversation with nine winners and committee members who have been part of the influential children’s book awards », American Libraries, vol. 50, no 6,‎ , p. 28-33 (6 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),

Liens externes

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