Amenemhat II
| Amenemhat II | |
Sphinx attribué à Amenemhat II, Musée du Louvre. | |
| Période | Moyen Empire |
|---|---|
| Dynastie | XIIe dynastie |
| Fonction principale | roi |
| Prédécesseur | Sésostris Ier |
| Dates de fonction | v. 1900 à 1865 AEC[1],[note 1] |
| Successeur | Sésostris II |
| Famille | |
| Grand-père paternel | Amenemhat Ier |
| Grand-mère paternelle | Néféritatjenen |
| Grand-père maternel | Amenemhat Ier |
| Grand-mère maternelle | Néféritatjenen |
| Père | Sésostris Ier |
| Mère | Néférou III |
| Conjoint | Sénet ? |
| Enfant(s) | ♂ Sésostris II |
| Deuxième conjoint | Qanéférou ? |
| Enfants avec le 3e conjoint | ♂ Amenemhat-Ânkh♀ Khénémet-néfer-hedjet Ire♀ Néféret II♀ Itakaÿt II♀ Sathathorméryt♀ Ita♀ Itaouéret♀ Khénémet |
| Fratrie | ♀ Sébat♀ Itakaÿt Ire♀ Néférouptah Ire♀ Néférousobek♀ Nensed... |
| Sépulture | |
| Nom | Pyramide d'Amenemhat II |
| Type | Pyramide à faces lisses |
| Emplacement | Dahchour |
| modifier |
|
Amenemhat II (grec ancien : Amenemes) est le 3e souverain de la XIIe dynastie égyptienne et a régné au cours des deux premiers siècles du IIe millénaire[note 2]. Il le fils de Sésostris Ier et de la reine Néférou III, comme semble l'attester une inscription trouvée dans le Sinaï, et le petit-fils d'Amenemhat Ier.
Famille
[modifier | modifier le code]Les parents d'Amenemhat II sont Sésostris Ier et la reine Néférou III, cette dernière est en effet qualifiée de « Fille du roi » (sȝ.t-nỉsw.t), de « Épouse du roi » (ḥm.t-nỉsw.t) et de « Mère du roi » (mw.t-nỉsw.t)[2],[3].
On ne lui connaît pas d'épouse certaine, parmi les reines suggérées se trouvent les suivantes :
- Qanéférou, « Maîtresse de toutes les Femmes », attestée avec Amenemhat II sur un sceau conservé à Tübingen[4],[5],
- Sénet, à la fois « épouse du roi » et « mère du roi », attestée par trois statues ; l'identité du roi-époux et celle du roi-fils sont cependant inconnues, les statues datant stylistiquement de la fin de la XIIe dynastie et du début de la XIIIe dynastie ; si Sénet est bien l'épouse d'Amenemhat II, alors cela ferait d'elle la mère de Sésostris II[6],[7],[5],
- Keminoub, enterrée dans une tombe double avec un haut fonctionnaire nommé Amenhotep à l'intérieur du complexe pyramidal d'Amenemhat II (plus précisément dans l'une des tombes à l'ouest de la pyramide du roi), a auparavant été considérée comme une épouse d'Amenemhat II[4], mais est aujourd'hui considérée comme une reine de la XIIIe dynastie[8].
On lui connaît plusieurs enfants potentiels[5] :
- deux fils :
- le futur Sésostris II, aucun document n'atteste de la relation entre les deux rois[9],[10] ; si Wolfram Grajetzki fait de Sésostris II un fils probable d'Amenemhat II[10], Pierre Tallet n'en est pas si certain, concédant qu'il fasse partie de la famille royale mais peut-être d'une branche distincte et qu'il aurait épousée sa cousine Khénémet-néfer-hedjet, fille d'Amenemhat II, identique à la reine Khénémet-néfer-hedjet Ire, faisant ainsi de Sésostris II le gendre d'Amenemhat II[11] ;
- Amenemhat-Ânkh, attestés par un certain nombre d'objets, dont une fausse porte réutilisée dans la tombe de Khénémet et deux scènes provenant de la tombe du vizir Siese[4],
- sept filles :
- une princesse Khénémet-néfer-hedjet, attestée par un sceau-cylindre conservé à Metropolitan Museum of Art[4] et une statuette découverte à Ougarit[12] ; cette princesse pourrait être identique à la reine Khénémet-néfer-hedjet Ire[4],[13],
- Néféret II, attestée par deux statues assises grandeur nature découvertes à Tanis et aujourd'hui conservées au musée du Caire[2],
- Itakaÿt II, attestée par un sceau-cylindre conservé à Berlin[4],
- Sathathorméryt, attestée uniquement par sa tombe double qu'elle partage avec Itaouéret et située à l'intérieur du complexe pyramidal d'Amenemhat II à Dahchour[14] ;
- Itaouéret, attestée uniquement par sa tombe double qu'elle partage avec Sathathorméryt[4],
- Ita, attestée par un sphinx la représentant et découvert à Qatna en Syrie et par sa tombe double qu'elle partage avec Khénémet et située à l'intérieur du complexe pyramidal d'Amenemhat II[4] ;
- Khénémet, attestée uniquement par sa tombe double qu'elle partage avec Ita[4].
Règne
[modifier | modifier le code]Accession au trône
[modifier | modifier le code]Vers la fin de sa vie, Sésostris Ier a nommé son fils Amenemhat II comme son corégent. La stèle de Ouepouaouet est datée de la 44e année de Sésostris et de la 2e année d'Amenemhat, il l'aurait donc nommé pendant sa 43e année de règne[15]. On pense que Sésostris est mort au cours de sa 46e année sur le trône puisque le Canon royal de Turin lui attribue un règne de 45 ans[16].
Activités hors d'Égypte
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Au cours de son règne, Amenemhat II a organisé plusieurs expéditions, en particulier vers l'Ouadi el-Houdi et vers le Sinaï, notamment en l'an 2, 11 et 24. Il envoya également une expédition au pays de Pount en l'an 28, ainsi qu'un expédition au Ouadi Gasus la même année. Il est également nommé sur les boîtes d'un trésor d'objets d'argent trouvés sous le temple de Montou à Tôd : notamment, beaucoup de ces objets ne sont pas de fabrication égyptienne mais plutôt égéenne, ce qui témoigne des contacts entre l'Égypte et les civilisations étrangères pendant le Moyen Empire.
D'un point de vue militaire, il fonde la forteresse de Mirgissa en Nubie, il fait d'ailleurs une inspection générale des forteresses nubiennes en l'an 35. Des fragments d'une annales du début du règne d'Amenemhat II, déterrés à Memphis (et plus tard réutilisés au cours de la XIXe dynastie) mentionnent plusieurs événements : des expéditions militaires contre les peuples asiatiques Youay et Yassi, dont les emplacements sont encore inconnus, et des porteurs de tribut venus d'Asie et de Koush[17].
Activités en Égypte
[modifier | modifier le code]On sait peu de choses sur l'activité de construction d'Amenemhat II. À Hermopolis, il a érigé une porte devant le temple qui s'y trouve. Les fragments des annales mentionnés plus haut indiquent également son activité de construction dans le delta et de dons aux temples. Sur les stèles d'Abydos, il est fait état d'un Premier temple, mais sinon, il ne peut être localisé avec certitude[17]. Il est également connu pour avoir commandé des travaux de construction à Héliopolis, Héracléopolis, Memphis, dans le delta oriental. Une découverte bien connue associée à Amenemhat II est le Grand Sphinx de Tanis (Louvre A23), usurpé plus tard par de nombreux autres roi. Il a commencé par la construction du Bahr-Yousouf, parallèle au Nil. Ce roi fut un des précurseurs dans l'idée du développement des marais du Fayoum à des fins agricoles, une tâche que beaucoup de ses successeurs reprendront. De nombreuses stèles privées portent les cartouches d'Amenemhat - et parfois même ses années de règne - mais ne sont pas d'un grand secours pour fournir des informations utiles sur les événements de son règne[17].
Succession
[modifier | modifier le code]Amenemhat II et son successeur Sésostris II ont partagé une brève corégence, la seule incontestable de tout le Moyen Empire. Contrairement à la plupart des monuments à double date, la stèle de Hapou de Konosso indique explicitement que ces deux rois ont régné ensemble pendant un certain temps[18] et que l'année 3 du règne de Sésostris II équivaut à l'année 35 du règne d'Amenemhat II. L'année 35 d'Amenemhat II sur la stèle de Hapou est également la plus haute date connue pour lui[19].
Sépulture
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Amenemhat II se fait construire sa pyramide à Dahchour, entre Licht et Saqqarah. Également appelée « pyramide blanche » en raison de son parement de calcaire, elle est de type à face lisse. Le monument a été fouillé en 1894 et 1895 par Jacques de Morgan. Le complexe est fortement ruiné et il ne reste rien ou presque de la pyramide. Seuls subsistent une partie du couloir d'accès dont l'entrée était située au nord et les appartements souterrains. L'enceinte et le temple funéraire ont laissé quelques traces mais le temple de la vallée n'a jamais été retrouvé. Cette pyramide a une base d'environ 11 000 m2 mais la hauteur est inconnue, du fait de l'état de ruine trop avancé.
Titulature
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ 1932 à 1896 AEC (selon A. D. Dodson)
1929 à 1895 AEC (selon A. H. Gardiner, D. B. Redford)
1928 à 1895 AEC (selon N. Grimal)
1929 à 1892 AEC (selon D. Arnold)
1919 à 1881 AEC (selon C. Vandersleyen)
1918 à 1884 AEC (selon J. Málek)
1914 à 1879/76 AEC (selon J. von Beckerath)
1911 à 1877 AEC (selon I. Shaw)
1878 à 1843 AEC (selon E. Hornung, Krauss et Warburton)
1876 à 1842 AEC (selon R. Krauss) - ↑ La datation exacte du règne n'est pas connue, les proposition allant d'un règne à cheval sur les XXe siècle av. J.-C. et XIXe siècle av. J.-C. à un règne entièrement situé au XIXe siècle av. J.-C..
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Tallet et al. 2023, p. 419.
- Dodson et Hilton 2004, p. 97.
- ↑ Grajetzki 2005.
- Dodson et Hilton 2004, p. 96.
- Dessoudeix 2008, p. 148.
- ↑ Grajetzki 2024, p. 47.
- ↑ Siesse 2019, p. 145-146.
- ↑ Siesse 2019, p. 148-149.
- ↑ Tallet 2015, p. 15.
- Grajetzki 2024, p. 51.
- ↑ Tallet 2015, p. 15-21.
- ↑ Tallet 2015, p. 17.
- ↑ Tallet 2015, p. 17-18.
- ↑ Dodson et Hilton 2004, p. 99.
- ↑ Murnane 1977, p. 5.
- ↑ Murnane 1977, p. 6.
- Grajetzki 2024, p. 47-51.
- ↑ Willems 2010, p. 92-93.
- ↑ Murnane 1977, p. 7.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Michel Dessoudeix, Chronique de l'Égypte ancienne : Les pharaons, leur règne, leurs contemporains, Arles, Actes Sud, , 786 p. (ISBN 978-2-7427-7612-2) ;
- (en) Aidan Mark Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Thames & Hudson, , 320 p. (ISBN 978-0-500-05128-3) ;
- (en) Wolfram Grajetzki, Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic Dictionary, Golden House Publications, , 120 p. (ISBN 978-0-9547218-9-3) ;
- (en) Wolfram Grajetzki, The Middle Kingdom of Ancient Egypt : History, Archeology and Society, Bloomsbury, , 2e éd. (ISBN 978-1-350-45553-5) ;
- (en) Harco Willems, A companion to Ancient Egypt, vol. 1, Wiley-Blackwell, ;
- (en) William J. Murnane, Ancient Egyptian coregencies (=Studies in Ancient Oriental Civilization, no. 40), Chicago, Ill., The Oriental Institute of the University of Chicago, , 272 p. (ISBN 0-918986-03-6) ;
- Pierre Tallet, Sésostris III et la fin de la XIIe dynastie, Paris, Pygmalion, coll. « Les grands pharaons », (réimpr. 2015, édition augmentée et mise à jour) (1re éd. 2005), 334 p., 24 cm (ISBN 978-2-7564-1692-2, ISSN 1639-3341) ;
- Pierre Tallet, Frédéric Payraudeau, Chloé Ragazzoli et Claire Somaglino, L'Égypte pharaonique : Histoire, société, culture, Malakoff, Armand Colin, , 482 p. (ISBN 978-2-200-63527-5) ;
- Julien Siesse, La XIIIe dynastie : Histoire de la fin du Moyen Empire égyptien, Paris, Sorbonne Université Presses, coll. « Passé Présent », (ISBN 9791023105674).
