Max Ophuls
| Nom de naissance | Maximillian Oppenheimer | 
|---|---|
| Naissance | Sarrebruck (Empire allemand) | 
| Nationalité | Allemande Française | 
| Décès | (à 54 ans) Hambourg (Allemagne de l'Ouest) | 
| Profession | Réalisateur scénariste metteur en scène | 
| Films notables | Lettre d'une inconnue La Ronde Le Plaisir Madame de… Lola Montès | 
Max Ophuls (en allemand : Max Ophüls[a]) est un réalisateur, scénariste et metteur en scène franco-allemand, né le à Sarrebruck, dans le quartier de Saint-Jean (Allemagne), et mort le à Hambourg (Allemagne).
Il est le père du réalisateur et documentariste Marcel Ophuls (1927-2025).
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et études
[modifier | modifier le code]Maximillian Oppenheimer naît le à Saint-Jean, quartier de Sarrebruck dans la Sarre, de Joseph Oppenheimer (1872-1950), un fabricant de tissus et propriétaire de plusieurs magasins de confession juive, et Helene Bamberger (1879-1943). Il a une jeune soeur, Frieda (1909-1999). Scolarisé à l'école primaire de Rotenberg puis au Ludwigsgymnasium (de), il intègre la Königliche Oberrealschule (« école secondaire royale ») de Saint-Jean en 1915[1]. Il prend parallèlement des cours particuliers de guitare, piano et flûte. À l'été 1917, il effectue un service agricole chez des paysans à Neumagen. De retour à la Königliche Oberrealschule, il commence à se produire avec l'association littéraire de l'école, notamment dans Die Journalisten de Gustav Freytag, tout en prenant des cours particuliers de théâtre avec le comédien Paul Gewinner. En novembre 1920, il s'installe chez son oncle à Stuttgart où il étudie avec l'acteur et metteur en scène Fritz Holl (de) et donne ses premières représentations avec le Württembergische Staatstheater (de)[1].
Carrière
[modifier | modifier le code]L'Allemagne
[modifier | modifier le code]En 1921, Max, qui a choisi le pseudonyme d'Ophüls, est engagé au théâtre d'Aix-la-Chapelle. Victime d'une blessure à l'œil droit sur scène en février 1923, il fait la même année ses débuts en tant que metteur en scène au théâtre municipal de Dortmund. Il y noue une relation avec la cantatrice Marianne Keiler-Abendroth[1]. En 1925, il est engagé au Burgtheater à Vienne, où il rencontre l'actrice Hildegard Wall (1894-1980), qu'il épouse le 12 juillet 1926[1]. Il travaille parallèlement à la radio et met en scène des pièces à l'Akademietheater. Licencié du Burgtheater pour des raisons antisémites, il accepte un contrat avec le Neues Theater de Francfort-sur-le-Main[1]. C'est là que naît le son fils unique, Marcel, futur réalisateur de documentaires (notamment Le Chagrin et la Pitié). En 1928, la famille s'installe à Breslau, où Max met notamment en scène des pièces de Klabund, Boulgakov, Kleist et Wedekind.
Après avoir monté près de deux cents pièces, il se tourne en 1929 vers le cinéma, en devenant chef-dialoguiste sous la direction d'Anatole Litvak à la Universum Film AG (UFA), à Berlin. Il dirige son premier film en 1931, le court métrage Dann schon lieber Lebertran. Son film le plus notable durant cette période est sans aucun doute Liebelei (1933), tourné simultanément en français sous le titre Une histoire d'amour, selon le principe des coproductions de l'époque. On y trouve un certain nombre de thèmes qui ont fait sa célébrité : pureté des femmes (qui ne va pas sans une certaine frivolité, et parfois une grande naïveté), cruauté, violence des hommes et d'une façon générale, de la société qui, sous des dehors brillants, scintillants, se révèle être une machine à broyer les plus faibles, etc.[réf. nécessaire]
La France
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Anticipant la menace que fait courir la montée du nazisme avec l'avènement du Troisième Reich, Max Ophuls se réfugie avec toute sa famille en France en 1933 au lendemain de l'incendie du Reichstag. Il y réalise entre autres Le Roman de Werther, adaptation du roman homonyme de Goethe avec Pierre Richard-Willm, et deux films avec Edwige Feuillère : Sans lendemain et De Mayerling à Sarajevo. Devenu citoyen français en juin 1938, tout comme sa femme et son fils[2], il francise la graphie de son pseudonyme en abandonnant le tréma (Umlaut) qu'il juge trop « germanique », souhaitant tourner la page avec le pays qu'il a fui[b]. Son fils fera de même lorsqu'il entamera sa carrière dans les années 1950[c].
Parenthèse américaine et retour en France
[modifier | modifier le code]Après la défaite de 1940, il gagne les États-Unis avec sa femme et son fils en passant par la Suisse, l'Italie et le Portugal. Frieda part pour l'Argentine tandis que leurs parents, installés à Aix-en-Provence, restent en France, se cachant dans une cave lors de l'invasion de la zone libre. Helene meurt durant l'Occupation, Joseph en 1950[1]. Réfugié à Hollywood, il n'y trouve pas de travail et doit attendre 1946 pour renouer avec les plateaux. Avec l'aide du producteur Preston Sturges, qui admire son travail depuis longtemps, il tourne l'un des films les plus remarquables de cette période : Lettre d'une inconnue, librement adapté de la nouvelle homonyme de Stefan Zweig.
Il revient en Europe en 1950 avec sa famille, pour entamer une série de chefs-d'œuvre : La Ronde (1950), Le Plaisir (1952), Madame de… (1953), avec son actrice fétiche, Danielle Darrieux, ainsi que Lola Montès (1955). Ce dernier film ne rencontrera pas le succès, et fera l'objet d'un nouveau montage de la part des producteurs, malgré l'opposition d'Ophuls et celle des « jeunes turcs » de la naissante Nouvelle Vague, avant de connaître finalement une résurrection en 2008.
Dans toutes ses œuvres, on retrouve les mouvements fluides de la caméra qui le caractérisent, l'utilisation complexe des grues et des dollys, et les travellings, qui ont influencé Stanley Kubrick ou, en France, Jacques Demy dont le premier film, Lola, est dédié à celui qu'il considérait comme son maître.
Mort
[modifier | modifier le code]Max Ophuls meurt le à Hambourg, à l'âge de 54 ans, d'une cardiopathie rhumatismale alors qu'il met en scène Le Mariage de Figaro au Deutsches Schauspielhaus[3]. Il est incinéré puis inhumé au crématorium du cimetière du Père-Lachaise (case 6219) à Paris[4].
En 1959, son épouse fait publier les mémoires qu'il avait écrites en allemand durant leur séjour à Hoollywood en 1946 sous le titre Spiel im Daseinet auxquelles elle ajoute une postface. L'ouvrage paraît en version française d'abord en feuilleton dans les Cahiers du cinéma de mars 1961 à août 1962, puis en 1963 sous forme de recueil sous le titre Max Ophuls par Max Ophuls aux éditions Robert Laffont. La même année sort la biographe consacrée au réalisateur par Claude Beylie en collaboration avec sa veuve.
Filmographie
[modifier | modifier le code]En tant que réalisateur
[modifier | modifier le code]- 1931 : Nie wieder Liebe d'Anatole Litvak - en tant qu'assistant réalisateur
- 1931 : Dann schon lieber Lebertran[d] (court métrage) - également scénariste
- 1932 : Le Studio amoureux (Die verliebte Firma)
- 1932 : La Fiancée vendue (Die verkaufte Braut)
- 1933 : Lachende Erben[e] - également scénariste
- 1933 : Liebelei - également scénariste
- 1933 : Une histoire d'amour[f] - également scénariste
- 1934 : On a volé un homme
- 1934 : La Dame de tout le monde (La signora di tutti) - également scénariste
- 1934 : Le Scandale de Marcel L'Herbier (réalisation de quelques scènes)
- 1935 : Divine - également scénariste
- 1936 : Valse brillante de Chopin (court métrage)
- 1936 : Ave Maria de Schubert (court métrage)
- 1936 : La Comédie de l'argent (Komedie om geld) - également scénariste
- 1936 : La Tendre Ennemie - également scénariste
- 1937 : Yoshiwara - également scénariste
- 1938 : Werther ou Le Roman de Werther - également scénariste
- 1939 : Sans lendemain ou La Duchesse de Tilsitt - également scénariste
- 1940 : De Mayerling à Sarajevo
- 1940 : L'École des femmes (inachevé)
- 1947 : L'Exilé (The Exile)
- 1948 : Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman) - également scénariste
- 1949 : Pris au piège (Caught)
- 1949 : Les Désemparés (The Reckless Moment)
- 1950 : Vengeance corse (Vendetta) de Mel Ferrer - non crédité[g]
- 1950 : La Ronde - également scénariste
- 1952 : Le Plaisir - également scénariste
- 1953 : Madame de… - également scénariste
- 1955 : Lola Montès - également scénariste
En tant que scénariste
[modifier | modifier le code]Note : Max Ophuls est également scénariste ou coscénariste de la plupart de ses films ; cf. ci-dessus.
Théâtre
[modifier | modifier le code]- Frau Berta Garlan d'après Arthur Schnitzler
Distinctions
[modifier | modifier le code]Récompenses
[modifier | modifier le code]- Mostra de Venise 1934 : coupe du ministère des Corporations (meilleure réalisation technique) pour La signora di tutti
- Mostra de Venise 1950 : Meilleur scénario pour La Ronde, partagé avec Jacques Natanson
- Berlinale 1966 : prix FIPRESCI pour l'ensemble de son œuvre (à titre posthume)
Nominations
[modifier | modifier le code]- Mostra de Venise 1934 : coupe Mussolini du meilleur film italien pour La signora di tutti
- Mostra de Venise 1936 : coupe Mussolini du meilleur film étranger pour La Tendre Ennemie
- Mostra de Venise 1950 : Lion d'or pour La Ronde
- Oscars 1952 : Meilleur scénario adapté pour La Ronde, partagé avec Jacques Natanson
- Oscars 1955 : Meilleure direction artistique noir et blanc pour Le Plaisir
Hommages
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- Le prix Max-Ophuls a récompensé un réalisateur dans le cadre du festival de Cannes dans les années 1960-1970[réf. nécessaire].
- Le festival du film Max Ophüls Preis de Sarrebruck (Filmfestival Max Ophuls Preis) présente chaque année depuis 1980 les œuvres de jeunes cinéastes germanophones, en provenance principalement d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse. Des prix sont décernées dans différentes catégories (longs métrages, moyens métrages, courts métrages et documentaires).
- En 2010, son étoile est inaugurée sur le Boulevard des stars à Berlin.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Max Ophuls » (voir la liste des auteurs).
- Notes
- ↑ Le réalisateur supprima à son arrivée en France le tréma (Umlaut) de leur pseudonyme, originellement orthographié Ophüls selon l'usage germanique pour des questions de prononciation. C'est donc cette graphie qui s'applique dans les pays francophones.
- ↑ « C'est le moment de régler, une fois pour toute, la question du tréma. […] Mais l'exemple du principal intéressé, que ce chapeau incongru, complaisamment surajouté par certains de ses compatriotes voulant se donner des airs de germanistes distingués, mettait fort en colère (au point qu'il le fit effacer du générique du Plaisir : la trace en est encore perceptible), nous servira de caution ultime et - osons-nous espérer - irréfutable. » Cf. Claude Beylie, Max Ophuls, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », Seghers, 1963,p. 11 ; rééd. Lherminier, 1984 ( (ISBN 2862440272)).
- ↑ « Marcel Ophuls insistait : pas d’umlaut (de tréma) sur son nom ! Fils du cinéaste juif allemand Max Ophüls, il avait fui l’Allemagne nazie avec ses parents, pour se faire naturaliser français en 1938, avant d’être contraint à un nouvel exil pour Hollywood. Ce souci d’orthographe, adoptant le choix de son père à son arrivée en France, gardait l’empreinte d’une Histoire agitée. » in Gaël Lépingle, « Le chagrin sans pitié : hommage à Marcel Ophuls », Cahiers du cinéma, (lire en ligne).
- ↑ Litt. en allemand « On préfère l'huile de foie de morue ».
- ↑ Litt. en allemand « Les Joyeux Héritiers ».
- ↑ Version française de Liebelei tournée simultanément avec une partie de la même distribution.
- ↑ Max Ophuls tourna quelques scènes en 1946 avant d'être renvoyé par le producteur Howard Hughes. Le film ne sort que quatre ans plus tard,après avoir été confié à Stuart Heisler puis Mel Ferrer.
- Références
- (de) Helmut G. Asper, Max Ophüls: Eine Biographie, Berlin, Bertz Verlag, (ISBN 9783929470857) cité dans (de) « Max Oppenheimer (Ophüls) » sur le livre commémoratif des Juifs de la ville de Sarrebruck.
- ↑ « Oppenheimer (Max) et Wall (Lina-Hildegard-Wally) », Journal officiel de la République française du 5 juin 1938, p. 6386.
- ↑ (de) « Familie Max Ophüls », sur Filmfestival Max Ophüls Preis.
- ↑ Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 609-610.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Georges Annenkov, Max Ophuls, avant-propos de Max Ophuls, Paris, Le Terrain vague, 1962
- Claude Beylie, Max Ophuls, Paris, Seghers, 1963 ; réédition Lherminier, 1984 (ISBN 2862440272)
- William Karl Guérin, Max Ophuls, Paris, Cahiers du cinéma, 1988 (ISBN 9782866420635)
- Susan M. White, The Cinema of Max Ophuls: Magisterial Vision and the Figure of Woman, New York: Columbia University Press, 1995 (ISBN 0231101139)
- Noël Herpe (dir.), 1895 : Max Ophuls, vol. 34-35, Paris, AFRHC, (ISBN 2-913758-05-3, lire en ligne)
- Max Ophuls (trad. de l'allemand par Max Roth, préf. Marcel Ophuls), Souvenirs [« Spiel im Dasein »], Paris, Cinémathèque française, coll. « Petite Bibliothèque des Cahiers du cinéma »,  (ISBN 2866423267)Ouvrage comprenant les mémoires du cinéaste publiées en 1959 en allemand puis en 1963 en français, agrémentées d'un entretien donné en 1957 à Jacques Rivette et François Truffaut pour les Cahiers du cinéma.
- Dominique Delouche, Max et Danielle : les années Darrieux de Max Ophuls, La Tour verte, Grandvilliers, 2011, 142 p. (ISBN 2917819081).
Documentaires
[modifier | modifier le code]- Marcel Ophuls, Max par Marcel, Les Films du jeudi, 2009 - inclus dans le coffret Max Ophuls de distribué par Gaumont
- Marcel Ophuls, Un voyageur, avec Vincent Jaglin, Arte,
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Max Ophuls sur Senses of Cinema
- (en) Les films de Max Ophuls (page d'archives)
- (en) Master of Doomed Love and Dark Surprises sur The New York Times
- « Entretien avec Marcel Ophuls, à propos de Hôtel Terminus », Jeune Cinéma no 190, septembre-octobre 1988.
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Max Ophuls
- Réalisateur français
- Réalisateur allemand
- Personnalité de la liste Portraits de France
- Naissance en mai 1902
- Naissance à Sarrebruck
- Décès en mars 1957
- Décès à Hambourg
- Décès à 54 ans
- Personnalité française incinérée
- Personnalité allemande incinérée
- Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 87)
 
	







