König Ottokars Zepter
Le Sceptre d'Ottokar (Les aventures de Tintin : Le Sceptre d'Ottokar, Hergé, 1939) est le huitième album de bande dessinée des aventures de Tintin, publié en noir et blanc dans les pages du "Petit Vingtième", supplément du journal Le Vingtième Siècle.
Synopsis
Tintin trouve la serviette du professeur Halambique, un spécialiste de sigillographie qui doit se rendre en Syldavie. Le reporter accepte alors de l'accompagner comme secrétaire. Dans l'avion, Tintin remarque le comportement bizarre du professeur, mais est éjecté de l'appareil. Miraculeusement sauvé, Tintin apprend l'existence d'un complot visant le roi de Syldavie Muskar XII et se rend à Klow pour prévenir le souverain : son sceptre, qu'il doit absolument présenter au public le jour de la Saint-Wladimir pour régner, sera dérobé. Tintin va essayer d'empêcher ce vol d'avoir lieu...
Mais Tintin doit affronter bien des difficultés pour continuer son voyage à tel point que lorsqu'il croit enfin pouvoir triompher des bandits, le voilà qui se retrouve encore une fois confronté à eux. Enfin il a pu arriver à Klow et rencontrer le Roi, qui accepte de le mener au Château Kropow où sont gardés la Couronne et le Sceptre d'Ottokar.
Malgré toutes les mesures de sécurité, le vol a lieu. Tintin cherche à retrouver le sceptre avant la Saint-Wladimir. Il découvre alors la vraie nature du complot : la Bordurie, pays voisin, envahira la Syldavie suite aux troubles causés par la chute du roi. Tintin retrouve le sceptre et, grâce à lui, l'Anschluss bordure va echouer. Au cours de son retour, à pied, vers Klow, il perd le sceptre... mais heureusement, le fidèle Milou est là. Le véritable professeur Halambique (il s'avère que dans l'avion, Tintin avait voyagé avec son frère jumeau) est libéré et le Roi décore Tintin. C'est dans cet album qu'apparait pour la première fois la Castafiore, mais aussi le colonel Boris (alias Jorgen) qui était membre du Z.Z.R.K, dont on ne sait pas le nom, et que l'on retrouve dans On a marché sur la Lune.
Contexte
De l'aveu même d'Hergé, Le Sceptre d'Ottokar est le récit d'un Anschluss raté. Le sujet était brûlant d'actualité à l'époque, puisque l'album est sorti en 1939, peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Autour de l'album
L'ouvrage est un parti pris en faveur d'un régime politique paisible loyaliste et royaliste contre une dictature militaire fasciste et expansionniste. Pour enfoncer le clou les ordres d'invasion de la Syldavie sont signés d'un certain Müsstler et là l'analogie avec les acteurs du moment Mussolini et Hitler est on ne peut plus claire.
Après Le Lotus bleu en Asie, le Sceptre d'Ottokar est une dénonciation virulente des nationalismes qui sévissaient en Europe dans les années 1930. Hergé, qui travaillait alors dans un journal édité par la droite conservatrice (le Petit Vingtième), marque ses distances avec l'extrême-droite alors puissante en Belgique (et en dépit des tentatives de récupération dont il sera l'objet, de la part de certains politiciens, tels Léon Degrelle).
Anecdotes
- Hergé apparait dans l'album (Page 38, dernière case & Page 59, dernière case)
- Jacobs (qui a aidé à "balkaniser" la seconde édition) apparait également dans ces mêmes cases.
- Les Bordures portent des casques à pointe sur les gravures relatant des anciens combat entre eux et les syldaves.
- C'est le seul album où Tintin est décoré.
- Alors que Le sceptre d'Ottokar paraissait dans Le Petit Vingtième, Hergé a été mis en garde par un Allemand car les avions dont il s'était inspiré pour dessiner les chasseurs bordures n'étaient que des appareils de fabrication germanique. Or, à cette époque, c'était prendre beaucoup de risques que de s'attaquer aussi ouvertement à l'Allemagne (alors qu'on a reproché à Hergé son ambiguïté vis-à-vis de l'Allemagne.).
- Sur la couverture, Tintin porte sous son manteau une chemise blanche sans cravate, mais porte une chemise bleu clair et une cravate bleue durant tout l'album.
Adaptations
Autres versions de l'album
L'album fut redessiné en couleurs en 1947 et Hergé, avec l'aide de son nouveau collaborateur Edgar P. Jacobs, en profita pour balkaniser un peu plus les décors et les costumes.
Version animée
Cet album fut adapté dans la série animée de 1992