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Fall Omar Raddad

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Vorlage:Infobox Affaire criminelle

L'affaire Omar Raddad a commencé avec le meurtre de Ghislaine Marchal en 1991 , dans sa villa "La Chamade", sur les hauteurs de Mougins (Alpes-Maritimes). Deux inscriptions en lettres de sang "OMAR M'A TUER" [sic] présentes sur la scène du crime, ont conduit la justice à inculper Omar Raddad, le jardinier de la victime, malgré ses protestations d'innocence. Défendu par MVorlage:E Jacques Vergès, et condamné en 1994 à dix-huit ans de réclusion criminelle, le jardinier a bénéficié en 1996 d'une grâce partielle accordée par le président Jacques Chirac, mais il se bat toujours pour faire réviser sa condamnation.

Cette affaire est restée célèbre en raison du mystère entourant le scénario du crime. Le corps de Ghislaine Marchal avait en effet été retrouvé dans sa cave, dont la porte d’accès était bloquée de l’intérieur. Étant donné les terribles blessures ayant entraîné son décès, Ghislaine Marchal a-t-elle pu trouver le temps et la force de se barricader dans la cave et d’écrire ces mots sur les portes avant de mourir ? Ou bien, si les inscriptions sont d’origine criminelle, comment le (les) meurtrier(s) aurai(en)t-il pu ressortir par la porte métallique tout en la bloquant de l’intérieur ? 

La condamnation du jardinier a soulevé une vive controverse, en France comme au Maroc, son pays d’origine, la défense critiquant la manière dont l’instruction a été conduite, et contestant entre autres les conclusions de l’autopsie et des analyses graphologiques. Après la condamnation, Me Vergès proclamera que l’origine maghrébine de l’accusé a pu jouer contre lui, suscitant l’indignation de l’avocat de la partie civile, Me Leclerc, vice-Président de la Ligue des Droits de l’Homme.

L'inscription en lettres de sang : Vorlage:Citation trouvée sur la scène du crime est restée emblématique de cette affaire, parmi les plus marquantes des années 1990 en France.

Déroulement de l'affaire

Les faits

Née Ghislaine de Renty, Ghislaine Marchal était la fille d'un industriel qui s'engagea dans la Résistance pendant la dernière guerre mondiale et mourut en déportation. Divorcée de son premier époux, dont elle avait eu un fils, elle était, en 1991, la veuve fortunée de Jean-Pierre Marchal, propriétaire d'une célèbre entreprise d' équipements automobiles[1] et belle-sœur du bâtonnier Bernard de Bigault du Granrut. Elle partageait son temps entre sa résidence principale, en Suisse, et sa belle villa "La Chamade", qu'elle avait fait construire sur les hauteurs de Mougins [2]

Ghislaine Marchal a disparu.

Le dimanche 23 juin 1991 vers 11h48, Ghislaine Marchal, sortant juste de la douche, est au téléphone avec son amie Erika S. Il est convenu que son amie viendra déjeuner à La Chamade le lendemain lundi. Ghislaine Marchal se dit pressée car elle doit se préparer pour aller déjeuner chez ses amis, M et Vorlage:Mme K. à 13h. Toutes deux raccrochent vers 11h50. C’est la dernière fois que l’un de ses proches entendra sa voix[3].

Très étonnés de ne pas la voir arriver, ses amis l’appellent en vain plusieurs fois à partir de 13h30. Vers 18 h, Colette K. se rend en voiture à La Chamade. Personne ne répond à ses coups de sonnette, ni à un nouvel appel téléphonique le soir[4].

Le lundi 24 juin, Erika S. arrive vers 11h30 comme convenu. Elle sonne, insiste, appelle, en vain. Alertée par Vorlage:Mmes Erika S. et Colette K., une troisième amie, Francine P., fait dépêcher sur place un employé de la compagnie de gardiennage en début d’après-midi. La maison, sombre et silencieuse, ne porte aucune trace d’effraction ; les persiennes n’ont été relevées que dans la chambre à coucher ; sur le lit qui n’a pas été fait, des lunettes, un journal ; le plateau du petit déjeuner est posé dans la cuisine. Les clés sont sur la porte qui n’est pas verrouillée, l’alarme n’est pas enclenchée. On dirait que Ghislaine Marchal vient de se lever, mais elle n’est pas là [5]. Au cours de l’après-midi, les recherches reprennent ; l’employé de la compagnie de gardiennage revient avec Francine P. et sa gardienne. Ils sont bientôt rejoints par le médecin de Ghislaine Marchal. On retrouve des bijoux, un sac à main ouvert, qui ne contient pas de numéraire, mais nulle trace de la propriétaire[6].

La porte de la cave est bloquée de l'intérieur.

Finalement, le Vorlage:Date au soir, les gendarmes sont alertés et se rendent sur place. Après avoir fouillé la maison, ils s'intéressent à une annexe accolée à l'habitation principale. Un escalier descend à la cave, qui n'a pas encore été visitée, et dont la porte métallique est verrouillée. Après son déverrouillage, la porte refuse de s’ouvrir de plus de Vorlage:Unité. Pendant qu’un gendarme pousse de toutes ses forces, à gauchir la porte, son collègue passe un bras et repère un lit pliant placé contre elle à l'intérieur. Il le rejette violemment en arrière : la porte s’ouvre un peu plus, mais un tuyau métallique, placé au sol perpendiculairement à la porte, la bloque solidement à sa base. La porte étant tordue par une forte poussée de son collègue, il parvient à  passer une jambe et raconte avoir donné « plusieurs coups de pied dans ce tube » ,  qui est placé « au tiers de la porte vers la charnière […] L’ultime coup de pied dégage le tube » ce qui permet [7] d’ouvrir la porte . En janvier 1992, les enquêteurs constateront que « la pression exercée sur la porte a fait ripper le tuyau qui a laissé une empreinte en arc de cercle sur le sol bétonné » [8]

La découverte du corps.

Dans un local chaufferie, au fond de la cave, Ghislaine Marchal est allongée de tout son long, face contre terre, les jambes dirigées vers le mur du fond, les bras sur le sol en avant du corps, vêtue de son seul peignoir de bain ensanglanté retroussé vers le haut du corps, au-dessus de la taille [9].

Les premières constatations du médecin, sur place, le 24 au soir, et l’autopsie du 28 juin  [10]  révèleront des blessures gravissimes: cinq coups violents à la tête, portés avec un chevron, « assénés pour tuer et non pour assommer »  [11], qui ont provoqué des plaies béantes au cuir chevelu et un œdème cérébral ; une plaie en V à la gorge n’ayant pas atteint les gros vaisseaux du cou ou la trachée ; dix plaies au thorax et à l’abdomen provoquées par « une lame effilée et à double tranchant » mesurant de 15 à Vorlage:Unité de long et large de Vorlage:Unité au maximum, dont une a provoqué une éventration et trois ont transpercé le foie de part en part (plaies transfixiantes), les trajets de ces coups étant « légèrement ascendants »; deux plaies derrière la cuisse gauche  [12]dont l’une, du côté interne, a produit un filet de sang perpendiculaire à l’axe de la jambe ; la victime est donc restée allongée sur le sol sans bouger, après avoir reçu cette blessure, au moins le temps que le sang se coagule [13], soit 7 minutes d’après les légistes [14]. Des blessures et fractures aux mains, avec une phalange presque arrachée, suggérant qu'elle a cherché à se protéger en portant ses mains au visage, de nombreuses éraflures et ecchymoses sur les bras et les jambes, notamment le dos des pieds et les genoux, des traces de poussières et de ciment  sur le peignoir et sur les anses intestinales, la victime s’étant, ou ayant été, apparemment traînée sur le sol [26] .

D’après les experts légistes, il n’a pas été possible de déterminer l’ordre dans lequel les coups ont été portés. Aucun d’entre eux n’était immédiatement mortel, mais leur somme l’était incontestablement, après une agonie certaine, dont ils estiment la durée entre 15 et 30 minutes[10]. Le capitaine Georges Cenci remarque que l’assassin semblait « déterminé, mais aussi  maladroit ou malaisé dans ses mouvements » [15].

Le Docteur Jean Pagliuzza, médecin légiste, qui avait été consulté par les avocats de la défense lors de l’instruction, a accepté de donner son avis à la journaliste Eve Livet après la condamnation du jardinier. Il pense que le meurtre a pu se passer en une seule séquence rapide de 3 ou 4 minutes. Dans ce genre d’agression, les premiers coups sont donnés pour neutraliser la victime en l’assommant. Puis les coups portés avec une arme blanche se succèdent, très rapidement. « Compte tenu de la force des coups, son agresseur était un homme […] il était gaucher ». Il indique que la blessure la plus basse a été faite en premier. « La lame frappait plus haut au fur et à mesure que [la victime] s’affaissait ». La blessure en V au cou « se retrouve fréquemment dans ce genre de meurtre » du fait du déplacement latéral de la tête, cherchant à échapper aux coups. L’expert précise que l’agresseur avait forcément reçu du sang sur lui [16]. Étant donné la manière dont le sang a ensuite coulé, il estime que la victime ne s’est jamais relevée ; elle serait morte « rapidement par hémorragie ». Si elle s’était relevée, l’hémorragie du foie aurait rempli la cavité abdominale, ce qui n’a pas été vu par les légistes [17].

La découverte des inscriptions "OMAR M'A TUER".

La porte métallique d'accès à la cave donne dans un couloir. Vers la gauche, Vorlage:Citation est inscrit en lettres de sang bien formées, à Vorlage:Unité du sol, sur une porte[18] blanche fermée à clé menant à une cave à vin. Une trace sanglante est visible sous l'inscription. En face de la porte métallique, au fond de la pièce principale, la phrase est inscrite de nouveau partiellement sur la porte[19] de la chaufferie : Vorlage:Citation[20]Vorlage:,. Cette "deuxième inscription" comme la nommeront les enquêteurs, plus basse que la première, est à peine lisible. Elle est située sur la face côté chaufferie de la porte, mais celle-ci étant bloquée en position ouverte, elle se retrouve orientée non vers la chaufferie, où se trouve le corps, mais vers l'entrée de la pièce. L'écriture étant glissée, il n'a pas été possible d'y relever aucune empreinte[21]. Les analyses génétiques attesteront que les inscriptions ont bien été écrites avec le sang de la victime [22].

La porte d'entrée métallique ne porte aucune empreinte sur le panneau intérieur. Quant au palier, de part et d'autre de cette porte, il présente un contraste frappant : ensanglanté à l'intérieur, dans le couloir, il ne présente aucune trace à l'extérieur et dans l'escalier[23].

Le débat sur le scénario du crime

Qui est l'auteur des messages ?

Cette question est porteuse d'une charge émotionnelle, quelle que soit la réponse qu'on lui donne. Si le message est d'origine criminelle, il ne peut provenir d'Omar Raddad, qu'on voit mal se désigner lui-même. Le ou les assassin(s) se serai(en)t donc arrangé(s) pour qu'on attribue à Ghislaine Marchal la dénonciation calomnieuse de son jardinier, ce à quoi elle se serait farouchement opposée si elle en avait eu la possibilité. Si par contre c'est bien elle qui a désigné son meurtrier, le nier serait ignorer le courage qu'il lui a fallu pour réunir ses dernières forces, et refuser d'entendre son dernier message, dans la solitude d'une épouvantable agonie. À moins que l'assassin n'ait désigné un autre Omar, ou que la victime se soit méprise sur l'identité de son agresseur, hypothèses qui seront étudiées par l'enquête (voir infra).

La formulation du message peut dès l’abord paraître étrange :  écrit-on qu’on a été tué, alors qu’on est encore en vie ? Le juge Renard trouve la phrase « bizarre »[24] .

Quant à la faute, Ghislaine Marchal, femme cultivée, aurait-elle fait cette erreur ? Plusieurs documents indiquent que son orthographe était parfois défaillante , notamment en ce qui concerne la confusion du participe passé avec l'infinitif [25]Vorlage:,[26], elle aurait en particulier écrit « payer » sur une facture déjà réglée, ou "j'ai arroser les fleurs" . Cependant ce point est vivement contesté par la défense et par des journalistes[27]Vorlage:,[28]Vorlage:,[29].

Le Capitaine Cenci, le juge Coutton et le procureur Farret estiment que cette faute est un élément à charge contre l’accusé [30].  Mais d’après la graphologue Françoise de Ricci, cette faute étant extrêmement répandue n’est pas un élément déterminant d’identification (voir infra) [31]

L’écriture des messages est-elle bien celle de Ghislaine Marchal ? Une première expertise des écritures est effectuée en juillet/août à la demande du juge d’instruction par Gilles Giessner, en comparant les lettres sur les portes avec celles des mots croisés de la victime et divers autres documents. L’expert indique que les lettres des deux portes sont toutes de la même personne, que pour le premier message, cette personne était à genoux, mais qu’elle était allongée pour le deuxième message, dont le côté déstructuré atteste selon lui son affaiblissement physiologique [32]. L’expert écrit que le scripteur « n’a pu se déplacer pour tracer la fin de son second message puisque c’est là que l’on a retrouvé son cadavre » [33]. On notera qu’il semble ignorer que le corps n’a pas été retrouvé devant cette porte.

Lors du procès, M Giessner précisera qu’il a « mis en évidence la totale concordance des lettres avec celles des écrits de Vorlage:Mme Marchal ». Puis, pressé par la défense, il concèdera : « C’est aux deux tiers sûrement l’écriture de la victime, à un tiers non » [34]

À la demande de la défense, une contre-expertise est confiée à Vorlage:Mme Buisson-Debar. Elle confirme les conclusions de son confrère [10] [35], non sans quelques contradictions puisque son rapport précisait que sur 10 lettres de la première inscription, seules cinq lettres ressemblaient à  l’écriture de la victime [36]

En 1999, une nouvelle expertise des écritures, par M Gauthier et Vorlage:Mme Dumont,  présentée par la défense à l’appui d’une demande de révision de la condamnation, conclura que l’écriture n’est pas celle de la victime [37]. La commission de révision demandera alors une autre expertise à Vorlage:Mmes Françoise De Ricci et Anne Bisotti, qui estimeront que l’on ne peut « raisonnablement comparer » des écrits effectués dans des conditions aussi dissemblables [24]

Françoise Bouzon-Thiam, auteur d’un livre sur cette affaire,  observe que les lettres sanglantes présentent des derniers jambages anormalement courts, comme « suspendus », alors que celles des mots croisés de Ghislaine Marchal ont au contraire des jambages allongés. Le contraste est très net pour les M, les A et les R. Elle estime que les caractères des messages sont révélateurs de l’écriture de l’assassin[38].

Qui a bloqué la porte métallique, et comment ?

Le capitaine Georges Cenci affirme que la porte métallique de la cave est « la seule issue permettant d’y accéder, et d’en interdire l’accès » [39] ; dans ces conditions, la victime étant seule présente dans les lieux, elle seule a pu s’y barricader. La défense ne semble jamais avoir contesté le premier point, s’attachant seulement à démontrer que l’assassin aurait pu sortir par la porte métallique d’accès, tout en provoquant son blocage.

On a vu (supra) que lors de l'ouverture de la porte, un tuyau métallique la bloquait à sa base. Or ce tuyau, très peu épais, passe facilement sous la porte s’il est allongé au sol, car il existe un interstice entre le bas de la porte et le sol. Comment, dans ces conditions, a-t-il pu la bloquer  [40]?

En février 1992, lors d’une visite sur place des enquêteurs, des magistrats et des avocats,  l’enquête conclut que  Madame Marchal a placé le tube métallique en appui sur un chevron de bois, ce qui a eu pour effet de le soulever du côté opposé à la porte, la pente ainsi obtenue permettant de s’opposer à son ouverture [41].

Les avocats de la défense protestent et font valoir que les gendarmes  n’avaient pas remarqué ce chevron le 24 juin [42]. Ils affirment par contre avoir démontré qu’il était possible d’appuyer le lit pliant contre la porte ouverte de telle sorte qu’en sortant, et en la refermant lentement, le lit tombe derrière elle et la bloque. La barre de fer aurait pu tomber lorsque les gendarmes ont repoussé le lit  [43].

Eve Livet affirme que l’interstice sous la porte se réduit près de la charnière, car le sol n’est pas à niveau. L'extrémité de la barre métallique étant située à proximité de cette charnière, son épaisseur aurait suffi à bloquer la porte, comme l’indique la trace de ripage au sol. Elle pense aussi que le lit aurait pu se coincer momentanément sur un gros tuyau en PVC situé de l’autre côté du couloir [44]

Le détective Roger-Marc Moreau affirmera avoir trouvé un procédé permettant facilement de bloquer ladite porte dans les mêmes conditions de l'extérieur[45].Le Capitaine Cenci estime de son côté que c'est impossible du fait d'une surélévation sous la porte, et que M. Moreau n'est jamais venu le constater sur place [46].

Y avait-il un autre moyen de sortir des lieux ?

La journaliste Eve Livet se demande si l’assassin n’aurait pas pu sortir des lieux par la cave à vin. Ayant obtenu l’accès au dossier, elle dit y avoir constaté un manque : « Toutes les pièces du sous-sol étaient décrites, sauf une : la cave à vin ». Elle affirme que la cave à vin ne fut pas visitée lors du transport sur les lieux, et qu'avocats, juges, Omar Raddad lui-même, personne « ne se souvient y être entré et ne peut la décrire ». En outre, le procès-verbal d’un maçon, interrogé par les gendarmes en août 1991, indique que le  travail qui lui fut commandé consistait « en1989, à faire des aérations dans la cave à vin [...], puis dans un second temps, en été 1990, à rouvrir deux des fenêtres, qui avaient été bouchées lors de notre première intervention, pour assurer une meilleure ventilation de la cave ». Une personne aurait-elle pu ressortir par ces" aérations" ou fenêtres [47] ?

Le scénario du meurtre vu par l'accusation

Pour l’accusation, c’est Ghislaine Marchal elle-même qui a désigné son assassin avant de se barricader. Le capitaine Cenci estime qu’elle est probablement descendue d’elle-même à la cave pour mettre en marche le système de nettoyage de la piscine, en prévision de la visite de son amie le lendemain.  Il en veut pour preuve qu’elle était chaussée pour sortir (mules à talons compensés), et que le système de nettoyage fonctionnait effectivement encore le lendemain [48].

Le Capitaine Cenci estime que la victime a bien vu et reconnu son agresseur : elle a tenté de se protéger des coups, face à lui, comme en témoignent les blessures aux mains. Ses lunettes ne lui servant qu’à lire et écrire, elle voyait parfaitement. Elle n’aurait pu le confondre avec quelqu’un d’autre, le frère d’Omar par exemple, dont elle estimait qu’il ne lui ressemblait pas du tout [49] L’hypothèse qu’elle aurait pu prendre son agresseur pour Omar a été examinée par les enquêteurs (voir infra).

Mais « Raddad n’est pas un tueur », admet le Capitaine Cenci. Il ne serait venu à La Chamade que pour réclamer de l’argent. Le crime n’ayant donc pas été prémédité, il faut admettre qu’il aurait trouvé l’arme du crime sur place. D'après cette hypothèse, pris d’une soudaine et très violente colère devant les refus blessants de sa patronne, il commence à la frapper avec un chevron, trouvé sur place. Puis, ne pouvant laisser sa victime vivante, capable de le dénoncer, et n’ayant pas de poignard sur lui,  il va chercher la cisaille à haie en haut de l’escalier, dans un local à bois où sont entreposés les outils de jardinage, et redescend lui infliger les blessures par arme blanche. Le maniement maladroit de la cisaille à haie, arme probable du crime pour le Capitaine Cenci, et un handicap d’Omar Raddad au bras droit, à la suite d’un accident au coude en 1988, expliquent « la multitude et la dissémination des coups portés » [50].

En repartant, le jardinier met la clé de la cave dans ce local à bois sous le taille-haie, après l’avoir nettoyé [51]. Il vole ensuite l’argent qui se trouvait dans le sac à main, dans la chambre [52].

Autre hypothèse de Maître Leclerc, avocat de la partie civile :  l’ arme du crime  pourrait être un couteau de cuisine [53]. La femme de ménage de son côté a remarqué en février 1992 la disparition d’un coupe papier en argent, coupant et acéré, en forme de dague, appartenant à la victime [54].

Pour le Capitaine Cenci, restée seule, Ghislaine Marchal ne touche pas à la porte métallique car elle se sait enfermée, ce qui atteste qu’elle avait encore toute sa lucidité. Elle allume la lumière, et se rend devant la porte de la cave à vin où elle écrit, à genoux et le « buste droit » [55], à Vorlage:Unité de hauteur [56].  « Elle ne prend appui ni sur la porte ni sur le mur » : elle aurait seulement appuyé sa tête à la porte pour se reposer de ses efforts, donnant lieu à l’unique trace de sang visible sous l’inscription. Elle se relève ensuite « sans prendre appui, que ce soit sur le sol, le mur ou la porte » ce qui confirme qu’elle avait encore des forces [57].

Elle tire ensuite le lit pliant (de Vorlage:Unité, muni de roulettes) jusqu’à la porte d’entrée pour se barricader, afin de se protéger d’un éventuel retour de son agresseur, et place la barre métallique et le chevron pour parachever le blocage [58].

D’après les traces de sang, le Capitaine Cenci pense qu’elle éteint alors la lumière et se traine sur le sol, puis se relève pour parcourir debout la distance qui la sépare de la porte de la chaufferie, grande ouverte vers la cave. Elle s’allonge alors au sol en s’aidant de la poignée anti-panique, que l'on retrouvera ensanglantée, et, à bout de forces, à la seule clarté d’un rai de lumière provenant de la porte d’entrée, y trace son deuxième message [59].

Son corps n’ayant pas été retrouvé devant cette inscription, mais de l’autre côté de la porte, dans la chaufferie, le Capitaine Cenci estime qu’elle a donc encore trouvé la force de ramper dans cette chaufferie, et de se retourner face vers la sortie, après un mouvement « de recul et de droite à gauche » [60].

Le scénario du meurtre d'après la défense

Pour la défense, la violence et la multiplicité des coups montrent « un acharnement quasi passionnel, l’expression d’une haine recuite » qui cadre mal avec la personnalité d’Omar Raddad et ses bonnes relations avec son employeur (voir infra). Maître Vergès invoque aussi l’absence de traces ou de griffures sur les mains d’Omar, ou de sang sur ses vêtements. Puisque le Capitaine Cenci admet que le crime n’était pas prémédité, Omar n’avait donc ni gants ni vêtements de rechange avec lui. Comment ses vêtements n’auraient-ils pas été tachés de sang (voir infra)  [61]?

En outre, la gravité des blessures rend invraisemblable toutes les actions prêtées à Ghislaine Marchal (inscriptions sans prendre appui et le buste droit, déplacements multiples, blocage de la porte).

Me Vergès remarque que le corps de la victime ne se trouvait pas devant la deuxième inscription. Au procès, Me Leclerc, avocat de la partie civile, dira qu’elle « s’est traînée pour écrire ces derniers mots d’une main qui meurt ».  On se la représente donc comme si elle avait écrit ce message dans un dernier souffle, juste avant de mourir[62].  Or elle se trouve en fait à Vorlage:Unité derrière cette porte, et la position étalée des membres, le peignoir relevé vers le haut du corps révèlent, pour la défense, que cette personne a été traînée par les pieds [63].    

Autre détail révélateur pour la défense : le filet de sang perpendiculaire au sol et à l’axe de la jambe, sur le côté interne de la cuisse de la victime, et qui aurait mis 7 minutes à se coaguler, était parfaitement net. Si la victime s’était relevée pour faire tout ce qu’on a dit, ce filet de sang aurait coulé dans une autre direction, ou aurait été brouillé par le frottement entre les cuisses. La victime n’a donc plus bougé après le départ de son agresseur [64]. Cette blessure, comme un coup de dague, pourrait avoir été portée pour s’assurer que la victime ne réagissait plus. « Un procédé que connaissent tous les chasseurs » [65]. En outre, le peignoir n’ayant pas été transpercé au niveau de ce coup, la blessure a donc été infligée alors que le vêtement était déjà repoussé vers le haut du corps [66].

Enfin, la thèse du taille-haie, ou d’un couteau de cuisine comme arme du crime, ne cadre pas avec la description d’une lame effilée à double tranchant, large de Vorlage:Unité[67]. D’ailleurs, le jardinier aurait-il été assez « stupide » pour ranger la clé de la cave avec les outils de jardinage, comme pour se désigner lui-même [68]?

Les défenseurs d’Omar Raddad ont présenté plusieurs scénarios pour ce crime, de profondes divergences s’étant déclarées entre eux à ce sujet [69].

  • Dans un premier temps, les avocats de la défense, Maîtres Girard et Baudoux, ont admis que l’écriture était bien celle de Madame Marchal, qui aurait écrit sous la contrainte  et même sous la torture. C’est le « scénario diabolique »  [69].  Les expertises ont pourtant affirmé que les blessures de la victime ne sont pas dues à des actes de torture, et cette thèse a été rejetée par toutes les parties [70].
  • Un nouvel avocat de la défense, Maître Guidicelli, ne croit pas au « scénario diabolique » ; il ne conteste pas le rapport des premiers graphologues, mais pense que Madame Marchal s’est méprise sur l’identité de son agresseur [71]. Cette hypothèse sera également envisagée par les enquêteurs (voir infra).  La « zizanie » entre les avocats de la défense amènera Me Guidicelli à se retirer de l’affaire[10] [72]
  • Puis Maître Vergès prend les choses en main. Il conteste formellement les conclusions des graphologues, et pense que c’est l’agresseur qui a écrit le message « de sa main gantée », traîné le corps de sa victime dans la chaufferie, et écrit de même le deuxième message, avec l’intention de faire croire que c’est Ghislaine Marchal qui les aurait écrits. C’est la « thèse de la mise en scène », qui sera présentée lors du procès [73]. Devant l’impossibilité de mettre d’accord ses trois avocats, Omar Raddad se séparera « à contrecœur » de Maîtres Girard et Baudoux 10 jours avant le début du procès [74].

Variante de la thèse de la mise en scène : le ou les assassins aurai(en)t transporté ou traîné la victime, inconsciente, devant les portes pour lui faire écrire les inscriptions en guidant son doigt trempé dans son propre sang, cependant que sa tête pendante, appuyée contre la porte, y imprimait la tache sanglante figurant sous le message. L’assassin aurait pensé que les enquêteurs identifieraient les empreintes, ce qui n’a pas été possible, les tracés étant « glissés ». Dans cette hypothèse aussi l’écriture serait celle de l’assassin, car lorsque l'on guide la main de quelqu'un pour lui faire écrire quelque chose, c’est l’écriture de celui qui tient la main qui apparaît [75].

Le détective Roger-Marc Moreau et l'expert en écriture Danièle Dumont développeront la théorie selon laquelle l'inscription incomplète ayant été tracée en premier en tenant la main du cadavre de la victime, cette dernière n'aurait pas été suffisamment lisible, d'où l'idée qu'auraient eue les auteurs du crime d'écrire plus clairement, en lettres géantes, la seconde inscription accusatrice[26].

Au sujet de l'hypothèse d'une mise en scène, l'accusation a soulevé une question : qui pouvait savoir qu'Omar Raddad allait se trouver à proximité du lieu du crime ce jour-là ? Le jardinier ne travaillait jamais le dimanche, et en ce jour de fête religieuse musulmane [76], il aurait dû rester en famille, ce qui rend sa présence très improbable ce dimanche 23 juin chez Francine P. Le Capitaine Cenci estime que les deux seules personnes à le savoir étaient Francine P. et Omar Raddad lui-même [77]. A moins qu'il ne s'agisse d'un autre Omar.

Enquête

Interpellation et garde à vue d'Omar Raddad

Le soir de la découverte macabre, Francine P., qui réside à environ Vorlage:Unité de la propriété de Ghislaine Marchal, indique aux gendarmes qu’elles ont en commun un jardinier répondant au nom d’Omar Raddad et que celui-ci est venu travailler chez elle, le dimanche 23 juin 1991.

Omar Raddad est arrivé en France en août 1985, ne parlant que le berbère [78]. Il a été accueilli par son père, qui travaillait depuis une vingtaine d’années comme jardinier chez Francine P., qu’Omar décrit comme « une charmante vieille dame », et qui va l’embaucher aussi comme jardinier, d’abord à temps partiel. Son mariage avec Latifa Cherachini, de nationalité française, l’incite à rester en France. Francine P. trouve au jeune couple un studio, et fait à Omar Raddad un contrat à durée indéterminée, pour qu’il puisse régulariser sa situation [79]. C’est chez elle qu’il rencontrera Ghislaine Marchal, qui l’embauchera à son tour comme jardinier. Par la suite, Ghislaine Marchal a engagé Latifa comme femme de ménage, et a installé le jeune couple chez elle, dans un petit studio au-dessus du garage. À l’arrivée de leur premier enfant, le couple déménage, avec l’aide de Francine P. cette fois. Omar Raddad raconte dans son livre comment ces deux dames « se relayaient » pour les aider, et la gentillesse de Ghislaine Marchal à leur égard. « Elle ne perdait jamais l’occasion de nous faire des cadeaux ». Elle a demandé un jour à voir le bébé : « elle avait préparé pour nous une jolie table…elle n’aurait pas reçu autrement des membres de sa famille » [80].  Il répète souvent que Vorlage:Mme Marchal  était comme une seconde mère pour lui [81].

Les gendarmes, apprenant qu’il est de nationalité marocaine et craignant une fuite vers son pays d’origine, le recherchent activement dès le mardi Vorlage:Date. Mais il n’y a personne à son domicile, qui est perquisitionné. Omar Raddad avait obtenu de travailler exceptionnellement chez Francine P. le dimanche 23 juin afin de se libérer deux jours de suite, les lundi et mardi, pour la célébration de l’Aïd el Kebir. Il se trouve en fait chez la mère de son épouse, à Toulon. Cette dernière est allée s’y reposer, avec leurs deux enfants, dont un nouveau-né [82].

Il est alors interpellé et placé en garde à vue, « comme témoin important » précise le Capitaine Cenci, soucieux de montrer que l’enquête n’avait pas été orientée dès le début [83]. Après avoir longuement interrogé le jardinier, Cenci note qu’il a toujours nié être l’auteur du crime et ne s’est jamais contredit. Il lui est apparu comme un homme « calme, réfléchi, atypique, déconcertant par son impassibilité, psychologiquement solide » [84].  Le psychologue l’ayant examiné le décrit « analphabète tant en arabe qu’en français » [85].

D’après Omar Raddad, cette garde à vue a été épuisante, physiquement et moralement. Il dit n’avoir pas su qu’il pouvait demander l’assistance d’un avocat et d’un interprète, et qu’il était gêné par son manque de vocabulaire en français, les quelques mots qu’il avait appris dans son travail concernant « essentiellement le jardinage » [86]. Lors de sa garde à vue, il n’a compris le sens du mot « tué » qu’en voyant les photos qu’on lui montrait. Et en voyant l’inscription sur la porte de la cave, « je n’y ai reconnu qu’un mot, « Omar », parce que c’est le seul que je sache écrire » [87]. Il racontera de même que son avocat, Me Girard, et lui-même n’arrivaient pas à se comprendre, et qu’ils durent avoir recours à un détenu tunisien parlant les deux langues, autorisé à les accompagner au parloir [88]. La question de ses difficultés en français a été fréquemment contestée par les enquêteurs et les juges, notamment lors de son procès [89].

Lors de la garde à vue, il dit avoir eu  le sentiment que les gendarmes « écrivaient à peu près ce qu’ils voulaient sur les procès-verbaux » : lorsqu’il répondait en arabe, le gendarme continuait à taper, alors qu’il ne comprenait pas cette langue. Par extrême lassitude, et aussi par crainte d’être frappé, il aurait laissé entendre qu’il avait eu recours à des prostituées, mot qu’il dit ne pas avoir compris à l’époque [90]. Lors de sa deuxième nuit au poste, il ne tenait plus debout : « les gendarmes me retiraient ma chaise chaque fois que je voulais m’asseoir. C’était un vrai supplice » [91]. Le Capitaine Cenci écrira qu’ Omar Raddad n’a pas fait état de difficultés en français, et n’a pas demandé d’interprète [92].

Boulangeries

Après la deuxième nuit de garde à vue, Omar Raddad raconte que les gendarmes l’emmènent chez lui et demandent à voir les vêtements qu’il portait le dimanche, et qui n’ont pas été lavés ; ils ne portent aucune trace de sang. Devant l’insistance des gendarmes, « j’ai fini par leur dire que je ne savais même pas faire marcher la machine à laver » écrira-t-il.  Il raconte qu’au retour, les gendarmes se sont arrêtés près d’une boulangerie. L’un d’eux y entre, mais Omar Raddad affirme n’y « avoir prêté aucune attention », croyant qu’il allait acheter du pain. Sans faire descendre Omar Raddad de la voiture, les gendarmes le montrent de loin à l’une des vendeuses, qui ne sait pas si elle lui a vendu du pain le 23 juin. Or d'après lui, la boulangerie dont il était client n’était pas celle-là. Il ne se serait aperçu que bien plus tard, en voyant son dossier, que cet arrêt avait pour objet de vérifier son alibi (voir infra) [93] .

Inculpation d'Omar Raddad

À l'issue de sa garde à vue, au soir du 26 juin, Omar Raddad sera finalement présenté à Vorlage:Mme Sylvaine Arfinengo, juge d’instruction, pour l’interrogatoire de première comparution, toujours sans avocat, auquel il aurait renoncé « sans bien comprendre »[94], ni interprète. Dès le 27, elle lui notifie son inculpation et le fait écrouer.

La controverse à propos de l'incinération de la victime

La juge signe le Vorlage:1er juillet un permis d’incinérer, avant d’avoir reçu le rapport des médecins légistes [95]. La crémation de Ghislaine Marchal, intervenue le 3 juillet, soit 5 jours après l'autopsie, est jugée prématurée par la défense, privée de la possibilité de demander une contre-expertise. On pourra lire dans la presse que la famille aurait voulu faire rapidement incinérer le corps. Affirmation lamentable, d’après le Capitaine Cenci, qui affirme que ce délai n’a rien d’exceptionnel [96].

La controverse portera aussi sur les dernières volontés de Ghislaine Marchal. Elle aurait fait construire un « superbe caveau […] où elle souhaitait être enterrée », raconte une de ses amies à Jean-Marie Rouart [97]. Or il s’avère que Ghislaine Marchal avait exprimé par écrit le désir d’être incinérée, désir confirmé par sa sœur Claude [98]. La concession en question avait été achetée par son deuxième mari, dont elle s’était séparée [99].

Partie peu après en congé maternité, Vorlage:Mme Arfinengo sera remplacée par le juge d'instruction Jean-Paul Renard [100].

La controverse sur la date et l'heure du crime

La détermination de la date et de l’heure du crime a donné lieu à une controverse d’autant plus vive qu’Omar Raddad travaillait non loin de La Chamade le dimanche 23, mais qu’il n’était pas présent à Mougins le lundi 24.

  • Le vendredi 28 juin, jour de l’autopsie à laquelle il a assisté, le Capitaine Cenci rédige  le procès-verbal aux fins d'inhumer[16], et situe le moment probable de l’assassinat le dimanche 23 vers midi, dans les minutes qui ont suivi l' entretien téléphonique avec Erika S.. Il justifie cette estimation en remarquant : « Elle [la victime] n’est pas habillée, pas maquillée » et sort juste de sa douche. Toujours très ponctuelle, elle était ce jour-là pressée d’aller déjeuner chez ses amis K., qu’elle avait même appelés vers 10h30 pour préciser l’heure du déjeuner. Elle avait acheté un cadeau pour son hôte, dont c’était l’anniversaire, et vu la faible distance à parcourir en voiture, aurait dû quitter La Chamade vers 13h [101]
  • Mais dans le rapport du 2 novembre 1991[17] [102], les médecins légistes situent le moment du décès entre 11 h et 13 h 30 le lundi 24 juin. Ils écrivent notamment que la rigidité complète du corps (examiné dans la cave le lundi 24 en fin de journée) indique que le décès remonte à plus de six heures [103].  Les avocats d’Omar Raddad ne découvrent qu’à la mi-décembre cette datation du crime, qui offre un alibi à leur client, et la signalent aussitôt... à la presse, et au juge. Le Parquet indique alors à la presse qu’il s’agit d’une simple faute de frappe d’une des secrétaires. Il fallait lire le 23. La défense fait remarquer que ce serait alors tout le paragraphe qui serait à revoir, et non seulement le chiffre 24 [104]. Suite à cette erreur, et pour lever toute ambiguïté, le juge demande aux médecins de préciser les éléments objectifs leur ayant permis de conclure à la date du 23 juin.
    • Pour justifier leur réponse, les experts précisent (rapport du 2 février) que le corps était à la température ambiante (température qu'ils n'avaient pas relevée), ce qui se produit au bout de 12 h, que la rigidité cadavérique était complète, ce qui se produit après 13 h, et que les lividités cadavériques avaient un aspect qui ne se voit [qu’] à partir de la Vorlage:30e heure après la mort. Ils ajoutent que leur estimation se fonde aussi sur les constatations de l’enquête, concernant le laps de temps entre le dernier entretien téléphonique de la victime, à 11h45, et le premier coup de téléphone sans réponse de sa part, à 13h30 [105]
    • Une contre-expertise, à partir du dossier, sera effectuée à la demande de la défense par le Docteur Le Poivre, qui conclut à un décès le 24,  les yeux paraissant encore clairs d’après les photos alors qu’ils auraient dû être voilés au bout de 5 ou 6 heures[106]. Il estime en outre que si les lividités prouvaient vraiment un décès datant de 30 heures, il est inexplicable que les experts n’en aient pas tenu compte dans leur premier rapport [107]
    • Il existe pourtant une explication possible à cette supposée faute de frappe : les experts ayant indiqué s’être fondés sur les constatations de l’enquête, ils auraient peut-être oublié à quelle date l’enquête avait situé le crime. Croyant se souvenir que c’était vers midi le jour-même où ils avaient examiné le corps, ils auraient rédigé leur rapport, quatre mois plus tard, en ne retenant que les observations confortant cette hypothèse. 
    • Pour le Major Cenci, il n’y a aucune supercherie dans cette regrettable faute de frappe. La défense au contraire, ironise, Maître Vergès parlant de « la mise en harmonie de l’art médical avec l’accusation »[108]. Elle va s'appuyer sur cet élément du rapport pour suggérer une pression du juge qui aurait fait avancer le moment du crime[5] au 23 juin, puisque le 24, Omar Raddad avait un alibi, ayant pris le train au petit matin pour se rendre à Toulon  fêter l’Aïd-el-Kébir en famille. Cette « erreur » contribuera à alimenter la thèse d'un « complot »[6] [109]. Ce qui n’empêchera pas la défense de soutenir qu’Omar Raddad a bien un alibi le dimanche 23 juin. Cette fois, c’est au tour du Capitaine Cenci d’ironiser : « La défense est poignante dans sa démarche [ quand elle soutient l’alibi d’Omar Raddad le 23 juin]  pour se lancer à corps perdu dans la thèse du meurtre du lundi 24 juin » [110].

Omar avait-il un alibi le dimanche 23 juin ?

Concernant son emploi du temps le dimanche 23, Omar Raddad en donne la description suivante lors de sa garde à vue :

  • Il affirme avoir travaillé toute la matinée chez Francine P. et s’être absenté de son lieu de travail entre 12 h et 13 h 10 pour aller déjeuner à son domicile situé au Cannet à Vorlage:Unité.
  • Vers 12h05, il dit avoir acheté du pain dans une boulangerie du Val de Mougins . Ce point est d’importance, puisque c’est précisément aux environs de midi, le 23 juin, que l’enquête situe le meurtre de Ghislaine Marchal. Le Capitaine George Cenci a voulu vérifier ce qu’il en était, juste après la garde à vue (voir supra). Il affirme que Raddad lui-même lui a désigné la boulangerie La Huche à pain, celle « où il n’y a pas d’escalier » [9], celle « où il y a un homme qui [le] sert parfois » [111].   Vérification faite, personne ne se souvient de lui à La Huche à pain [112], où il n’y avait aucun boulanger à ce moment de la journée[113]. L’enquête en conclut qu’il n’a pas d’alibi aux environs de midi le 23 juin.

De son côté, Omar Raddad affirme n’avoir réalisé que bien plus tard, quand il eut accès à son dossier, qu’il y avait eu méprise sur la boulangerie. La sienne était « la première sur mon chemin – celle qui a des marches » écrira-t-il dans son livre, précisant y avoir fait longuement la queue ce jour-là [114]².

Il y avait en effet une deuxième boulangerie non loin de La Huche à Pain. La journaliste d’investigation Eve Livet retrouvera, des années plus tard, cet autre boulanger, Marcel M. désormais à la retraite. Il lui confirmera qu’Omar Raddad était un client habituel, qu’il « venait assez régulièrement sur le coup de midi, midi et demi », et s’étonnera que la gendarmerie n’ait enquêté que dans l’autre magasin : « Chez nous jamais personne ne nous a posé de questions » [115]. Lors du procès, le Président Djian déclarera en effet « ne pas avoir connaissance dans le dossier de vérifications auprès de l’autre boulangerie » [116].

  • En arrivant dans la cour de son immeuble, « vers 12h15 ou 20 », Omar Raddad dit y avoir aperçu le gérant du Casino, Jean-Pierre G. [117]. Interrogé par Alain Léauthier, pour Libération, en septembre 1991, Jean-Pierre G. confirmera sa présence inhabituelle à cette heure-là dans la cour[118] Il racontera que vers midi, revenant d’une promenade avec sa femme, son fils et leur chien, ils ont rencontré un voisin et convenu de monter déjeuner chez lui. Il précisera au journaliste qu’après être allé chercher des victuailles dans la réserve de son magasin « j'ai rejoint tout le monde chez notre ami, il devait être entre 12h15 et 12h25 ». Il dit n’avoir pas remarqué le jardinier « ce qui ne prouve rien d’ailleurs. Des fois on ne fait pas attention à des visages familiers » [119]. L’accusation signale qu’Omar Raddad  n’a pas mentionné les autres personnes présentes, le voisin, l’épouse et le fils du gérant, qui ne l’ont pas remarqué non plus. Elle en conclut à l’absence d’alibi de l’inculpé [120]. Pour sa défense, Omar dira au juge que s’il avait su qu’il serait accusé, il aurait bien noté tous les détails utiles pour son alibi [121].
  • Il indique enfin avoir quitté son domicile aux alentours de 12 h 40, et avoir repris le travail après Vorlage:Heure au Mas Saint-Barthélemy, la villa de Vorlage:Mme Francine P. Selon l'accusation et la partie civile, la fille de celle-ci, Arlette B. se serait étonnée de le voir revenir travailler aussi tôt alors que son activité ne reprenait généralement qu'à Vorlage:Heure : Omar Raddad lui aurait répondu qu'il rattrapait le retard qu'il avait accumulé le matin. Arlette B. a précisé qu’« il n’avait aucune attitude particulière, il était souriant, comme d’habitude », et qu’il était arrivé « dans la tenue de travail qu’il conserve toute la journée » [122]. Son époux lui trouve « les traits tirés », pense qu’il n’a pas déjeuné et lui offre un sandwich et une glace [113]. La défense fera valoir que s’il avait assassiné Ghislaine Marchal à l’heure du déjeuner, il aurait eu bien besoin de ces 20 minutes pour effectuer son crime et revenir à son travail sans avoir l’air de rien. En outre, comment ses vêtements n’auraient-ils pas été tachés de sang, puisqu’il ne s’est pas changé ? Me Leclerc voit au contraire dans ce retour prématuré un indice à charge : il serait revenu « se faire voir » sur son lieu de travail le plus tôt possible, pour avoir un alibi [123]. La question du retard à rattraper donnera lieu à polémique:  il aurait été plus tard établi qu'il n'aurait eu en réalité aucun retard [26].
  • Omar Raddad dit s’être arrêté en fin d’après-midi, après son travail, à une cabine téléphonique près de son domicile, pour appeler sa femme à Toulon [124]. Or, vérification faite, il l’a en fait appelée à 12h 51 minutes ; il avait donc oublié ce détail, pourtant favorable à l’établissement de son alibi [125]', et fera remarquer qu’il ne pouvait deviner qu’il serait accusé d’un crime, et qu’il aurait à décrire avec précision tous ses faits et gestes du jour [126]. Le Capitaine Cenci y voit une contradiction de plus dans ses propos, et s’interroge : « Le mensonge est-il chez Raddad une seconde nature ? » [127]. Les gendarmes vont minuter son trajet en motocyclette [128]et calculer qu’il aurait eu 35 à 40 minutes pour « accomplir son forfait » [129]. La justice conclut de toutes ces investigations et témoignages qu’il n’avait aucun alibi à l’heure du déjeuner, et qu'il aurait tout à fait eu le temps d'assassiner Mme Marchal entre 12 h et 13 h 10[10].

Personne n'a vu passer Omar Raddad sur le chemin de La Chamade le dimanche 23 juin entre 12h et 12h30.

Plusieurs personnes, dont messieurs Jean-Claude G. et Christian V., se trouvaient sur l'étroit chemin Saint-Barthélemy à Mougins, à un endroit situé entre la propriété de Francine P. (où Omar Raddad travaillait le dimanche 23 juin 1991) et la propriété de Ghislaine Marchal (où le crime a été commis). Pour se rendre à la Chamade, située au fond d'une impasse, ou pour en partir, Omar Raddad aurait obligatoirement dû passer devant eux ; or les deux hommes ne l'ont pas vu passer[130].

Le Capitaine Cenci note que ce témoignage tardif (trois mois après les faits) présente des imprécisions sur la date et le créneau horaire exact, et n’a pas été confirmé par Jean-Claude G. [131].Mais la fille de la  gardienne de Francine P. a affirmé elle aussi qu’Omar n’est pas remonté vers la Chamade le dimanche 23 juin, car il serait passé le long de leur maison et, faisant aboyer leurs cinq chiens, aurait été repéré immanquablement [132]. Une autre personne, Vorlage:Mme T. qui remontait le même chemin en voiture vers 12h30, ne l’a pas vu non plus, à l’heure où il aurait dû passer pour aller téléphoner à sa femme [133].

Les employeurs et les proches d'Omar Raddad mis sur écoutes téléphoniques

Les employeurs d’Omar Raddad, ainsi que la fille et le gendre de Francine P. se sont mobilisés dès son arrestation pour témoigner qu’ils ne croient pas à la culpabilité du jardinier et pour lui trouver un avocat. Leur mise sur écoutes téléphoniques, ainsi que les écoutes de la famille d’Omar Raddad, permettront aux enquêteurs de constater la multiplicité des appels de ces personnes entre elles, vers des avocats, ou vers la presse. Elles se réunissaient aussi pour discuter de l’affaire, et chercher des solutions[134]

Vorlage:Mme Francine P. sera mise en garde à vue malgré son âge, après avoir informé les enquêteurs d’un appel téléphonique anonyme qu’elle avait reçu le soir du 24 juin. Une voix d’homme lui avait dit : « Il en a fait de belles, votre jardinier. Elle l’a écrit avec son sang » [135]. Il lui sera reproché de ne pas en avoir parlé tout de suite aux gendarmes [136].

Me Girard parlera de « la sympathie générale qui a été constante […] de la part de grands bourgeois » à l’égard du jeune jardinier marocain [137]

Pour les enquêteurs, « l’étau se referme » sur Omar Raddad [138]. Les inscriptions l’accusent, la victime l’a reconnu et elle est coutumière de la faute d’orthographe constatée, la thèse de la mise en scène est impossible du fait du blocage de la porte, et il n’a pas d’alibi. En outre, lui seul et Francine P. savaient qu’il allait travailler ce jour-là à proximité de la Chamade [139]. Il reste à déterminer le mobile du crime : ce sera le besoin d’argent.

La recherche du mobile

Pour le Capitaine Cenci, Omar Raddad « n’est pas venu pour tuer ni même pour voler » [140]. Il est venu réclamer de l’argent, et comme on l’a vu (supra), aurait été pris d’une fureur meurtrière devant les refus de Ghislaine Marchal.

L’enquête a établi qu’il aurait retiré de son compte de grosses sommes en deux ans (80 000 F). Pour quel usage ? « Parce que les prostituées et les machines à sous ont un coût » affirme le Capitaine Cenci  [141]. Omar Raddad répond que ces Vorlage:Unité appartenaient à son frère, qui n’avait pas de compte bancaire en France. C’est donc à la demande de son frère que, chaque fois qu’il repartait au Maroc, il retirait une somme à rapporter au pays [142]

Il existerait en outre un motif de friction entre le jardinier et ses employeurs lié aux demandes d’avance sur salaire. D’après Francine P., à qui le jardinier demandait aussi des avances, Ghislaine Marchal était « exaspérée » par ces sollicitations, estimant qu’« il ne fallait pas se laisser faire, pour son bien » [143].  Son livre de comptes fait état, pour le mois de juin, d’une seule avance sur salaire de 1 000 F. La femme de ménage affirmera avoir été témoin d’une deuxième avance au jardinier, le 14 juin, ce qui est formellement contesté par Omar Raddad, et n’a jamais été noté par Vorlage:Mme Marchal [144].  Au moins de juin, il avait également demandé à Francine P. par deux fois des avances pour payer son loyer ou envoyer de l’argent au Maroc à sa mère. L’enquête a montré qu’il n’a fait ni l’un, ni l’autre [145].

Mais si le juge parle d’« énormes difficultés financières »,  le  rapport de synthèse  des enquêteurs n’en conclut pas moins : « Hormis les arriérés de loyer, l’enquête ne détermine pas d’autres dettes ou difficultés financières pour le couple Raddad » [146]. L’enquête révèle que les compte du couple sont créditeurs, en France comme au Maroc. Omar ne réclame d’ailleurs que ce qui lui est dû et qui correspond au travail effectué [147].

Pour sa défense, Omar Raddad  fait valoir que pour avoir de l’argent « On peut voler. Pas besoin de faire quelque chose d’aussi sauvage que ça »[148]. Accusé d’avoir, le jour du meurtre, pris l’argent liquide dans le sac de Ghislaine Marchal,  il indique que sa patronne soupçonnait sa femme de ménage de plusieurs vols chez elle [149]. Et s’il avait agi pour de l’argent, pourquoi n’aurait-il pas pris aussi les bijoux et la montre Cartier de la victime, lui que l’on a soupçonné d’avoir volé la chaîne en or de sa femme (voir infra).

Omar Raddad reconnaît toutefois qu’il joue aux machines à sous. Les procès-verbaux d'audition du personnel du casino de la Croisette de Cannes, et de deux autres établissements (soit 25 témoignages d’agents de sécurité [150]) décrivent un homme fréquentant les machines à sous à Vorlage:Unité plusieurs fois par semaine[12] . Omar Raddad affirmera au procès qu’il ne jouait que ce qu’il gagnait, et qu’il avait « parfois perdu ». Les représentants de l'accusation pensent qu'Omar Raddad aurait utilisé les avances sur salaires pour jouer au casino afin de récupérer sa mise, étant donné qu'il a caché sa passion du jeu à son épouse et aux magistrats [151]

Lors du procès, les enquêteurs évoqueront aussi la fréquentation de prostituées, mais Omar Raddad niera farouchement cette déposition, faite pendant la garde à vue (voir supra). Le Capitaine Cenci explique qu’ils ont « harponné toute la Croisette pour trouver les prostituées que fréquentait Omar Raddad ». En cinq nuits de recherches, ils ne trouvent que deux jeunes femmes. N.X se souvient seulement qu’Omar l’avait regardée . Quant à  F.X, elle dit avoir eu Omar Raddad comme client, le décrit comme « très pressant et excité », et réclamant ensuite d’être remboursé  [152]. Cette prostituée ne viendra pas finalement témoigner au procès, et niera plus tard avoir tenu de tels propos. Mais en attendant, l’enquête estime avoir trouvé une raison supplémentaire aux problèmes d’argent de l’inculpé.

 « Est-ce bien là l’image parfaite et aseptisée de l’innocence que l’on a brossée à l’opinion publique ? » s’exclame le Capitaine Cenci [153]

À la fin du mois d’août, l’enquête estime donc avoir un présumé coupable, à la personnalité moins lisse qu’il n’y paraît, affligé de vices coûteux (le jeu et « les prostituées »), sans alibi, qui ment à sa famille, dépense pour ses vices l’argent du loyer, a de gros problèmes financiers, et devant le refus de sa patronne de lui accorder une avance sur salaire, n’a pas eu d’autre alternative que de la tuer [154]. En outre, l'absence d'effraction à la Chamade et le supposé simple vol de Vorlage:Unité (Vorlage:Unité) dans le sac à main de la victime[20] – alors que les objets de valeur et bijoux sont retrouvés intacts dans la villa – orientent l'enquête vers un familier des lieux proche de la victime.

Omar Raddad se plaindra à maintes reprises, et notamment lors du procès (voir infra) d'avoir été délibérément et injustement "sali" par les enquêteurs, qui cherchaient à donner de lui une image aussi négative que possible, faute de la moindre preuve formelle de sa culpabilité.

Il reste en effet à confirmer l'hypothèse de son implication dans le meurtre par des preuves : elles ont été recherchées, dès le début de l’enquête, dans les analyses des prélèvements effectués sur la victime, sur les vêtements d’Omar Raddad et dans la cave (murs, sol, chevron, barre de fer etc…).

La recherche de preuves et le rôle des médias

En septembre, la presse mentionne le vol de l’argent liquide de la victime, et le goût d’Omar Raddad pour le jeu et « les prostituées » comme indices supposés des problèmes d’argent l’ayant mené au crime. Elle commence rapidement aussi à titrer sur les raisons de douter de sa culpabilité [155]. Le 9 août, Nice Matin avait en effet appris, par une fuite du laboratoire de police scientifique, que les analyses des prélèvements effectués dans la cave, sur la victime, et sur le jardinier, n’avaient rien donné [156].

Premières analyses : aucune trace du jardinier dans la cave

Les premiers résultats d’analyses indiquent en effet que l’on n’a trouvé aucune trace du jardinier dans la cave, sur le chevron ou sur la barre de fer qu’il est censé avoir maniés, ni sur la victime (qui n’a pas été agressée sexuellement) ;  le sang retrouvé sur le chevron, le tube galvanisé et sous les ongles de la victime est bien celui de Ghislaine Marchal [157], mais il n’y a aucune trace provenant du corps de la victime sur les vêtements d’Omar Raddad dont il a été confirmé que c’étaient bien ceux qu’il portait le 23 juin [158]. Aucune empreinte digitale n'a été relevée sur les lieux du crime. Selon les gendarmes, aucune trace exploitable n'aurait été révélée[159], y compris celles de la victime elle-même sur son propre sac à main [160].

Aucune particule du sol de la cave sur ses chaussures, aucune trace de terre ou de brin d’herbe sur le sol de la cave, alors que le jardinier avait passé sa matinée à tondre l’herbe. Pour le Capitaine Cenci, l’absence de trace de terre ou d’herbe sous les semelles s’explique par le fait qu’elles sont « totalement usées et lisses » [161].

Mais si Omar Raddad n’a pas prémédité son crime, ne portait donc vraisemblablement pas de gants et ne s’est pas changé, comment alors expliquer qu’il n’ait laissé aucune empreinte et que ses vêtements ne soient pas tachés de sang  [162]?

En octobre, le juge demande des précisions sur les modes de saignement de la victime : les enquêteurs répondent que « les hémorragies ont été surtout extériorisées […] sans projection importante ». Le peignoir aurait tout absorbé  [163]. Il y avait pourtant des  éclaboussures de sang sur le mur de la chaufferie [10] [164].

De "l'ADN animal" sur la cisaille

En octobre, l’analyse de la cisaille, arme présumée du crime, établit qu’on a trouvé sur l’outil de l’ « ADN animal », « le terme animal étant pris au sens large d’où le sang humain n’est pas exclu ». Pour le Capitaine Cenci, le taille-haie pourrait donc être l’arme du crime [165].

Deuxième et troisième séries de recherches sur les poussières de la cave et d’éventuelles traces ADN

Le juge Renard demande par deux fois au laboratoire Serma des expertises des traces de poussière de la cave sur les vêtements et les chaussures d’Omar Raddad, ainsi que d’éventuelles traces d’ADN  [166]. Il apprend que ces analyses n’ont rien donné, mais que le laboratoire a décelé la présence de « traces de plâtre ou de fibre de verre sur le pantalon d’Omar »  [167].

Première grève de la faim

Le 18 novembre 1991, Omar Raddad entame sa première grève de la faim. Une nuit, dans son désespoir, il met le feu à sa couverture [168]. Le 12 décembre, il est hospitalisé à Fresnes. Il ne consentira à se réalimenter que 36 jours plus tard, le 23 décembre, sur l’insistance de son père [169].

Rejet de la deuxième demande de mise en liberté provisoire

La fin de l’année 1991 est une période délicate pour l’instruction. Le 18 décembre, la deuxième demande de mise en liberté provisoire a été rejetée, alors que la presse a relevé plusieurs éléments qui mettent en difficulté la thèse des magistrats : analyses négatives, grève de la faim de l’inculpé, affaire de la « faute de frappe » concernant la date présumée du meurtre que les avocats de la défense ont aussitôt signalée à la presse (voir supra) [170].  Me Girard, avocat de la défense, fait valoir que son client a été accusé à tort dans la presse de vol et de fréquentation des prostituées  à la suite d’informations provenant « nécessairement de gens proches de l’enquête ». Dans ces conditions, il lui paraît justifié de défendre son client par le même moyen [171].

"Poussières accusatrices"

Le 12 février 1992, une troisième demande de mise en liberté provisoire doit être défendue par les avocats d’Omar Raddad. Mais quelques jours auparavant, le 6 février, avant que les résultats définitifs de la deuxième expertise aient été transmis à la défense, Nice-Matin est informé par « des sources proches de l’enquête » qu’il a été retrouvé « des poussières accusatrices » sur le pantalon d’Omar[10]. Sous la plume de Paul Fronzes, le journal se demande si la révélation de ces résultats, encore officieux, par le parquet, n’aurait pas pour but de « faire contrepoids » à la nouvelle démarche de la défense [172]. 

Laine de roche

Or que disaient les expertises en question ? L’expert, M. Grafeille, constatait d’abord que le plâtre étant un matériau très commun, les traces trouvées sur le pantalon du jardinier « peuvent aussi provenir d’un autre environnement ». En outre, le matériau stocké dans la cave est de la laine de roche, et ne correspond donc pas aux microparticules de fibre de verre trouvées sur le pantalon de l’inculpé [173].

« Corrélation à l’état de traces »

Au sujet des chaussures d’Omar Raddad, la composition chimique des fibres ne correspondait pas non plus avec les particules de la cave, mais l’expert signalait aux magistrats « une corrélation à l’état de traces » qui signifierait que l’accusé est passé dans cette cave à un moment donné, plus ou moins éloigné[174].

Pour les enquêteurs, la « corrélation à l’état de traces » est fondamentale, car elle prouve qu’Omar Raddad a marché sur le sol de la cave ; or il avait d’abord déclaré ne pas y être descendu depuis deux mois ; puis, le 18 février, il s’est soudain souvenu y être descendu deux jours avant le meurtre pour y entreposer des pots de fleurs. Pour les enquêteurs, il avait donc menti [175]. Mais lui-même affirme "Je l’avais oublié". Interrogé par Eve Livet plusieurs années plus tard, le juge Renard indique avoir commencé à douter de l’innocence du jardinier en raison, notamment, « de son changement de comportement concernant sa présence dans la cave dans un temps très proche du crime » [176].

Rejet de la quatrième demande de mise en liberté. La chaîne en or de Latifa.

Le 18 mars, Me Girard et Me Baudoux doivent défendre en appel une quatrième demande de mise en liberté, qui sera rejetée comme les précédentes, alors que les résultats de la dernière expertise, favorables à l’accusé, ont été enregistrés le 13 mars et ne seront notifiés à l’accusé que le 9 avril

C’est en ces circonstances que, le 4 mars 1992 paraît un article du Figaro : « Omar : nouvel accroc dans une image trop lisse ». Le juge «  vient de délivrer une commission rogatoire » aux gendarmes pour établir si l’accusé n’aurait pas volé une chaîne en or à son épouse, par besoin d’argent. L’article indique qu’une personne du nom de Raddad a « négocié la vente » d’une chaîne en or dans une bijouterie en mai 1990, date à laquelle Omar Raddad affirme qu’il était au Maroc. L’article précise que l’enquête ne peut vérifier ce point, car le passeport d’Omar Raddad a disparu.

Cette commission rogatoire date en fait d’octobre 1991. Entre le 21 octobre et le 3 janvier, les enquêteurs ont contrôlé les livres de police de 70 bijouteries. Ils ont découvert effectivement la vente d’une chaîne en or dans l’une d’entre elles, en mai 1990, au nom de Raddad [177], mais c’est en mai 1991, soit un an plus tard, que Latifa Raddad avait constaté la disparition de sa chaîne. Quant au passeport d’Omar Raddad, les enquêteurs l’avaient saisi lors de la perquisition de son appartement, le 25 juin au matin [178].

Omar Raddad se plaint d'avoir été "sali" dans la presse

Lors d’une rencontre avec le juge Renard, Omar Raddad se plaindra d’avoir été « sali dans la presse », accusé de vol et de commerce avec les prostituées, et ajoutera : « Je voudrais savoir qui a pu fournir ces informations » aux journalistes. Pour Eve Livet, la justice « avait été capable de savamment orchestrer fuites et fausses nouvelles pour parvenir à ses fins ». Le juge Renard, de son côté, affirme qu’il n’a jamais eu de contact avec les journalistes, et remarque que les enquêteurs s’en méfiaient aussi « car la presse leur était très critique »[179].

Les médias mis en accusation

« Le procès de rue a commencé le 26 juin 1991. Pourquoi ? » se demande en effet le Capitaine Cenci. La garde à vue du jardinier n’était pas encore terminée que des informations paraissaient déjà dans la presse, alors que le procureur décidait d’ouvrir sans plus attendre une information judiciaire[180]. Le Capitaine Cenci estime que les fuites provenaient de « personnes ayant à en connaître » [181]. Même sévérité de sa part pour des émissions de télévision où « la désinformation omniprésente est toujours à sens unique […]» [182] Il met en cause également les avocats de la défense qui « ont facilement gagné la bataille de l’information, mais sans gloire […] L’opinion publique toujours prête à s’émouvoir a pris, sans savoir, fait et cause pour Omar Raddad » [183].

La partie civile se plaint aussi de l’attitude des journaux. Sous la plume de Me Leclerc, elle s’estime « victime d’une effroyable campagne de presse », et dénonce « les hypothèses les plus rocambolesques et les plus douloureuses » qui ont été publiées par les journaux [184].

Le journaliste Roger-Louis Bianchini, de Nice-Matin et France-Soir, estime pour sa part que les journalistes ont simplement fait leur travail « en exposant ce que l’on apprenait du dossier » [185].

Autres pistes : un meurtrier qui aurait ressemblé à Omar Raddad ?

L’enquête avait conclu que Ghislaine Marchal avait bien écrit les messages sur les portes, et que c’était donc son meurtrier qu’elle avait voulu désigner. Mais était-il possible qu’elle se fût trompée sur l’identité de son agresseur ?

Des investigations ont été conduites par les enquêteurs sur quatre autres personnes, avec comme idée directrice : ressemble-t-il à Omar Raddad [186] ?

C’est ainsi qu’ont été successivement mis hors de cause le frère d’Omar, dont la victime trouvait qu’il ne lui ressemblait pas du tout, [187]un ancien cuisiner de Ghislaine Marchal, parti en mauvais terme avec elle [188] , et un français, M.T., parti en Suisse deux jours avant le meurtre et qui aurait été victime d’une dénonciation calomnieuse d’après les enquêteurs ; tous trois « ne peuvent être confondus physiquement avec Omar Raddad » précise le Major Cenci [189].  Enfin un homme, Gilbert F., vivant dans une caravane à proximité de La Chamade, qui disait se trouver au Maroc le jour du crime, et avait présenté son billet d’avion et son passeport portant les tampons d’entrée et de sortie du territoire [190].

Deuxième grève de la faim

Après un cinquième refus de mise en liberté provisoire, à peine remis de sa précédente grève de la faim, Omar Raddad en entame une nouvelle, le 16 avril 1992 [191]. Quelque temps après, il décide de cesser aussi de boire. Le 16 juin, le juge vient à l’hôpital lui signifier, à son immense déception, un mandat de dépôt d’un an. Parmi les motifs invoqués : « … les faits qui lui sont reprochés ont gravement troublé l’ordre public ».. Me Girard se  demande «  si ce trouble n’est pas plutôt celui causé par la détention d’une personne innocente » et souligne qu’une seule expertise lui a été défavorable jusqu’à présent : celle des graphologues. Omar Raddad finira par renoncer à cette grève de la faim, après 35 jours de privations[192].

Le 5 mars 1993, le procureur Farret achève son réquisitoire. Les éléments retenus contre Omar Raddad sont les inscriptions qui l’accusent, son absence d’alibi et les traces de poussière de la cave sous ses chaussures. Il s’agit probablement de la « corrélation à l’état de traces », puisque les résultats de toutes les autres expertises lui étaient favorables (Voir supra) [193].

Omar Raddad avale une lame de rasoir et se taillade les veine

Omar Raddad est transféré le 22 mars à la maison d’arrêt de Nice et placé dans une pièce « sordide », celle où l’on met les nouveaux arrivants. « Les toilettes étaient bouchées, les prises de courant cassées, les murs maculés de taches » écrira-t-il. Il raconte que dans son désespoir et sa révolte, il a avalé une lame de rasoir après l’avoir mise dans de la mie de pain. Il prévient le gardien qui, d’après lui, s’en fiche ouvertement. « Sans doute avait-il souvent eu  affaire à des détenus qui jouaient la comédie » remarque Omar, qui écrira ne pas lui en avoir voulu. Il se taillade alors les veines et obtient d’être soigné. Le lendemain, il est transféré dans une cellule normale où il attendra son jugement pendant dix mois [194].

L'instruction se termine au printemps 1993. Les avocats d'Omar Raddad tentent d'invoquer le non-lieu en se référant à des présumés manquements dans la procédure. Cependant la chambre d'accusation rejette cette demande et renvoie Omar Raddad devant les assises de Nice, le Vorlage:Date[26].

Omar Raddad se sépare de ses deux avocats, et s’en remet à Me Vergès

Omar Raddad raconte que c’est son voisin de chambre à l’hôpital de la prison de Nice, qui lui a conseillé de prendre un troisième avocat, Me Vergès. Mais devant l’impossibilité de mettre ses trois avocats d’accord sur la question de l’auteur des messages sanglants, après une valse hésitation révélatrice de son désarroi, il dut se résigner à se séparer de Me Girard et Me Baudoux  [195].

Me Vergès lui fit aussitôt renoncer au pourvoi en cassation sur la décision de la chambre d’accusation, que ses collègues avaient introduit le 15 avril. Ce faisant, Omar Raddad renonçait à soulever la nullité des procès-verbaux, en garde à vue et en première comparution, au motif qu’il n’avait pas bénéficié d’un interprète. L’objectif de Me Vergès était d’éviter de nouveaux délais dans la procédure. Roger-Louis Bianchini estime qu’Omar Raddad a fait une lourde erreur en renonçant à ses deux avocats précédents, qui connaissaient parfaitement le dossier [196].

Le procès

Le procès d'Omar Raddad s'ouvre le Vorlage:Date devant une salle comble, « en majorité acquise au jardinier et persuadée qu’il serait acquitté »  [197]. Le Capitaine Cenci estime que la défense a « occupé seule le terrain médiatique » et « façonné l’image » d’un innocent injustement accusé [198]. Il est défendu par Me Jacques Vergès. assisté de Me Pétillault, et s’exprime en arabe, avec l’aide d’un interprète.

De son côté, la famille de Ghislaine Marchal sollicite les services de maître Henri Leclerc, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme, collègue et ami du Bâtonnier Bernard du Grandrut, beau-frère de la victime. Me Leclerc avait précisé, dans un entretien accordé à Jeune Afrique : « Si la famille m’a choisi, c’est justement parce qu’elle ne voulait pas de dérive raciste » [199]. Le Président de la Cour, Armand Djian, est présenté par le Capitaine Cenci comme un homme de grande expérience et rigueur intellectuelle, qui connaît parfaitement ses dossiers « dans le moindre détail », et qui est doté d’une « autorité naturelle à s’imposer » [200].

Lecture de l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation.

Le procès commence, comme c’est l’usage, par la lecture de l’arrêt de renvoi de la Chambre d’accusation [201]. L’inculpation d’Omar Raddad va s'appuyer sur les éléments suivants :

  • Les inscriptions en lettres de sang, qui le désignent explicitement, et le système de blocage de la porte de la cave de l'intérieur, qui conforte le juge dans sa conviction que ces messages ont été écrits par la victime.
  • Les besoins d’argent de l’inculpé, manifestés par les demandes d’avance sur salaire à ses employeurs (voir supra).
  • L'absence d’alibi : les informations données par Omar Raddad sur son emploi du temps, le dimanche 23 juin, entre 12 h et 13 h 10 (heure retenue du crime), n’ont pas été confirmées par les personnes interrogées.
  • Enfin, l'absence d'effraction à la Chamade et le supposé simple vol de 5 000 francs (762 euros) dans le sac à main de la victime[4] – alors que les objets de valeur et bijoux sont retrouvés intacts dans la villa – orientent l'enquête vers un familier des lieux proche de la victime. Or, Omar Raddad, comme la femme de ménage mise en cause par la défense, possédaient la clef du portail d'entrée.

On procède à l'analyse de la personnalité de l'accusé. Les témoignages des gendarmes et de l’expert psychiatre lui sont dans l’ensemble favorables. On évoque ses dépenses, ses demandes d’avance sur salaires, sa passion du jeu, la question du bijou disparu [202]. Ses proches lui « décerne[nt] des louanges » et sont tour à tour interrogés par le Président sur le niveau de français de l’accusé [203]. Omar Raddad est décrit par son épouse Latifa comme un Vorlage:Citation sans histoire.

La loi coranique

Le Président Armand Djian, qui a vécu en Algérie où il a commencé sa carrière [204], cite plusieurs fois le Coran pour s’étonner de l’illettrisme de l’accusé, ou qu’on l’ait vu manger un jour de ramadan, ou pour lui reprocher les jeux d’argent auxquels il s’était livré et son commerce supposé avec des prostituées, contrairement aux préceptes de l’Islam [205]. Un incident de séance a lieu pendant le témoignage de Latifa Raddad qui affirme que Vorlage:Citation, ce à quoi le président de la cour d'assises Armand Djian, faisant référence à la fête de l'Aïd-el-Kébir, lui répondra « mais il égorge le mouton » [206].

Omar Raddad fera remarquer que « le Président semblait avoir oublié qu’il devait juger si j’avais ou non tué Madame Marchal, et non si j’étais un bon ou un mauvais musulman » [207].  Me Vergès n’a pas réagi à ces propos du Président [208], estimant qu’il n’y avait là rien qu’on pût lui reprocher d’évident [209]. Mais l’ insistance du Président Djian à interroger le prévenu sur ses pratiques religieuses en choquera plus d’un : Maurice Peyrot parle de « réflexions désagréables », Solène Haddad s’étonne de « ces élucubrations qui n’ont que peu de rapport avec l’affaire » et s’interroge sur le « caractère potentiellement raciste » de la réflexion sur l’égorgement du mouton. Le Président Djian se défendra par la suite, lors d'un entretien avec la journaliste Eve Livet, de toute intention raciste dans ses propos, faisant valoir que la défense n’a pas demandé de donner acte [210].

Machines à sous et comptes en banque

Les jours suivants, on examine longuement la fréquentation des machines à sous par Omar. Les procès-verbaux d'audition du personnel du casino de la Croisette de Cannes décrivent un homme fréquentant l’établissement plusieurs fois par semaine[211]. Suivra une longue étude de son compte en banque au Maroc, qui suscitera une certaine impatience des jurés, notée par le capitaine Cenci [212].

Ghislaine Marchal

Au sujet de la personnalité et de la vie de Ghislaine Marchal, son fils, visiblement bouleversé, témoigne que plus qu’une mère, elle a été pour lui une amie et une confidente. Il  dit avoir été très blessé de lire certaines choses sur elle. « Cette affaire a été pour nous un drame épouvantable et le restera [213]».

Madame Marchal adorait cet unique enfant, né en 1945 alors qu’elle n’avait que 19 ans [214]. Elle avait été très marquée par la déportation de ses deux parents, entrés dans la Résistance. Sa mère seule en était revenue. Ghislaine Marchal est décrite comme une femme au caractère affirmé, pouvant être adorable mais qui « pouvait pousser à bout », exigeante mais juste, avec de grandes qualités de cœur, courageuse et intraitable. Elle n’était pas du genre à se laisser faire, et n’aurait jamais écrit, même sous la torture, contre sa volonté [215]. On la présente comme une personne secrète. Personne ne sait rien de l’éventuelle vie sentimentale de Ghislaine Marchal, et Omar remarque : « Le juge n’a pas insisté. J’ai remarqué qu’il était beaucoup plus discret sur sa vie privée que sur la mienne » [216].

Le témoignage de la femme de ménage sur le congé donné pour le lundi

La femme de chambre donne une description des demandes d’argent d’Omar à sa patronne qui amèneront l’inculpé à protester, et affirmer qu’elle ment (voir supra). Elle déclare aussi que le samedi 22 juin, vers 10h, Ghislaine Marchal avait reçu un appel téléphonique à la suite duquel elle lui avait donné son congé jusqu’au mardi matin. Liliane R. aurait pensé que sa patronne était invitée et qu’elle « devait partir loin » [217]. Cette déclaration fait l’effet d’un coup de théâtre aux assises. La femme de ménage avait pourtant déjà signalé ce congé du lundi aux enquêteurs, en juillet , mais elle n’avait pas mentionné alors l’appel téléphonique.  Ces « additions » à sa précédente déposition seront prises très au sérieux par la défense lors de la recherche d’éléments nouveaux (voir infra) [218].

Avances sur salaires, loyers, "prostituées"

Par ailleurs, le jardinier marocain aurait régulièrement demandé des avances sur salaires à ses employeurs afin, leur aurait-t-il dit, de payer son loyer. Ce motif sera contredit par le témoignage du gérant de son logement, car Omar Raddad lui devait un mois de loyer (mai 1991). Les représentants de l'accusation pensent qu'Omar Raddad aurait utilisé les avances sur salaires pour jouer au casino afin de récupérer sa mise, étant donné qu'il aurait caché sa passion du jeu à son épouse et que, devant les demandes de leur jardinier, ses employeurs seraient convenus de ne plus céder.

Le Président revient sur la fréquentation de prostituées, « Un sujet auquel il tenait décidément beaucoup » remarque Omar, qui nie farouchement cette déposition, faite sans interprète lors des premiers interrogatoires. « Je voudrais bien qu’elles viennent, dit-il, car je ne les connais pas et elles ont fait des déclarations déshonorantes à mon sujet » [219]. La prostituée interrogée par les gendarmes lors de l’enquête ne viendra pas finalement témoigner au procès. Retrouvée et entendue par le détective Roger-Marc Moreau[220] en 1995, elle démentira, affirmant de plus que les militaires de la gendarmerie lui auraient fait signer une audition inexacte sans lui avoir fait relire le texte. Par la suite, elle n'aurait pas reçu de convocation pour témoigner au procès, alors que, contrairement à ce qui avait été prétendu, elle résidait toujours à la même adresse à Marseille (13), dans un appartement dont elle était la propriétaire.

Une prostituée occasionnelle, N.X., viendra dire qu’elle a remarqué Omar Raddad sur la Croisette et qu’il l’a fixée du regard, mais qu’elle ne l’a jamais eu comme client (elle ne se prostituait d’ailleurs pas encore à l’époque [221]).

Francine P. est longuement interrogée, ainsi que sa fille et son gendre, sur les demandes d’avances sur salaires du jardinier (voir supra)  et son attitude le 23 juin à l’heure du déjeuner : « si Omar avait eu du sang sur lui, mon chien ne l’aurait pas laissé tranquille », remarque-t-elle [222].

La question de l’alibi

L’examen de l’alibi d’Omar Raddad le 23 juin donne lieu à l’audition des deux vendeuses de la boulangerie la "Huche à pain" [14] et du gérant du magasin Casino (voir supra : Omar Raddad avait-il un alibi ?).

Une habitante de l’immeuble, Mme Marie-Maryse B., témoignera aux enquêteurs qu’elle est restée sur son balcon de 11h30 à 12h45 pour guetter l’arrivée de sa fille, mais qu’à aucun moment elle n’a vu arriver Omar Raddad. « Durant ce laps de temps, je n'ai absolument pas vu Omar Raddad arriver sur son cyclomoteur. Son époux, interrogé par Me Vergès, admettra : « On ne l’a pas vu mais il est peut-être venu" [223]. Réentendue en 1995 par le détective Roger-Marc Moreau chargé d'une contre-enquête par Me Vergès, elle ne pourra pas expliquer comment elle a fait pour préparer le repas tout en restant continuellement sur son balcon pendant le laps de temps indiqué. De surcroît, cette personne souffrirait de difficultés de concentration et présentait des troubles des facultés cognitives à la suite de séquelles liées à un accident vasculaire cérébral [224]

La question des scellés

Les scellés auraient subi divers avatars. Des échantillons de sang auraient été confiés, sans ordonnance du médecin légiste, à un pharmacien qui n’était pas équipé pour ce travail et se plaignait que le sang lui était arrivé détérioré. Les experts chargés de rechercher des empreintes sur le sac de la victime ne l’auraient reçu que cinq mois plus tard, sous scellé ouvert. Le Capitaine Cenci répond point par point à ces critiques dans son livre . Il explique notamment qu’en ce qui concerne le chevron, l’enquête a privilégié la recherche d’ADN à celle d’empreintes, ces études s’excluant mutuellement. Il note que si Me Vergès a cherché à créer le doute sur ces expertises et « la célérité de l’enquête », il ne lui a posé aucune question pendant le procès, à sa grande surprise : « N’ayant pas eu de question, je n’ai pas eu à ouvrir mon porte-documents » [225].

Le cinquième jour est consacré entre autres au profil de l’accusé, qui ne sait ni lire ni écrire dans aucune langue, comprend « les termes usuels de la langue française », est « poli et calme ». On examine en détail son handicap à la main droite, résultant d’un accident survenu en 1988, ce qui ne l’aurait pas empêché d’assassiner Ghislaine Marchal [226].

Après un exposé des experts et médecins sur les blessures de la victime, l’arme supposée du crime et sa datation,  l’assistance écoute, « dans un silence de plomb », le Major Cenci donner sa version du scénario de l’agression (voir supra ). Me Vergès fait remarquer que l’enquêteur, en tant que témoin, n’a pas à donner son interprétation des faits, ni à faire un réquisitoire contre l’inculpé [227]. Il reproche à l’enquête d’avoir été orientée dès le début, et affirme que d’autres pistes n’ont pas été recherchées.

Photos détruites.

Me Vergès accuse notamment les enquêteurs d’avoir détruit la pellicule de photos « sans doute intéressantes » qui a été retrouvée dans l’appareil de Ghislaine Marchal. Le Capitaine Cenci s’étonnera de n’avoir pas été interrogé alors sur leur contenu : il s’agissait de photos de la propriété et de Mesdames Francine P. et Colette K. posant au bord de la piscine ; ces photos ont probablement été prises le mercredi 19 juin, jour où Francine P. confirme qu’elles avaient été invitées à déjeuner à La Chamade [228]

Me Vergès revient sur le voisin, Gilbert F., qui avait affirmé être au Maroc le jour du crime. Il fait remarquer que le billet et les tampons sur son passeport ne prouvent pas que c’est bien lui qui a fait ce voyage et demande pourquoi on n’a pas vérifié les affirmations de cet homme, en contradiction avec celles de sa compagne ? Il lui est répondu qu’il « ne ressemblait pas à Omar Raddad »[229].

Puis le débat porte sur l’incinération du corps de la victime, conformément à ses dernières volontés (voir supra). Le Capitaine Cenci dit avoir attendu en vain des questions de la défense à ce sujet [230].

« Impressionnisme judiciaire »

A propos de ces journées, le journaliste Maurice Peyrot parle « d’impressionnisme judiciaire » :  lorsque le dossier de l’accusation est maigre, la justice « a une méthode qui consiste à multiplier les doutes sur des aspects mineurs de l’accusation ». Ces multiples petites touches, ces petits éléments ne prouvent rien, mais en les accumulant, on finit par « créer un doute sur l’innocence » [231].

La journaliste Eve Livet dit du Président Djian qu’il prenait tout son temps, entrant minutieusement dans tous les détails, comme pour « avoir les jurés à l’épuisement ». Il était accusé par les avocats d’avoir « un parti pris certain de départ »[232].

Deux jurés démissionnent

Deux jurés se retirèrent en deux jours, sous divers prétextes [233] Un autre juré confiera à VSD, après l’audience : « ça m’a fait mal, parce que je suis sûr qu’ils étaient comme moi, bouleversés, et qu’ils se sont retirés pour ne pas avoir à prendre parti ». Il parle d’une ambiance « anti-Omar ». Pendant les interruptions de séance, il y avait ceux qui « suivaient le président » et qui s’exprimaient le plus. Les autres, comme moi,  restaient dans leur coin »  [234].

Les inscriptions sur les portes sont présentées aux jurés.

En début d’après-midi, le sixième jour, le Président fit apporter les deux portes avec les inscriptions en lettres de sang. « Les murmures se turent dans la salle et chacun retint son souffle » [235] Ce fut un intense moment d’émotion. Selon Maître Henri Leclerc, avocat de la partie civile, « dire qu’elle n’a pas délivré ce message, c’est nier l’ultime manifestation de courage infini de cette femme agonisante » [236]. « Il est clair que ces portes ont eu un impact psychologique indéniable, et pour les enquêteurs, et pour la cour d’assises » dira plus tard le juge Renard [237]

 Me Vergès conteste les expertises graphologiques

Me Vergès conteste que l’écriture des messages soit celle de la victime et met en doute la pertinence des expertises graphologiques : il se lance dans l’évocation des affaires Gregory et Dreyfus, et conclut que les graphologues devraient  être « écartés des tribunaux »  [238]. Il entreprend de démontrer les dissemblances entre les lettres sur les portes et celles des mots croisés de Ghislaine Marchal [239], et obtient du graphologue Gilles Giessner qu’il admette « une probabilité des deux tiers qu’elle ait écrit, et d’un tiers non ». Les médecins, quant à eux, réaffirment que Ghislaine Marchal était restée lucide et savait ce qu’elle faisait [240]

Le défenseur d'Omar Raddad[211], maître Jacques Vergès, met en avant notamment les éléments suivants :

  • Le véritable meurtrier aurait utilisé la main de Ghislaine Marchal pour faire accuser le jardinier.
  • Dans le complément d'autopsie, la date du 24 juin 1991 est avancée pour le décès, or il a été établi qu'Omar Raddad était à Toulon, ce jour-là. Les experts ont ensuite publié une correction positionnant le décès au 23 juin, ce qui, selon la défense, signifierait que le juge avait fait pression sur eux. En réalité, la première datation de la mort figure dans le procès-verbal aux fins d'inhumer[241], émis le 28 juin 1991, et la positionne au 23 juin. Ce n'est que plus tard, dans leur rapport du 2 novembre 1991[242], que les experts mentionneront la date du 24 juin. Suite à cette erreur, le juge demandera un complément d'information aux médecins pour préciser les éléments objectifs leur ayant permis de conclure à la date du 23 juin, levant toute ambiguïté.
  • Lors du rapport d'autopsie, aucune trace de sang n'a été découverte sous les ongles de la victime, juste de la terre, détail qui avait échappé aux avocats à l'époque.
  • La femme de ménage – celle qui a déclaré aux enquêteurs que Ghislaine Marchal l'a plusieurs fois soupçonnée de vols d'argent – avait un amant, un personnage connu sous le sobriquet de « Pierrot le Fou » et notamment condamné pour violences, cambriolages et pour meurtre (par la cour d'assises de Paris en 1983), qui n'a pas d'alibi pour le jour du meurtre.
  • Les enquêteurs n'ont fait aucune investigation dans le milieu proche de la victime (héritiers potentiels, famille proche, milieu des affaires).
  • Le corps de la victime a été incinéré le 3 juillet, soit 5 jours après l'autopsie (la crémation aurait été un souhait de Ghislaine Marchal[211] selon sa sœur Claude épouse de l'avocat Bernard de Bigault du Granrut, ainsi qu'un écrit retrouvé chez elle par les enquêteurs). La défense jugera cette crémation précipitée (bien qu'elle semble être intervenue dans un délai habituel), ce qui indiquerait selon elle une volonté de la famille de faire disparaître le corps (et des preuves).
  • Un homme, Salah El Ouaer, se trouvait dans la propriété contiguë. Il a affirmé avoir constaté la présence de plusieurs personnes à la Chamade, dont celle de la femme de ménage, dans la matinée du lundi 24 juin 1991, donc juste quelques heures avant la découverte du crime. Ce témoin essentiel a été retrouvé en Tunisie et auditionné par le détective Roger-Marc Moreau devant les caméras de France 3, en 1998. Précédemment, en 1991, il avait été entendu par les gendarmes, qui n'auraient pas retranscrit la totalité de sa déposition (le procès-verbal incomplet établi par eux et figurant au dossier, mentionnait, en outre, un état-civil inexact, ses nom, prénom, date et lieu de naissance ayant été modifiés)[243].

Une charge a exacerbé l'émotion et l'activité médiatique : la phrase Vorlage:Citation, que, selon l'accusation, Vorlage:Mme Marchal aurait écrite pendant son agonie, qui a duré de 15 à 30 minutes[26]. Les experts en écriture affirment que celle-ci a pu écrire cette phrase et sont d'accord sur le fait que les inscriptions ont bien été écrites avec son sang. Début juillet 1991, le juge d'instruction demande une expertise en écriture, après quoi la défense demande une contre-expertise. Les deux experts arrivent à la même conclusion : l'écriture est bien celle de Ghislaine Marchal[26]. Selon la défense, Ghislaine Marchal n'aurait jamais fait une telle faute, mais Un collège d'experts agréés par la Cour de cassation, saisi par la Commission de révision, va désavouer les deux experts en établissant ultérieurement qu'il était en fait impossible de se prononcer[244]. Selon la défense, l'inscription « Omar m'a tuer » a été écrite dans l'obscurité de manière parfaitement rectiligne et espacée, une prouesse impossible à reproduire. En réalité, seule la première inscription, proche de la lumière du couloir, était parfaitement rectiligne et non pas la deuxième rédigée dans une totale obscurité[245]. Maître Vergès ne motive pas les raisons qui auraient poussé le(s) meurtrier(s) à écrire par deux fois cette phrase sur deux portes distinctes et si distantes. Quoi qu'il en soit, les constatations médico-légales révèlent que les traces de poussières et de ciment relevées sur le peignoir et sur les anses intestinales de la victime sont la preuve que celle-ci a rampé ou marché à quatre pattes sur le sol, hypothèse confirmée par les ecchymoses sur ses membres inférieurs et supérieurs[246], tandis que la défense voit là, la démonstration qu'elle a été traînée sur le sol, comme semble le confirmer la position de son peignoir.

Pour être sûr de faire accuser quelqu'un qui n'aurait pas d'alibi, les meurtriers présumés auraient du avoir connaissance du fait qu'Omar Raddad se rendrait à proximité des lieux du crime à ce moment-là, ce qui est très improbable.

Des particules de poussière ayant des corrélations avec la poussière se trouvant dans la cave sont retrouvées dans la texture du pantalon et les semelles de chaussures d'Omar Raddad[26], Vorlage:Refnec En revanche, aucune trace de sang n'est retrouvée sur ses vêtements, ce qui, selon l'accusation, pourrait s'expliquer par le fait que les coups portés n'auraient pas provoqué de saignements[26]. Mais selon la défense d'Omar Raddad, cette version serait contredite par les constatations effectuées, du sang ayant giclé jusqu'à tacher le plafond de la chaufferie. Lors de la reconstitution demandée par les avocats d’Omar Raddad, ces derniers n'auraient pas réussi à bloquer la porte de l'extérieur tel que constaté lors de l'arrivée des gendarmes : le positionnement du tube près des gonds à droite et du lit pliant contre la porte. Cependant, . Il n'a toutefois pas été confirmé que ces méthodes avaient permis de bloquer la porte avec la même efficacité, l'avocat Me Girard avait également trouvé des méthodes de blocage de la porte qui avaient été invalidées par les gendarmes Teulière et Liedke, lorsqu'ils avaient reproduit la méthode qu'ils avaient utilisée à l'époque pour pénétrer dans la chaufferie. En effet, pour que le système de blocage soit efficace, il est nécessaire de positionner le tube d'acier et le chevron de manière très précise : si le chevron est trop éloigné de la porte, il n'est pas efficace et ne résiste pas à la poussée des deux gendarmes.

Lors de son procès, Omar Raddad va évoquer sa difficulté de compréhension de la langue française au cours de son audition par les différents enquêteurs pour expliquer ses « oublis » concernant ses dépenses aux jeux. Il communique ainsi avec le président du tribunal et les jurés par interprète interposé. Selon l'accusation, il aurait toutefois préalablement réussi à échanger avec le juge d'instruction – en présence de son avocat (ce que ce dernier réfute) – sans interprète et plus tard directement avec ses avocats au cours du procès.

Le 2 février au soir, Omar Raddad est condamné à 18 ans de réclusion criminelle, les jurés le reconnaissant coupable du crime avec circonstances atténuantes[247]. Beaucoup de pénalistes présents lors du procès furent unanimes pour constater le peu de combativité de la défense devant les jurés (Jacques Vergès expliquera qu'il avait été volontairement sobre car, contrairement à ses autres procès médiatisés, il défendait un homme dont il était convaincu de sa réelle innocence) et selon certains, le manque de connaissance du dossier de maître Vergès[211]. Celui-ci a cependant une phrase qui marque les esprits : Vorlage:Citation[248].

Tentatives de réhabilitation d'Omar Raddad

Rebondissements avortés et pourvoi en cassation

À la suite du procès, deux détectives privés, dont les méthodes ont été mises en cause par plusieurs personnes, dont le journaliste Guy Hugnet[249], sont mandatés par la défense pour mener une contre-enquête censée faire apparaître des éléments nouveaux. Maître Jacques Vergès sollicite les services du détective Roger-Marc Moreau, tandis que maître Gérard Baudoux et maître Georges Girard, les deux premiers avocats d'Omar Raddad recommandés par Moulay Hicham ben Abdellah el-Alaoui (neveu d'Hassan II qui vise la couronne), mandate de son côté le détective Bernard Naranjo, dont les investigations sont financées par un proche du roi Hassan II du Maroc[211].

Malgré les nombreux éléments soumis, dont la plupart ont été découverts par Roger-Marc Moreau (bien que la majorité se verront occultés lors du complément d'information) et ce, nonobstant la confirmation de ceux-ci notamment par le journaliste Christophe Deloire qui a suivi le détective pendant plusieurs mois (ce dernier publiera d'ailleurs plusieurs articles dans l'hebdomadaire Le Point dont notamment Révélation sur la piste oubliée[250] ainsi qu'un essai intitulé Omar Raddad - Contre-enquête pour la révision d'un procès manipulé[251]), contrairement à la Commission de révision, pour la Cour de révision statuant en 2002, « aucun élément soulevé par Omar Raddad ne serait nouveau ni ne s’avérerait "de nature à faire naître l'existence d'un doute" quant à la culpabilité d'Omar Raddad ».

Près de trois mois après le verdict de la cour d'assises, Jacques Vergès avait tenu une conférence de presse, le Vorlage:Date, en compagnie d'une Néo-Zélandaise, Patricia Clark, résidente épisodique de Mougins. Ce témoin s'était manifesté à la suite de la lecture du livre de Jacques Vergès, Omar m'a tuer : Histoire d'un crime. Le jour du crime, elle aurait remarqué devant son domicile, situé à quelques kilomètres de la villa de Ghislaine Marchal, une camionnette apparemment abandonnée avec, à l'intérieur, des traces de sang et des chevrons de bois à l'arrière[252]. La gendarmerie de Mougins ne retient toutefois pas ce témoignage, étant donné qu'aucune camionnette n'a fait l'objet d'un enlèvement dans les jours précédant ou suivant la date du meurtre. Par ailleurs, il s'avère qu'un voisin de Vorlage:Mme Clark possède une camionnette correspondant à la description faite par ce nouveau témoin et qu'il lui est arrivé effectivement de transporter des planches de bois et un produit rouge pour la moquette, que le témoin a pu confondre avec du sang. La gendarmerie de Mougins prend cette piste très au sérieux et interroge cet individu. Finalement, l'enquête conclut qu'il s'agit d'une dénonciation calomnieuse étant donné que cette personne, résidant à quinze kilomètres de Mougins n'avait absolument aucun lien avec Ghislaine Marchal. Il n'avait de commun avec l'accusé Omar Raddad que son prénom.

Le Vorlage:Date, le pourvoi en cassation formé par la défense de Raddad est rejeté, la Cour de cassation n'ayant relevé aucune faute de procédure et arguant que l'accusé a eu droit à un procès équitable[26].

Le Vorlage:Date, Mohamed Moumen, ancien détenu de la prison de Clairvaux, a révélé dans le journal quotidien marocain L’Opinion qu'un de ses anciens codétenus lui aurait confié être le véritable assassin de Ghislaine Marchal : Vorlage:Citation[253]. Une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Grasse afin d'interroger Alain V-B. Celui-ci est rapidement mis hors de cause, car le jour du crime, il était hospitalisé à Saint-Roch, à Nice, après un accident de moto. Le témoignage de Mohamed Moumen apparaît d'ailleurs en contradiction avec les éléments relevés par la gendarmerie de Mougins, qui n'avait constaté aucune effraction ni aucun vol à la Chamade. La piste d’un cambriolage qui aurait mal tourné avait été écartée à l'époque. Cependant, l'enquête du détective Roger-Marc Moreau permettra d'établir que l'individu en question avait partagé la vie d'une jeune femme, Céline Moret, qui était en 1991, la concubine d'un des fils de la fameuse femme de ménage de Ghislaine Marchal. Cette dernière affirmera qu'Alain V-B s'était vanté en prison en s'appuyant sur des faits dont il avait eu connaissance par son intermédiaire et, que pour se faire mousser et jouer au dur en prison, il se serait identifié à celui qu'elle considérait à l'époque comme étant son beau-père, surnommé « Pierrot le fou », le compagnon de la femme de ménage de Ghislaine Marchal.

Grâce présidentielle

Le Vorlage:Date, le président Jacques Chirac accorde une grâce partielle à Omar Raddad, réduisant sa peine de quatre ans et huit mois, notamment sur la demande du roi Hassan II du Maroc, un accord secret prévoyant en échange la libération d'un Franco-Marocain détenu au Maroc[26]Vorlage:,[254].

Omar Raddad, qui pouvait bénéficier d’une libération conditionnelle à mi-peine au bout de neuf ans, peut donc espérer être libéré au bout de six ans et demi, soit en janvier 1998, à condition de fournir une adresse et un emploi. Si l’adresse de sa famille à Toulon a été acceptée rapidement par la justice, il n’en fut pas de même pour son emploi. Les deux premières propositions d’emploi seront rejetées par la garde des Sceaux, Élisabeth Guigou. En effet, le premier emploi était une place de jardinier chez une riche veuve du Var, situation offrant de scabreuses similitudes avec l'emploi qu'occupait Omar Raddad chez Vorlage:Mme Marchal. Le deuxième était l'entretien d'une propriété chez un avocat d'Aix-en-Provence. Finalement, le poste de coursier dans une conserverie de viande de Marseille reçoit un avis favorable d’Élisabeth Guigou[255].

À l'issue d'une campagne de presse menée par l'avocat Jacques Vergès, l'écrivain Jean-Marie Rouart et le détective Roger-Marc Moreau, Omar Raddad est libéré le Vorlage:Date. Il a eu un comportement irréprochable en détention, d'où l’avis favorable émis en février de cette année-là par le comité consultatif de libération conditionnelle. Omar Raddad retrouve la liberté dans le cadre d'une mesure de libération conditionnelle pour éviter toute récidive. Omar Raddad a fait quarante-cinq jours de grève de la faim et a tenté de mettre fin à ses jours en avalant des lames de rasoir[256].

Tentatives de révision

Le Vorlage:Date, six ans exactement après la condamnation d'Omar Raddad, la Commission de révision des condamnations pénales a ordonné de nouvelles investigations et notamment, une nouvelle expertise d'écriture pour savoir si Vorlage:Mme Marchal est l'auteur des inscriptions Vorlage:Citation. Deux experts ont été nommés : Anne Bisotti et Françoise Ricci D'Arnoux. De plus, à la demande de la défense, le Vorlage:Date, la justice a ordonné une nouvelle expertise sur les portes et sur le chevron de bois ayant servi à frapper Ghislaine Marchal. Sur les trois supports ils découvriront des ADN.

Le Vorlage:Date, après vérification, les experts ont déclaré que les ADN masculins retrouvés sur les portes de la chaufferie et sur le chevron n'étaient pas celui d'Omar Raddad, sans toutefois être en mesure de préciser à qui appartenaient ces empreintes génétiques, ni leur provenance. En revanche, deux ADN masculins ont bien été retrouvés sur les portes et le chevron, mêlés au sang de la victime (rendant impossible l'hypothèse d'ADN d'enquêteurs). Selon l'accusation, la scène de crime aurait peut-être été « polluée » après les premières constatations des enquêteurs – les gendarmes, pour être précis – et les conditions de prélèvement des ADN ne seraient pas documentées.

Le Vorlage:Date, la commission de révision des condamnations pénales a décidé de saisir la Cour de révision, car des éléments nouveaux inconnus au moment du procès devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes avaient été confortés par les expertises. Cependant, la Cour de révision va quelques mois plus tard, le Vorlage:Date, rejeter la demande de révision de la condamnation en affirmant que les éléments nouveaux invoqués ne lui paraissaient pas de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné.

À la suite de démarches effectuées auprès du ministère de la justice par Maître Sylvie Noachovitch, la nouvelle avocate d'Omar Raddad, le Vorlage:Date, le parquet de Grasse a demandé à un expert d'établir un profil génétique à partir des traces d'ADN retrouvées en 2001[257]. Le 29 juin 2011, le parquet de Grasse a indiqué qu'il n'était pas en mesure d'établir un profil génétique à partir des traces d'ADN retrouvées mélangées au sang de Ghislaine Marchal en 1991 : « On nous a demandé d'extraire du matériel génétique pour établir un profil génétique. Ce qui n'a pas été possible puisque les prélèvements avaient déjà été utilisés dans le cadre de la procédure », a précisé le parquet de Grasse. Cependant ces profils génétiques, provenant très vraisemblablement de sécrétions de sueur, ont été relevés sur trois supports distincts, les deux portes de la chaufferie (où figuraient les célèbres inscriptions accusatrices), ainsi que sur le chevron manipulé par le meurtrier pour frapper Ghislaine Marchal. Il a été établi qu’aucun des deux ADN n'est celui d'Omar Raddad. Or, le fait que ces traces génétiques se trouvent seulement mêlées au sang et nulle part ailleurs (comme le démontreront les tamponnements effectués) et, en outre, sur trois supports différents éloignés les uns des autres, semble bien prouver qu'il ne peut pas s’agir d’ADN de contaminationVorlage:Refnec.

Toutefois, selon l'avis d'un expert sollicité par la chancellerie, il est toujours possible de faire de nouveaux prélèvements sur les traces de sang se trouvant sur les deux portes et sur le chevron et donc de procéder à de nouvelles analyses génétiques surtout à l'aune des importants progrès effectués en cette matière et en particulier des techniques d'amplification de l'ADN. Selon les représentants de la défense, cela permettrait d'inscrire lesdits profils ADN découverts sur la scène du crime au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) et éventuellement de procéder à des comparaisons avec les profils de personnes faisant l'objet de présomptions. En septembre 2013, la chancellerie a donné son accord pour que de nouveaux tests ADN soient effectués[258]. Cependant, le procureur ne donne pas suite à la demande de l’avocate d’Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitch. En octobre 2014, en vertu de la nouvelle loi sur la réforme des condamnations pénales[259], Maître Noachovitch envoie une nouvelle demande d’expertise ADN sur deux portes et un chevron[260].

Controverses

Vorlage:Section à sourcer L'affaire Omar Raddad a soulevé un grand nombre de controverses, en particulier concernant la culpabilité d'Omar Raddad. Son avocat, Me Vergès a largement utilisé les médias, prolongeant sa plaidoirie dans la salle des pas perdus, pour convaincre l'opinion publique de l'innocence de son client. Ses discours, sous-tendu par des accusations de racisme et une mise en parallèle avec l'affaire Dreyfus a trouvé un écho particulièrement fort dans la presse et de nombreuses personnes sont convaincues de l'innocence du jardinier. Malgré tout, à l'examen des faits, cette innocence peut paraître peu probable :

  • La culpabilité a été confirmée plusieurs fois par la justice, après des procédure jugées régulières par la Cour de cassation. Les éléments de preuve et le dossier sont jugés solides par les experts judiciaires.
  • Le système de blocage de l'intérieur, ainsi que la dénonciation par la victime elle-même de son bourreau sont des éléments forts.
  • Aucun témoin n'a confirmé la présence d'Omar Raddad sur l'itinéraire qu'il dit avoir emprunté ce jour-là et les trous dans son emploi du temps peuvent lui avoir laissé le temps de commettre le meurtre.
  • Sa situation personnelle, notamment ses grandes difficultés financières, ne plaident pas en sa faveur et peuvent représenter un mobile crédible.
  • Les réponses d'Omar Raddad aux questions des enquêteurs n'ont cessé de changer au fil de temps.
  • La contre-enquête a été menée par des enquêteurs aux méthodes controversées[261].
  • Cette contre-enquête n'a par ailleurs pas permis de faire émerger une théorie crédible, elle se résume finalement à un ensemble d'hypothèses que rien ne recoupe et qui sont peu cohérentes entre elles : justice corrompue qui aurait modifié un rapport d'autopsie et procédé à l'incinération du corps dans l'urgence, mise en scène improbable pour faire accuser Omar Raddad, mise en cause de proches de Vorlage:Mme Ghislaine Marchal sans réelle base tangible, etc.

En définitive, la solidité du dossier, la confirmation de la condamnation à plusieurs reprises, le refus de réviser le procès et la procédure jugée régulière et conforme au code de procédure pénale peine à être contrebalancée par une contre-enquête qui n'apporte que des suppositions, et un grand bruit médiatique. Roland Agret lui-même, pourtant porte-étendard des erreurs judiciaires, a dénoncé cette contre-enquête et les méthodes utilisées[262]. D'autres experts judiciaires, notamment Philippe Bilger ont pris position pour la culpabilité d'Omar Raddad[25]. Des contre-enquêtes sérieuses (notamment celles de Guy Hugnet[249]) ont depuis été publiées et apparaissent beaucoup plus crédibles[25]Vorlage:,[262].

Au cinéma

En 2007, Roschdy Zem achète les droits d'adaptation du livre Pourquoi moi ? écrit par Omar Raddad et Sylvie Lotiron et sorti en 2002 aux éditions du Seuil[263] et explique son but de reprendre Vorlage:Citation[264]. Le film Omar m'a tuer est sorti le 22 juin 2011 en France. Omar Raddad y est interprété par Sami Bouajila, et Jacques Vergès par Maurice Bénichou.

Déclinaisons autour d'Vorlage:Citation

Vorlage:Article détaillé L'affaire Omar Raddad est devenue célèbre en partie à cause de la faute d'accord de l'inscription Vorlage:Citation qui aurait dû ici être « Omar m'a tuée ». Cette faute d'accord semble assez surprenante de la part d'une veuve présentée comme de bonne famille et cultivée mais les gendarmes remarquent des fautes similaires dans les documents saisis de celle-ci. Des bulletins de paie contiennent la même faute quand la victime écrit « payer par l’employeur »[265] mais ce point est vivement contesté par la défense d'Omar Raddad et par des journalistes s'étant penchés sur le dossier[27]Vorlage:,[28]Vorlage:,[29].

Vorlage:Citation sera ensuite souvent reprise en clin d'œil à l'affaire, notamment dans des titres de presse ou de livres. Dans certains cas, c'est parce qu'il y a un lien avec l'affaire, par exemple le titre de Libération Vorlage:Citation[266]. Dans d'autres cas, le clin d'œil constitue le seul lien avec l'affaire Omar Raddad. C'est le cas par exemple du Vorlage:Citation du Canard enchaîné (il s'agit du Mollah Omar)[267].

Plus généralement, « m'a tuer » est la partie de la phrase qui est largement réutilisée car elle contient une faute de conjugaison[268].

Notes et références

Vorlage:Références

Annexes

Sources

Bibliographie

Documentaires télévisés

Article connexe

Liens externes

Vorlage:Portail

Raddad Catégorie:1991 en France Catégorie:Bénéficiaire de la grâce présidentielle Catégorie:Mougins Catégorie:Homicide dans les Alpes-Maritimes

  1. Vorlage:Lien web
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  18. Photo de la porte de la cave à vin
  19. Photo de la porte de la chaufferie
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  25. a b c Omar Raddad innocent : c'est du cinéma !, Philippe Bilger, Vorlage:Date, article publié sur son blog.
  26. a b c d e f g h i j Faites entrer l'accusé - Omar Raddad, le coupable désigné, 2002. Cette version, reprise ultérieurement dans une émission jugée par la défense d'Omar Raddad comme étant particulièrement partiale (la société de production ayant même été condamnée en diffamation à la suite de la diffusion du reportage), est toutefois réfutée par l'intéressée qui a été, avec sa famille, un des principaux soutiens à la thèse de l'innocence de leur ancien jardiner.
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  31. Cité par Cenci Vorlage:P..
  32. Livet Vorlage:P., Rouart Vorlage:P..
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  35. Haddad Vorlage:P. à 77
  36. Livet Vorlage:P.
  37. Cenci Vorlage:P.
  38. Bouzon-Thiam Vorlage:P.. On trouvera des reproductions des lettres des mots croisés de Ghislaine Marchal, confrontées à celles des portes, dans les ouvrages suivants : Vergès Vorlage:P., Bouzon-Thiam Vorlage:P., Hugnet Vorlage:P. (on notera que les lettres figurant en couverture de son livre ne sont pas la reproduction d'un des messages tracés sur les portes).
  39. Cenci Vorlage:P.
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  43. Vergès Vorlage:P., Livet Vorlage:P.
  44. Livet Vorlage:P. Croquis en annexe
  45. La démonstration sera filmée et diffusée, à plusieurs reprises, à la télévision (sur TF1 dans Témoin numéro 1 et Sans aucun doute, sur [[France 2|Vorlage:Souligner]] dans La Marche du siècle)
  46. Cenci Vorlage:P.
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  48. Cenci Vorlage:P. et Vorlage:P., Voir aussi le « Rapport de synthèse des enquêteurs » in Livet Vorlage:P.
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  75. Hypothèse mise en scène dans le film Omar m'a tuer, réalisé par Roschdy Zem et sorti le 22 juin 2011
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  86. Raddad Vorlage:P.. La femme de chambre de Ghislaine Marchal témoignera qu’Omar ne comprenait pas toujours les instructions de sa patronne : Cenci Vorlage:P.
  87. Raddad Vorlage:P.
  88. Raddad Vorlage:P.
  89. Cenci Vorlage:P.. Voir aussi le témoignage d’un ancien employeur d’Omar Raddad, selon lequel il comprenait mal le français : Cenci Vorlage:P..
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  100. - LE ROMAN DU JUGE RENARD, Le Point, Vorlage:Date.
  101. Cenci Vorlage:P.- 63, Livet Vorlage:P..
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  103. Cenci Vorlage:P.
  104. Livet Vorlage:P.
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  106. Les médecins légistes avaient également indiqué que la victime avait les yeux clairs (ce qui est confirmé par les photographies figurant au dossier). Normalement, ce point est important pour situer l'heure de la mort, en effet, lorsqu'une personne décède, ses yeux deviennent opaques au bout de cinq à six heures, huit heures maximum (sauf chez les noyés), il s'agit d'un phénomène physique naturel bien connu, affectant la transparence de la cornée et baptisé par les scientifiques : "le voile glaireux de Winslow".
  107. Livet Vorlage:P. et 234-235.
  108. Livet Vorlage:P.
  109. Hugnet Vorlage:P.
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  111. Cenci Vorlage:P. à 48
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  118. Raddad Note 1 Vorlage:P. citant Libération du 5 septembre 1991 Vergès Vorlage:P.
  119. Raddad Vorlage:P. note 1 citant Libération du 5 septembre 1991
  120. Cenci Vorlage:P., 48, 90-92 et 224-225, Hugnet Vorlage:P. et Raddad Note 1 Vorlage:P. citant Libération du 5 septembre 1991 Moreau Vorlage:P. La description de cette scène est confuse : à la lecture de ce qu’en ont rapporté le Capitaine Cenci, Guy Hugnet, Omar Raddad dans son livre et Jean-Pierre G. interrogé par Libération, on ne comprend pas la configuration des lieux (la disposition de la cour, du hall, de l’interrupteur mentionné, l’emplacement des mobylettes, de la réserve), ni à quel moment telle ou telle personne est montée à l’étage, ni même si l’homme aperçu par Omar Raddad entrait ou sortait de l’immeuble (voir Cenci Vorlage:P. et 91). Ces circonstances auraient dû donner lieu à une reconstitution in situ car, à cette tranche horaire, l’alibi éventuel de l’inculpé en dépendait largement.
  121. Cenci Vorlage:P.
  122. Livet Vorlage:P.
  123. Cenci Vorlage:P., Livet Vorlage:P.
  124. Cenci Vorlage:P.
  125. Un appel confirmé par [[France Telecom|Vorlage:Souligner]], de la cabine 407 rue Franklin-Roosevelt au Cannet à 12 h 51 min 19 s, d'une durée de 2 min 17 s, celle-ci est située à proximité de son domicile, donc à Vorlage:Unité environ de La Chamade et Livet Vorlage:P.
  126. Raddad Vorlage:P.
  127. Cenci Vorlage:P. et 210
  128. Voir le détail de l’itinéraire chronométré dans Livet Vorlage:P.
  129. Livet Vorlage:P.
  130. Livet Vorlage:P.
  131. Cenci Vorlage:P., Livet Vorlage:P., Hugnet Vorlage:P.
  132. Livet Vorlage:P.
  133. Livet Vorlage:P.
  134. Hugnet Vorlage:P.
  135. Cenci Vorlage:P.
  136. Livet Vorlage:P.
  137. Livet Vorlage:P.
  138. Cenci Vorlage:P.
  139. Cenci Vorlage:P.
  140. Cenci Vorlage:P.
  141. Cenci Vorlage:P.
  142. Raddad Vorlage:P.
  143. Cenci Vorlage:P. et 107
  144. Livet Vorlage:P., Raddad Vorlage:P.
  145. Cenci Vorlage:P.
  146. Livet Vorlage:P.
  147. Livet Vorlage:P. et 105
  148. Livet Vorlage:P.
  149. Raddad Vorlage:P.
  150. Livet Vorlage:P.
  151. Raddad Vorlage:P., Cenci Vorlage:P., Livet Vorlage:P..
  152. Rouart Vorlage:P., Cenci Vorlage:P., Livet Vorlage:P.
  153. Cenci Vorlage:P.
  154. Livet Vorlage:P., Cenci Vorlage:P.
  155. Livet p. 128
  156. Raddad p 59, Livet p. 136-137, Cenci p 129.
  157. Cenci p. 232, Hugnet p. 164
  158. Livet p. 127 et 194
  159. Les traces et microtraces dans l'affaire Omar Raddad
  160. Cenci p. 230-233 et 267, Livet p 194-195
  161. Livet p.137 et 197, Cenci p 129
  162. Livet p. 131 et 138  
  163. Cenci p. 59 et 120 et 160, Livet p. 131-132
  164. Hugnet p. 179
  165. Cenci p. 126-127, Livet p. 129
  166. Livet p. 129
  167. Livet p. 139-141
  168. Raddad p. 66-67
  169. Raddad p. 66-68
  170. Livet p. 129
  171. Livet p. 149
  172. Livet p. 139-141
  173. Livet p. 142-143
  174. Livet p. 143, Hugnet p. 170-171. 
  175. Cenci p. 127-129 
  176.  Livet p. 205
  177. Note : il s’agit en fait de l’achat de sa chaine en or par Latifa. C’est le magasin qui a « négocié la vente » de cette chaîne, comme le précise le Capitaine Cenci p. 177, voir aussi Livet p.144
  178. Livet p. 144-145
  179. Livet p. 147- 149
  180. Cenci p. 50
  181. Livet p. 147
  182. « Le procès K-Omar Raddad » sur Canal+ et « Secrets d’actualité » du 20 novembre 2000 sur M6 Cenci p. 330-335
  183. Cenci p. 152
  184. Livet p. 146
  185. Livet p. 147
  186. Livet p. 201-202, Cenci p. 142-144
  187. Livet p. 202, Cenci p. 142
  188. Livet p. 201, Cenci p. 143
  189. Cenci p. 143
  190. Cenci p. 143, Livet p. 202, Vergès p. 83-84
  191. Raddad p 69, Livet p.205
  192. Livet p. 206-208, Raddad p. 72-7
  193. Livet p. 209
  194. Raddad p. 88-90
  195. Raddad p. 83-84
  196. Livet p. 214-216
  197. Livet p. 218
  198. Cenci p. 171
  199. Livet p. 218-219
  200. Cenci p. 172, Haddad p. 174
  201. Livet p. 221
  202. Cenci p. 177
  203. Cenci p. 179-183
  204. Livet p. 221
  205. Raddad p. 114
  206. Livet p. 221-223, Raddad p. 97-98
  207. Raddad p. 114  Au sujet de l’orientation de l’enquête sur les pratiques religieuses d’Omar Raddad, voir aussi Livet p. 223-224.
  208. Livet p. 224
  209. Livet p. 248
  210. Haddad p. 177 et 182,  Livet p. 224-225 et 272
  211. a b c d e Guy Hugnet, « L'affaire Omar Raddad », émission L'Heure du crime sur RTL, Vorlage:Date.
  212. Cenci p. 186
  213. Cenci p. 188, Livet p. 226, Rouart p 134
  214. Cenci p.147-150
  215. Cenci p. 186-187, Livet p. 226
  216. Raddad p. 99
  217. Cenci p. 192
  218. Haddad p. 167-168, Livet p. 227 et 257, Moreau p. 131-133.
  219. Omar p. 99
  220. http://www.contre-enquete-judiciaire.fr/blog/photo-468831-8862993-portrait_du_criminaliste_roger_marc_moreau.html
  221. Rouart p. 143, Cenci p 209-210
  222. Cenci p. 210-215, Livet p. 230-231, Vergès p. 66-67.
  223. Cenci p.93 et 226-227, Livet p. 68-70 et 232
  224. Cenci p. 227, Vergès p. 65-66, Moreau p. 62-63.
  225. Cenci p. 228-231
  226. Cenci p. 236
  227. Haddad p. 199-200, Cenci p. 243
  228. Cenci p. 244-245.
  229. Livet p. 236
  230. Cenci p. 247
  231. Livet p. 230, voir aussi Raddad p. 114-115
  232. Livet p. 220
  233. Cenci p. 249, Livet p. 239-241
  234. Livet p. 241 citant VSD n°858, 10 au 16 février 1994
  235. Livet p. 239
  236. Livet p. 243
  237. Entretien du juge Renard avec Eve Livet Livet p 202, Voir aussi Foucart p 174, Cenci p 251-258
  238. Livet p. 244, Cenci p. 288
  239. Vergès p. 43-51
  240. Livet p. 240-241, Cenci p. 251-258
  241. Vorlage:Lien web
  242. Vorlage:Lien web
  243. « Omar, le récit du témoin qui n'a jamais témoigné selon Salah El-Ouaer : des visiteurs seraient entrés chez Ghislaine Marchal à l'heure où l'autopsie la donnait déjà morte », Libération.
  244. Le Monde, Vorlage:Date.
  245. Des contre-vérités dans l'affaire Omar Raddad, Le Monde, Vorlage:Date.
  246. Vorlage:Article
  247. Vorlage:Lien web
  248. Dominique Conil, Vorlage:Opcit, Vorlage:P.
  249. a b Guy Hugnet, Omar m'a tuer - Affaire Raddad, le vrai coupable, Paris, L'Archipel, 2011.
  250. « Révélations sur la piste oubliée », Le Point, Vorlage:Date.
  251. http://roger-marc.moreau.pagesperso-orange.fr/resu_raddad.htm
  252. L'affaire Omar Raddad : fait nouveau, INA.
  253. http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAB95048812/enquete-omar.fr.html
  254. Vorlage:Article.
  255. « Omar Raddad sort de prison demain », La Dépêche, Vorlage:Date.
  256. http://fides.ifrance.com/html/raddad1.html
  257. http://www.europe1.fr/France/Affaire-Raddad-exploitation-de-l-ADN-533415/
  258. http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/analyses-de-la-derniere-chance-pour-omar-raddad-04-09-2013-3105289.php
  259. Possibilité pour l'avocat qui envisage de « saisir la cour de révision et de réexamen d'une demande en révision de saisir le procureur de la République d'une demande écrite et motivée tendant à ce qu'il soit procédé à tous actes préalables qui leur paraissent nécessaires à la production d'un fait nouveau ou à la révélation d'un élément inconnu au jour du procès ». Source : LOI Vorlage:N° du 20 juin 2014 relative à la réforme des procédures de révision et de réexamen d'une condamnation pénale définitive
  260. Vorlage:Lien web
  261. Vorlage:Lien web
  262. a b Vorlage:Lien web
  263. Vorlage:Article
  264. Vorlage:Article
  265. http://www.police-scientifique.com/omar-raddad/les-expertises-en-%C3%A9criture/
  266. Orthographe et identité
  267. Jacques Bres, Dialogisme et polyphonie : approches linguistiques
  268. Vorlage:Article.