Québec-Bashing
Le Québec bashing est une attitude de dénigrement du Québec et, plus particulièrement, des francophones et des nationalistes qui y vivent. Cette attitude s'exprime surtout dans le monde anglo-saxon, plus spécifiquement dans la presse canadienne d'expression anglaise. Elle est aussi parfois adoptée au sein même du Québec de la part de certains fédéralistes canadiens, principalement anglophones, mais parfois francophones.
Ce dénigrement peut prendre plusieurs incarnations. Dans ses formes les plus virulentes, il consiste en des attaques ad hominem associant les Québécois, ou certains d'entre-eux, à des nazis, talibans, terroristes ou à d'autres formes d'extrémisme. De façon générale, ces détracteurs fondent leurs jugements sur la propagande de paradigmes et des théories sociales qui assimilent, sans mesure ni réserve, la défense des intérêts collectifs de la société et du peuple québécois à du fanatisme, de l'intégrisme ou du sectarisme.
Définition et fondements
Le Dictionnaire québécois-français propose comme équivalents à cette expression franglaise : « dénigrement systématique du Québec », « critiques anti-Québec », « cassage de Québécois » ou « québécophobie », mais c'est le terme Québec bashing qui paraît de loin être le plus utiliséVorlage:Refnec. Bien que l'expression suive les règles d'usage de l'anglais, elle est surtout utilisée en français, dans des textes et des déclarations publiques de journalistes, de personnalités politiques et d'intellectuels québécois.
Dans un article publié en 1999 et dans une version anglaise remaniée l'année suivante[1], la sociologue québécoise Maryse Potvin analyse quatre « dérapages racistes » répertoriés durant la période 1995-1998. Elle explique d'abord que presque toutes les représentations nationales comportent deux fondements. D'une part, elles relèvent « [d']une certaine dose d’universalisme, fondée sur la Raison et sur l'idée d'un contrat civique »; et d'autre part elles s'appuient sur « une dose d’ethnicisme, voire même de "tribalisme" », fondées sur un ancrage historique et la conviction d'une culture commune[2].
Selon Potvin, au Canada, les visions nationales canadienne et québécoise sont en concurrence, ce qui a pour effet de susciter des tensions. L'évolution parallèle des deux visions nationales ont imprégné les rapport politiques entre les Québécois eux-mêmes et entre les Québécois et les autres Canadiens d’une conception essentialiste du «Nous» et de « l’Autre »[3].
Jadis fondées sur un rapport de domination économique, sociale et politique, les relations entre la minorité franco-catholique, principalement établie au Québec, et la majorité anglo-protestante[4] ont évolué vers un modèle de concurrence avec la montée du mouvement en faveur de la souveraineté du Québec à compter des années 1960. Depuis, l'évolution de la situation politique au Québec et au Canada a créé « une concurrence politique entre les deux ambitions universalistes [qui] met souvent à jour une décomposition des idéaux universalistes en discours idéologiques ethnicisants »[3]
Appuyant son analyse sur les travaux d'Albert Memmi sur le racisme contemporain, elle dégage de son étude de quatre incidents une série de caractéristique de ces « dérapages ethnicisants » :[5]
- l’usage d’arguments «universalistes», à des fins de délégitimation de l’Autre.
- leurs modes discursifs de racisation.
- leur usage des mécanismes «classiques» du racisme, c’est-à-dire la diabolisation et l’essentialisation de l’accusé.
- l’accusation par l’idée du complot, la généralisation à l’ensemble d’une population.
- la naturalisation de ses différences (réelles ou imaginaires) de langue, de culture ou de mode de vie.
- la légitimation et la justification de son statut, de sa situation, de sa négation ou éventuellement, de son agression.
Thèmes récurrents
Certains thèmes récurrents se dégagent des critiques formulées à l'endroit du Québec dans des épisodes de Québec bashing. On peut les regrouper en quelques grandes catégories:
- Un certain nombre de propos relevant du Québec bashing soutiennent qu'il existe au Québec un fort courant de racisme et de discrimination à l'endroit des Québécois anglophones, des autochtones et des minorités parce que le gouvernement du Québec impose le français comme langue commune, par le biais de la Charte de la langue française. L'organisme public responsable de faire respecter la Charte, l'Office québécois de la langue française, y est décrit comme une « police linguistique » et condamné pour ce que ces auteurs qualifient d'« oppression » des minorités anglophone et allophone.Vorlage:Refnec
- Des auteurs affirment qu'un fort sentiment antisémite a animé le Québec au cours de la première moitié du Vorlage:S- et que ce sentiment explique l'évolution sociale et politique du Québec contemporain. Ces allégations sont souvent fondées un amalgame de certains écrits polémiques du prêtre et historien nationaliste Lionel Groulx et du leader fasciste Adrien Arcand dans les années 1920 et 1930[6]. Par extension, on assimile la société québécoise contemporaine, son gouvernement provincial, le mouvement souverainiste du Québec et l'idéologie fasciste, en particulier avec lenational-socialisme[7].
- Certains auteurs arguent de la supériorité des Canadiens d'expression anglaise ou des conceptionsanglo-saxonnes de la démocratie, de la liberté individuelle ou du multiculturalisme[8]. On y dépeint le Québec comme une société déficiente sur le plan économique, aux prises avec une corruption endémique et dominée par le népotisme, conséquence d'un interventionnisme de l'État québécois jugé excessif.
- D'autres auteurs s'attaquent aussi aux leaders politiques québécois. Durant les années 1990, les anciens premiers ministres du QuébecJacques Parizeau et Lucien Bouchard ont été qualifiés de criminels[9]Vorlage:,[10], associés à des dictateurs de la trempe de Pol Pot[11] ou même auDiable[12].
Notes et références
Annexes
Bibliographie
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Articles connexes
Lien externe
- Quebec bashing : morceaux d'anthologie par Patrick Bourgeois