
La bombarde est un instrument de musique à vent de la famille des hautbois, employé dans la musique traditionnelle bretonne. En breton l'instrument s'appelle ar vombard ou an talabard. Un joueur de bombarde s'appelle donc un talabarder ("talabardeur"). La bombarde a un son clair et puissant, qui porte loin.
Historique
La bombarde faisait autrefois partie d'une vaste famille d'instruments à vent semblables. Comme le biniou, il s'agit d'un instrument non tempéré. Afin d'accorder une bombarde et un biniou ou deux bombardes entre elles, il fallait les tailler dans le même arbre. Sinon, comme ces instruments ne sont pas tempérés, leurs harmoniques différaient et l'ensemble ne sonnait pas juste. D'ailleurs, pour un joueur de musique classique, même accordés, ces instruments ne sonnent pas juste.
À partir de la Renaissance, on a « stabilisé » ou standardisé la gamme du solfège. On a cherché à obtenir des instruments justes. Le hautbois est l'instrument issu de la correction progressive des instruments à vent traditionnels afin d'obtenir un instrument tempéré (c’est-à-dire sonnant juste).
Les anciens instruments à vent traditionnels furent encore utilisés parallèlement au hautbois avant de disparaître, à l'exception notable (mais pas seulement) de la bombarde qui a survécu en Bretagne.
La bombarde est donc au hautbois ce que le biniou est au uilleann pipe, la version ancienne et non tempérée d'un instrument aujourd'hui tempéré.
L'instrument
L'instrument se compose de trois partie : l'embouchure, le fût ou corps, et le pavillon.
- le fût, légèrement conique, droit, est percé de 6 ou 7 trous (ou plus avec l'ajout de clefs) en façade.
- le pavillon, taillé dans une autre pièce du même bois, est de forme évasée, et reçoit l'extrémité inférieure du fût.
- l'embouchure reçoit l'anche, qui sera pincée par les lèvres du talabarder (joueur de bombarde).
Le fût est tourné dans un bois dur, le buis, le poirier, le gaïac, le pallissandre ou l'ébène, et peut être ornementé de cerclages en étain, de corne, de bois différents, ou même d'ivoire.
Le joueur souffle dans une anche double enfichée au sommet du fût.
Sa tonalité est généralement en si bémol, sur deux octaves (diatoniques), la même tonalité que la cornemuse écossaise telle qu'elle existe en Bretagne (la tonalité de la cornemuse en Écosse est en la, soit un demi-ton en-dessous). Il existe des bombardes dans plusieurs tonalités (Fa, Sol, Sol#, La, Sib, Si, Do, Ré), suivant le terroir que l'on désire interpréter.
L'instrument est joué en couple (en duo avec le biniou kozh ou le biniou braz – cornemuse écossaise) pour accompagner les danses bretonnes[1]. C'est aussi un des principaux instruments d'un ensemble appelé bagad, composé de trois pupitres (bombardes / biniou braz / caisses claires et percussions) ; plus rarement on le trouve aussi accompagné par un orgue dans des représentations plus concertantes.
Le duo traditionnel biniou kozh / bombarde inspire son jeu de la manière de chanter des chanteurs de kan ha diskan (chant à répondre) dans lequel le chanteur principal (kaner) chante une phrase qui est répétée par le ou les autres chanteurs (diskaner). Dans ce type de morceau, la bombarde tient le rôle du chanteur principal alors que le biniou joue en permanence en accompagnant la bombarde. Il faut noter que le biniou kozh sonne une octave plus haut que la bombarde[2].
Dans le duo biniou braz / bombarde, apparu plus récemment sous l'influence des bagadoù, les deux instruments jouent dans la même tessiture.
La bombarde exige beaucoup de souffle et un talabarder peut rarement jouer longtemps. C'est pourquoi les phrases musicales sont courtes et répétées : la bombarde joue une phrase musicale, puis l'instrumentiste se tait (temps de récupération) pendant que d'autres instruments répètent la phrase musicale.
Concours
La pratique des concours est très enracinée dans l'activité des sonneurs de couple. Chaque pays a instauré son propre concours, où les sonneurs se confrontent en trois épreuves: mélodie, marche et danse.
Les meilleurs sonneurs de couple se retrouvent le premier dimanche de septembre à Gourin pour participer au Championnat de Bretagne. La première édition s'est tenue en 1955 à l'initiative de l'abbé Le Poulichet de Gourin, qui a pris contact avec l'association Bogadeg Ar Sonerion pour ajouter au traditionnel pardon de la Saint-Hervé une procession de sonneurs[3]. En 1957, Polig Montjarret[4] propose au maire de Gourin d'organiser chaque année autour du pardon un concours de sonneurs, auquel Bogadeg Ar Sonerion fournit un règlement et un jury. Depuis 1993, le championnat se déroule à Gourin sur le site de Tronjoly. Plusieurs milliers de connaisseurs y assistent.
Quelques sonneurs
Quelques luthiers
- Hervieux & Glet
- Jorj Bothua
- Youenn Le Bihan
- Dorig Le Voyer
- Hervé Jézequel
- Yvon Le Coant
- Jil Lehart
- Jean Capitaine
- Jean-Luc Ollivier
- Rudy Le Doyen
- Paul Larivain
Références
- ↑ Musique Bretonne: Histoire des sonneurs de tradition, ouvrage collectif rédigé sous l'égide de la revue ArMen, Le Chasse-Marée / Armen, 1996, ISBN 2.903708.67.3
- ↑ Yves Castel, Sonerien daou ha daou (Méthode de biniou et de bombarde), Ed. Breizh Hor Bro, 1980
- ↑ Gourin, un demi-siècle de championnat, Revue Ar Soner, n°382, 4ème trimestre 2006
- ↑ Polig Monjarret 1920-2003, numéro spécial de la revue Ar Soner, n°372, Janvier/Février 2004
Liens externes
- Panorama de la musique bretonne
- Trombinoscope des sonneurs
- Tamm Kreiz
- Festival de bombarde de Cléguérec
- Page documentaire consacrée à la bombarde
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