Voir la source de Patate douce

{{voir homonymes|Patate}}
{{sous-titre/Taxon|ns1=Ipomoea batatas}}
{{Taxobox début | végétal | ''Ipomoea batatas'' | Ipomoea batatasL ja01.jpg | Tubercules fraîchement récoltés. | classification=Cronquist }}
{{Taxobox | sous-règne | Tracheophyta|Tracheobionta }}
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{{Taxobox image | Image:Pomme de terre sucrée Flore d'Amérique pl 163.jpg| Illustration botanique, [[Étienne Denisse]] : ''Flore d'Amérique, dessinée d'après nature sur les lieux'', Paris 1843.}}
{{Taxobox image | Image:Franz Joseph Märter Sweet potato 1797.jpg | Illustration botanique, Franz Joseph Märter : ''Naturgeschichte der Bataten (…) Schaumburg'', Vienne 1797.}}
{{Taxobox fin}}

'''''Ipomea batatas''''',  ou '''patate douce''' {{prononciation|LL-Q150 (fra)-X-Javier-patate douce.wav}} est une [[espèce]] de [[plante]]s [[Magnoliopsida|dicotylédones]] de la [[Famille (biologie)|famille]] des ''[[Convolvulaceae]]'', [[Tribu (biologie)|tribu]] des ''[[Ipomoeeae]]'', vraisemblablement originaire d'[[Amérique]] [[Tropique|tropicale]]. C'est une [[plante herbacée]] [[Plante vivace|vivace]] dont la culture est très répandue dans toutes les régions tropicales et [[Zone subtropicale|subtropicales]], où on la cultive principalement pour ses [[tubercule]]s (racines tubérisées) comestibles, riches en [[amidon]].

Le terme « patate » désigne aussi par [[métonymie]] les tubercules produits par cette plante. La patate est un [[cultigène]] hexaploïde, inconnu à l'état sauvage, ou dit autrement, « la patate douce cultivée de nos jours est un organisme naturellement transgénique sélectionné par l'agriculture vivrière traditionnelle il y a plusieurs millénaires »<ref name=lux>{{Lien web |langue=fr |titre= La patate douce, un "OGM naturel" |url= https://ogm.public.lu/fr/informations-generales/histoire-des-ogm/patate_douce.html|date= |site=site OGM du Commissaire du gouvernement à la qualité, à la fraude et à la sécurité alimentaire du Luxembourg |consulté le=1 février 2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Tina|nom1=Kyndt|prénom2=Dora|nom2=Quispe|prénom3=Hong|nom3=Zhai|prénom4=Robert|nom4=Jarret|titre=The genome of cultivated sweet potato contains Agrobacterium T-DNAs with expressed genes: An example of a naturally transgenic food crop|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|volume=112|numéro=18|date=2015-05-05|issn=0027-8424|issn2=1091-6490|pmid=25902487|doi=10.1073/pnas.1419685112|lire en ligne=http://www.pnas.org/content/112/18/5844|consulté le=2017-12-07|pages=5844–5849}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Alain Bonjean |titre=La patate douce, un OGM naturel fort apprécié |url=https://leschroniquesduvegetal.wordpress.com/2023/12/21/la-patate-douce-un-ogm-naturel-fort-apprecie/ |site=La chronique du végétal |date=21/12/2023 |consulté le=22/02/2024}}.</ref>. 

Avec une production annuelle de 113 Mt (2017), récoltées sur plus de 9 millions d'hectares, la patate douce est la septième production agricole au niveau mondial, après le [[blé]], le [[riz]], le [[maïs]], la [[pomme de terre]], l'[[Orge commune|orge]] et le [[manioc]]. La [[Chine]] est de loin le premier pays producteur avec 72 Mt (64 %). La patate douce est consommée principalement dans les [[pays en développement]], où elle est parfois un [[aliment de base]], par exemple en [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], dans les [[îles Salomon]] et dans certains pays d'[[Afrique de l'Est]] ([[Burundi]], [[Ouganda]], [[Rwanda]])<ref name="consensus">{{Lien web |langue=en |titre=Consensus Document on Compositional Considerations for New Varieties of Sweet Potato [Ipomoea batatas (L.) Lam.]: Key Food and Feed Nutrients, Anti-nutrients, Toxicants and Allergens |url=https://www.oecd.org/env/ehs/biotrack/46815326.pdf |site=OECD Environment, Health and Safety Publications Series on the Safety of Novel Foods and Feeds |éditeur=[[OECD]] |date=2 juin 2010 |consulté le=9 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Serge Trèche |titre=Tropical root and tuber crops as human staple food |url=https://www.researchgate.net/publication/32971380_Tropical_root_and_tuber_crops_as_human_staple_food |éditeur=IRD |date=janvier 1996 |consulté le=9 octobre 2019}}.</ref>. La patate douce est aussi utilisée en [[alimentation animale]], notamment pour l'élevage des [[porc]]s. En Chine, c'est le principal débouché (60 à 70 %) de la production de patates douces, la consommation des [[Tubercule|tubercules]] frais (environ 10 %) s'étant effondrée avec l'urbanisation de la population et l'élévation du niveau de vie, tandis qu'une part croissante des tubercules est transformée en farine et en [[fécule]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=James Lang, Hubert G. Zandstra, Hubert G. Zandstra|titre=Notes of a Potato Watcher : numéro 4 de Texas A & M University agriculture series|éditeur=Centre international de la pomme de terre (CIP)|année=2001|pages totales=365|isbn=978-1-58544-138-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Lg9x_p2grM4C&printsec=frontcover}}.</ref>.

== Origine et diffusion ==
=== Recherches archéologiques et linguistiques ===
L'origine de la patate douce a été longtemps controversée. Bien que cette plante soit inconnue à l'état sauvage, il est maintenant admis qu'elle est originaire des [[Amériques]]. Elle se serait diversifiée à partir de deux zones, un centre principal entre la [[péninsule du Yucatán]] et le [[bassin de l'Orénoque]] au [[Venezuela]] où elle aurait été domestiquée vers 4500 av. J.-C., puis elle s'est répandue dès 2500 avant J.-C. dans la [[cordillère des Andes]] et dans les [[Antilles]]. La plus grande [[diversité génétique]], d'après l'étude des [[Marqueur moléculaire|marqueurs moléculaires]], se trouve en [[Amérique centrale]], soutenant l'hypothèse que cette région est le principal [[centre de diversité]] et très probablement le centre d'origine de la patate douce<ref>{{chapitre|langue=en|titre ouvrage=The sweetpotato | titre= Origin, Distribution and Economic Importance|auteur ouvrage=Gad Loebenstein, George Thottappilly |auteur=Gad Loebenstein|passage=9-12 |pages totales=522 | collection= Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media |isbn=9781402094750 |date=2009 }}.</ref>.
[[Fichier:Dispersion de la patate douce01.svg|vignette|redresse=2|Voies de dispersion de la patate douce.]]

[[Fichier:Camotemuseolarco.jpg|vignette|redresse|gauche|Poterie de la culture [[Moche (culture)|''Mochica'']] (vers 500) ornée de représentations de la patate douce ([[Musée Larco]], [[Lima]]).]]
[[Fichier:Tomb of Noguni Sokan (Kadena).jpg|vignette|redresse|gauche|Tombe de Noguni Sokan, à Kadena. Noguni Sokan introduit la patate douce dans les [[Archipel Ryūkyū|îles Ryūkyū]] en 1605 en provenance de Chine<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Michael Schoonover |titre=The Okinawan Sweet Potato and Sugar Cane Save Ryukyu |url=http://www.okinawanatheart.com/2014/04/the-okinawan-sweet-potato-and-sugar.html |site=A blog about Okinawan history, culture and people |date=2 avril 2014 |consulté le=7 octobre 2019}}.</ref>.]]

Les plus anciens restes archéologiques de tubercules de patate douce ont été trouvés au [[Pérou]] dans le [[vallée de Chilca|canyon Chilca]] (voir sites du {{lien|langue=es|trad=Chilca (Pueblo 1)}} et du {{lien|langue=es|trad=Cerro Paloma}}). Ils sont datés, grâce au [[datation par le carbone 14|carbone 14]], de 8 000 à 6 000 ans avant J.-C., mais il n'est pas certain qu'ils proviennent de plantes domestiquées. Les premiers restes de tubercules indiscutablement cultivés proviennent de la [[vallée de Casma]], également au Pérou, et datent de l'[[Art des Andes centrales#La Néolithisation : période précéramique|époque précéramique]], soit environ 2 000 ans avant J.-C.<ref name=woolfe>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jennifer A. Woolfe|titre=Sweet Potato|sous-titre=An Untapped Food Resource|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1992|pages totales=643|passage=15-18|isbn=978-0-521-40295-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=_MWmIDzNMSYC&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name="Encyclopédie des plantes alimentaires">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Michel Chauvet |titre=Encyclopédie des plantes alimentaires |lieu=Paris |éditeur=[[Belin éditeur|Belin]] |année=2018 |pages totales=878 |isbn=978-2-7011-5971-3 |consulté le=26/09/2018 |titre chapitre=Convolvulacées}}.</ref>.

Selon des analyses génétiques<ref name="roullier" />, la patate douce serait arrivée en [[Polynésie]] centrale vers 1100, puis en [[Nouvelle-Zélande]] et à [[Hawaï]]. Elle était déjà présente quand les explorateurs européens y sont arrivés, notamment [[James Cook]] qui rencontra lors de ses voyages des sociétés cultivant déjà la patate douce dans l'[[île de Pâques]], à [[Hawaï]] et dans l'[[île du Nord]] en Nouvelle-Zélande<ref>{{article|langue=en|auteur=Tim Denham|titre=Ancient and historic dispersals of sweet potato in Oceania|revue=Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)|volume=110|numéro=6|date=5 février 2013|doi=10.1073/pnas.1221569110|url=https://pdfs.semanticscholar.org/8bb4/f2c5faefe3e0994a8b5a107c1630d2fcc951.pdf}}.</ref>.

Des considérations linguistiques, confirmées par des données génétiques, montrent que la patate douce s'est diffusée dans le monde selon trois voies<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=D.P. Zhang, M. Ghislain, Z. Huamán, J.C. Cervantes & E.E. Carey |titre=AFLP Assessment of Sweetpotato Genetic Diversity in Four Tropical American Regions |url=http://www.sweetpotatoknowledge.org/wp-content/uploads/2015/10/AFLP-Assessment-of-Sweetpotato-Genetic-Diversity-in-Four-Tropical-American-Regions.pdf |site=www.sweetpotatoknowledge.org |éditeur=Centre international de la pomme de terre (CIP) |date=1998 |consulté le=10 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name=woolfe/>.
# La voie « ''kumara'' », d'après le terme désignant la patate douce en [[quechua]] et dans les [[langues polynésiennes]] et [[Maori de Nouvelle-Zélande|maories]], est un transfert de la patate douce entre le nord de l'[[Amérique du Sud]] et l'est de la Polynésie ([[îles Marquises]]) datant de l'époque précolombienne probablement entre 1000 et 1100 après J.-C.<ref name="roullier">{{article|langue=en|auteur=Caroline Roullier, Laure Benoit, Doyle B. McKey et Vincent Lebot|titre=Historical collections reveal patterns of diffusion of sweet potato in Oceania obscured by modern plant movements and recombination|revue=Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)|volume=110|numéro=6|jour=05|mois=février|année=2013|date=|doi=10.1073/pnas.1211049110|url=https://www.pnas.org/content/110/6/2205|pages=2205-2210}}.</ref>. Ce transfert a pu être effectué par des voyageurs péruviens ou plus probablement polynésiens. De la Polynésie, la plante a ensuite été répandue dans les îles du Pacifique jusqu'à Hawaï, l'île de Pâques et la Nouvelle-Zélande.
# La voie « ''batata'' », d'un terme emprunté par les [[Espagne|Espagnols]] au [[Taïno (langue)|taïno]], a commencé au retour du premier voyage de [[Christophe Colomb]] en [[1493]] qui a introduit la patate douce en Europe occidentale. Elle est par la suite cultivée en Europe, essentiellement dans le sud de l'Europe<ref name="quae">{{Ouvrage|langue = français|titre = Petite et Grande Histoire des légumes|collection = Carnets de sciences|éditeur = [[Éditions Quæ|Quæ]]|auteur = Éric Birlouez|isbn = 978-2-7592-3196-6|pages totales = 175|année = 2020|présentation en ligne = https://www.quae.com/produit/1648/9782759231973/petite-et-grande-histoire-des-legumes|partie = Légumes d'antan et d'ailleurs|titre chapitre = La Patate douce : une douceur tropicale cosmopolite|passage =161-164}}.</ref> ; dans le reste de l'Europe et notamment en France son succès est intermittent, le légume étant apprécié par des personnalités influentes comme {{souverain2|Louis XV}} ou [[Joséphine de Beauharnais]] sans pour autant s'implanter solidement sur le territoire<ref name="quae"/>. Par la suite, les explorateurs [[Portugal|portugais]] ont transporté ces tubercules cultivés dans l'Europe méditerranéenne vers l'[[Afrique]], l'[[Inde]] et les [[Antilles]].
# La voie « ''kamote'' » (nom de la patate douce en [[tagalog]]<ref>{{Lien web | titre= ''kamote'' | url = https://fr.glosbe.com/tl/fr/kamote | site = Dictionnaire Tagalog - Français - Glosbe | consulté le = 10 octobre 2019}}.</ref>, de ''camotli'', terme emprunté à la langue [[nahuatl]] des [[Aztèques]]) consiste en un transfert direct au {{s|XVI}} de patates douces mexicaines vers les [[Philippines]] par les [[galion]]s de commerce espagnols entre [[Acapulco]] et [[Manille]]. Des Philippines, où elle a pris un essor considérable, la patate douce a ensuite été introduite en [[Chine]] dès 1594, puis au [[Japon]] en 1605<ref name=" Encyclopédie des plantes alimentaires"/>{{,}}<ref name="quae"/>.

=== Histoire de la découverte par les Européens ===
Les témoignages des premiers explorateurs européens de l'Amérique indiquent que la patate douce était consommée partout dans l'Amérique tropicale et subtropicale sur une aire plus étendue que son aire d'origine.

Lorsque [[Christophe Colomb]] débarque en 1492 en Amérique sur l'île d'[[Hispaniola]] (aujourd'hui Saint-Domingue), il signale que les habitants, {{Citation|très doux et très craintifs}}, cultivent des racines tubéreuses qu'ils nomment ''mames'' (d'après [[Bartolomé de las Casas|Las Casas]]<ref name=ferrao>{{Ouvrage
| titre = Le voyage des plantes et les Grandes Découvertes ({{sp-|XV|e|-|XVII|e}}s)
| éditeur =Chandeigne
| auteur = José E. Mendes Ferrão
| année =2020
| pages = 284
}}</ref>). Les explorateurs espagnols la rapportent en Espagne.

En 1516, l'historien italien au service de l'Espagne [[Pierre Martyr d'Anghiera]] les décrit sous le nom de ''batatas'' :

{{Citation bloc|Les indigènes (de [[Santa María la Antigua del Darién|Darién]]) les nomment ''batatas''. Quand je les ai vues, je les ai prises pour des navets milanais ou de gros champignons. Quelle que soit la façon dont on les mange, rôties ou bouillies, ces ''batatas'' quand elles sont amollies par la cuisson, ne le cèdent à aucune friandise et à vrai dire à aucun aliment.|{{IIe}} Decada, ''De Orbe Novo'', 1516.}}

[[Fichier:Hetich Thevet 1557 53r.png|thumb|upright=0.80|''Ipomoea batatas'' nommée ''hétich'' (d'après ''jéty'' en [[langues tupi|tupi]]) selon [[André Thevet]], 1557.]]
En [[1524]], [[Giovanni da Verrazzano|Giovanni de Verrazzano]], accostant [[La Dauphine (vaisseau)|la Dauphine]] à [[Baie de Casco|Casco Bay]] près de [[Portland (Maine)|Portland]] dans le [[Maine (États-Unis)|Maine]], découvre {{Citation|des fruits qui sont des sortes de racines que la terre produit d'elle-même}}<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Jacques Hebert|titre=Verrazane|lieu=Paris|éditeur=Perrin|année=1993|pages totales=258|passage=139}}.</ref>.

En 1557, l'écrivain géographe [[André Thevet]], qui a séjourné en 1555-1557 dans la [[baie de Rio de Janeiro]], fournit un témoignage essentiel sur le peuple [[Tupinamba]] dans son ouvrage ''[[Les Singularitez de la France antarctique]]''. Il consacre un long passage sur la patate douce qu'il nomme ''hétich'' (d'après ''jéty'' en langue [[Langues tupi|tupi]]). Alors qu'il interroge les indigènes sur leur croyance en un Dieu, il obtient un récit mythologique :

{{Citation bloc|Si on leur tient propos de Dieu, comme quelquefois j’ai fait, ils écoutent attentivement avec une admiration et demanderont si ce n’est point ce prophète qui leur a enseigné à planter leurs grosses racines qu’ils nomment ''hétich'' [''jéti'' en tupi]. Et ils tiennent de leurs pères qu’avant la connaissance de ces racines, ils ne vivaient que d’herbes comme des bêtes, et de racines sauvages. Il se trouva, comme ils disent, en leur pays un grand Caraïbe, c’est-à-dire prophète, lequel s’adressant à une jeune fille, lui donna certaines grosses racines, nommées ''hétich'', étant semblables aux naveaux limousins, lui enseignant qu’elle les mit en morceaux puis les planta en terre ; ce qu’elle fit et depuis ont ainsi de père en fils toujours continué. Ce qui leur a bien succédé, tellement qu’à présent ils en ont en si grande abondance qu’ils ne mangent guère autre chose ; et leur est cela commun ainsi que le pain à nous.|''Les Singularitez de la France antarctique''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Thevet|titre=Les singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique, & de plusieurs terres & isles découvertes de nostre temps : par F. André Thevet, natif d'Angoulesme|éditeur=imprimerie de Christophe Plantin|année=1558|consulté le=2019-02-03|lieu=Anvers}}, {{Gallica |n=bpt6k1041773w}} et [https://archive.org/details/lessingularitezd00thev/page/114/mode/1up Sur archive.org].</ref>, chap 28.}}

Le prophète leur a enseigné le mode de [[multiplication végétative]] de la patate douce en coupant en morceaux les tubercules, en les plaçant sur la terre avec le côté avec la peau au-dessus, chaque morceau produisant un jeune plant.

La patate douce est une culture essentielle des peuples américains tropicaux qui s'est vite diffusée hors de son aire initiale. L'usage quasi général de propagation par voie végétative a fait que de nombreux cultivars ne fleurissent plus<ref name=ferrao/>.

Dès le {{s-|XVI}}, les Portugais l'importent en Europe pour tenter de la cultiver. Ils commencent par les [[Açores]] où elle est encore produite de nos jours. Ils l'introduisent aussi très tôt sur l'île de [[Sao Tomé-et-Principe|Sao Tomé]] (dans le [[golfe de Guinée]]). Depuis cette île, la patate douce pénètre sur le continent africain et se diffuse rapidement.

La patate douce est signalée à [[Taïwan (île)|Formose]] en 1594, en Inde méridionale en 1605 puis au Japon en 1608, probablement introduite par les Portugais. Les Espagnols l'introduisent aux Philippines<ref name=ferrao/>.

Les historiens et les linguistes soupçonnent depuis longtemps que la patate douce américaine ait pu gagner certaines îles du Pacifique depuis l'Amérique, avant l'arrivée des Européens.

Cette hypothèse a été bien corroborée par les études génétiques menées par Caroline Roullier<ref name=roullier/> qui s'appuient sur l'analyse des herbiers européens du {{s-|XVIII}}. L'introduction des patates douces par les Portugais par l'ouest et par les Espagnols par l'est ont brouillé chez les plantes actuelles les traces de cette première migration.

== Étymologie ==
=== Nom commun ===
[[Fichier:Illustration of Batata Hispanorum Wellcome L0064344.jpg|vignette|redresse|Première illustration de la patate douce, sous le nom de ''Batata hispanorum'' (''The herball or generall historie of plantes'', [[John Gerard]]e, 1597).]]

Le terme « patate » est attesté en français sous la forme « pattates » et présenté comme un mot indigène dans ''La reprinse de la Floride'', par le capitaine [[Dominique de Gourgues|Gourgue]], en 1567<ref>{{Lien web |auteur=Rob. Leprevost |titre=La reprinse de la Floride par le capitaine Courgue [1567]. [Manuscrit] / [signé : Rob. Leprevost] |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109499d/f12.image |site=Gallica |année=15.. |consulté le=13 novembre 2019}}.</ref>. Le terme est emprunté en 1528 à l'[[espagnol]] « ''patata'' », qui désignait à l'époque ''Ipomoea batatas'', lui-même emprunté au [[Taïno (langue)|taïno]] « ''batata'' » (le taïno étant un sous-groupe des langues [[arawaks]])<ref name=cnrtl>{{Lien web | titre = ''PATATE : Définition de PATATE'' | url = https://cnrtl.fr/definition/patate | site = cnrtl.fr | consulté le = 13 novembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=es |titre=Lengua Arawak |url=https://pueblosoriginarios.com/lenguas/arawak.html |site=pueblosoriginarios.com |consulté le=10 novembre 2019}}.</ref>. L'origine du terme [[espagnol]] « ''patata'' », qui désigne actuellement la pomme de terre en [[Espagne]], n'est pas claire. Certains auteurs considèrent que c'est un « croisement » entre ''papa'', nom de la pomme de terre en [[quechua]], et ''batata'', un des noms caribéens de la patate douce<ref>{{Lien web | langue = es | auteur = RAE | titre = ''patata'' Diccionario de la lengua española | url = https://dle.rae.es/patata | site = Diccionario de la lengua española - Edición del Tricentenario |éditeur= Real Academia Española | consulté le = 13 novembre 2019}}.</ref>.

Le mot « patate » désigne proprement le tubercule de ''Ipomoea batatas''. Toutefois, il est d'usage d'ajouter l'adjectif « douce » pour ne pas la confondre avec la [[pomme de terre]], qui est couramment appelée « patate » dans un [[registre familier]] ou régionalement ([[Canada]])<ref name=cnrtl/>.

=== Nom scientifique ===
* Le [[Nom binominal|nom générique]], ''Ipomoea'', dérive de deux racines [[Grec ancien|grecques]], ἴψ, ἰπός (''íps, ipós''), « genre de ver », et ὅμοιος (''homoios''), « semblable », en référence au port volubile des tiges<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Umberto Quattrocchi|titre=CRC World Dictionary of Medicinal and Poisonous Plants : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology (5 Volume Set)|lieu=Boca Raton|éditeur=[[CRC Press]]|année=2012|pages totales=3960|passage=2082|isbn=978-1-4200-8044-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=YC_lAgAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.
* L'[[épithète spécifique]], ''batatas'', est un adjectif de [[latin]] botanique signifiant « patate », emprunté à une [[Langues caribes|langue caraïbe]] par l'intermédiaire de l'espagnol.
== Description ==
=== Appareil végétatif ===
[[Fichier:Sweet potato field in Namegata, Ibaraki 04.jpg|vignette|Port de la plante très étalé dans un champ de patates douces.]]
[[Fichier:Ipomoea batatas Morphologie des feuilles.jpg|vignette|Diversité morphologique des feuilles<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Wilfred W. Robbins|titre=The Botany of Crop Plants|sous-titre=A Text and Reference Book|lieu=Philadelphia|éditeur=P. Blakiston|date=2017}}.</ref>.]]
''Ipomoea batatas'' est une [[plante herbacée]] [[Plante vivace|vivace]], qui est cultivée comme une [[plante annuelle]] par [[multiplication végétative]], généralement en utilisant des [[Bouturage|boutures]]. Le [[Port (botanique)|port de la plante]] est principalement prostré, avec des tiges rampantes qui se développent horizontalement sur le sol. Selon les cultivars, le port peut être dressé, semi-dressé, étalé et très étalé<ref name="Zosimo Huaman"/>.
Le [[Racine (botanique)|système racinaire]] se compose de racines fibreuses, qui assurent les fonctions d'absorption des nutriments et de l'eau, et de racines de stockage latérales, qui se tubérisent et stockent les produits issus de la photosynthèse. Chez les plantes obtenues par multiplication végétative, ce sont des [[Organe adventif|racines adventives]] qui se développent en racines fibreuses primaires, ramifiées ensuite en racines latérales. Avec la croissance de la plante, certaines racines du diamètre d'un crayon se lignifient. D'autres racines, non lignifiées et charnues, s'épaississent pour former des racines de stockage. Les plantes nées de semences véritables forment une racine typique, avec un axe central à ramifications latérales. Plus tard, l'axe central sert de racine de stockage<ref name="Zosimo Huaman"/>.

[[Fichier:Ipomoea batatas leaf.jpg|vignette|gauche|redresse|Feuille.]]
[[Fichier:Starr-080608-7436-Ipomoea batatas-leaves-Water plant Sand Island-Midway Atoll (24916219825).jpg|vignette|gauche|redresse|Feuilles ([[Hawaï]]).]]
Les [[tige]]s, lisses ou finement cannelées, glabres ou plus ou moins pubescentes, ont une longueur variable selon les cultivars et la disponibilité en eau du sol. Les cultivars à port dressé ont des tiges d'un mètre de long environ, tandis que chez les cultivars étalés, les tiges peuvent avoir plus de 5 m de long et s'enracinent aux nœuds. Leur diamètre varie de quelques millimètres à plus d'un centimètre<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Lucien Degras|titre=La patate douce|éditeur=Maisonneuve & Larose|collection=Le technicien d'agriculture tropicale|année=1998|pages totales=166|passage=17|isbn=978-2-7068-1286-6}}.</ref>. La couleur des tiges varie du vert au rouge-violet selon leur âge et la présence variable d'[[anthocyane]]s<ref name="Zosimo Huaman"/>.

Les [[feuille]]s, simples et alternes, pétiolées, sont disposées en spirale sur la tige selon une [[phyllotaxie]] 2/5 (angle de 144° entre deux feuilles successives). Le [[pétiole]] est relativement long (4 à 15 cm). Selon le cultivar, le [[limbe foliaire]], à nervation palmée, de forme très variable, mais habituellement plutôt grand (3 à 15 de long sur 5 à 12 cm de large), peut être entier, denté ou lobé et présenter à sa base généralement deux lobes arrondis ou presque droits. La forme générale du limbe peut être arrondie, réniforme, cordée, triangulaire, hastée, lobée et presque divisée. Les lobes diffèrent par leur profondeur, allant du superficiel au lobé profond, et par leur nombre, qui varie généralement de 3 à 7. Les feuilles dentées présentent de 1 à plus de 9 lobes minuscules appelés dents. Certains cultivars présentent un [[Hétérophyllie|polymorphisme foliaire]] (variations de forme sur la même plante). Les deux faces sont glabres à grossièrement pileuses, quelque peu glauques, avec des nervures très saillantes sur la face abaxiale<ref name="Zosimo Huaman"/>{{,}}<ref name="igh">{{Lien web |langue=en |titre=Ipomoea Atlas |url=https://sweetpotao.com/Ipomoea_Atlas.html#A |site=Ipomoea Genome Hub |date=2015 |consulté le=29 septembre 2019}}.</ref>.

=== Tubercules ===
[[Fichier:Sweet Potato - മധുരക്കിഴങ്ങ്.JPG|vignette|Tubercules.]]
[[Fichier:Ipomoea batatas Morphologie des tubercules.jpg|vignette|Diversité morphologique des tubercules<ref name=":0" />.]]
Les racines tubérisées, ou racines de stockage, souvent appelées « [[tubercule]]s », très riches en [[amidon]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=K. E. Adabe|auteur2=Abdou Maïga|auteur3=Jeoffray Diendere|titre=Production et transformation de la patate douce|lieu=Yaoundé|éditeur=ISF Cameroun|date=2019|pages totales=48|isbn=978-92-9081-658-4|lire en ligne=https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/102332}}.</ref>, constituent le produit commercial de la patate douce. Chez la plupart des cultivars, ces racines de stockage se développent aux nœuds souterrains des boutures mères. Certains cultivars produisent aussi des tubercules aux nœuds des tiges en contact avec le sol. On distingue trois parties dans les tubercules : l'extrémité proximale qui se raccorde à la racine et où se trouvent de nombreux [[Bourgeon (botanique)|bourgeons]] adventifs à l'origine des futures pousses, une partie centrale plus renflée et l'extrémité distale opposée à la racine. Les bourgeons adventifs situés dans les parties centrale et distale germent généralement plus tard que ceux situés à l'extrémité proximale. Les tubercules peuvent se former en grappes plus ou moins serrées autour de la tige<ref name="Zosimo Huaman"/>.

Sur une coupe transversale d'un tubercule on peut voir le périderme protecteur (la « peau »), le cortex ou [[parenchyme]] cortical d'épaisseur très variable, l'anneau du [[cambium]] où se trouvent les vaisseaux laticifères et la moelle ou parenchyme central. La quantité de [[Latex (botanique)|latex]] formée dépend de la maturité du tubercule, du cultivar et de l'humidité du sol en période de croissance. Le latex est exsudé lorsqu'on coupe les tubercules et noircit très rapidement du fait de l'oxydation<ref name="Zosimo Huaman"/>.
L'épiderme des tubercules est généralement lisse, mais certains cultivars présentent des défauts tels qu'une « peau d'alligator », des nervures saillantes, des constrictions horizontales ou des rainures longitudinales. Les [[lenticelle]]s, présentes sur l'épiderme, peuvent être protubérantes en raison d'un excès d'eau dans le sol.

Les tubercules sont de forme, de taille (poids unitaire de 1 à 3, voire 5 kg<ref>{{article|langue=en|auteur=Barbara Sawicka|auteur2=Jacek Słupski|auteur3=T. Cybulak|auteur4=Katarzyna Paradowska|auteur5=Barbara Krochmal-Marczak|titre=Nutrition value of the sweet potato (Ipomoea batatas (L.) Lam) cultivated in south-eastern Polish conditions|revue=International Journal of Agricultural Research|volume=4|numéro=4|pages=169-178|date=2014|url=https://www.researchgate.net/publication/263966241_Nutrition_value_of_the_sweet_potato_Ipomoea_batatas_L_Lam_cultivated_in_south_-_eastern_Polish_conditions}}.</ref>) et de couleur variables en fonction du cultivar, du type de sol et d'autres facteurs. Le contour des tubercules peut être rond, elliptique arrondi, elliptique, ovale, obovale, oblong, oblong allongé, elliptique allongé et long irrégulier ou incurvé. La couleur de la peau peut être blanchâtre, crème, jaune, orange, marron-orange, rose, rouge-violet et violet très foncé. L'intensité de la couleur dépend des conditions environnementales dans lesquelles la plante est cultivée. La couleur de la chair peut être blanche, crème, jaune ou orange. Cependant, certains cultivars présentent une pigmentation rouge-pourpre dans la chair répartie en taches éparses, en anneaux pigmentés ou, dans certains cas, dans toute la chair de la racine<ref name="Zosimo Huaman"/>. Presque toutes les combinaisons de peau et de chair peuvent se rencontrer.

Les tubercules à chair blanche ou jaune clair sont moins sucrés et ont un taux d'humidité inférieur à ceux qui sont rouges, roses et orange. Il en existe un type à chair sèche et un autre à chair plus aqueuse.

Le goût sucré de la patate douce, riche en fructose, et sa texture rappellent fortement ceux de la [[pomme]].

=== Appareil reproducteur ===
[[Fichier:Ipomoea batatas 003.JPG|gauche|redresse|vignette|Fleur.]]

Dans les conditions normales de culture, certains cultivars de patates douces ne fleurissent pas ou très peu, tandis que d'autres fleurissent à profusion. L'[[inflorescence]], axillaire, est généralement une [[cyme]] bipare, au pédoncule long (de 5 à 30 cm) et robuste. Elle est parfois réduite à une fleur isolée<ref name="Zosimo Huaman"/>.

Les [[fleur]]s bisexuées, très semblables à celles du [[liseron]], sont portées par des pédicelles courts dont la couleur varie du vert au violet.

Le calice se compose de 5 [[sépale]]s inégaux, 2 externes et 3 internes, qui restent attachés à l'axe floral après le dessèchement et la chute des pétales. Les sépales, longs de 7 à 11 mm, sont souvent ciliés sur les bords, mais pas toujours. Les sépales externes, plus courts que les sépales internes, sont oblongs-elliptiques à oblongs-oblancéolés, brusquement mucronés avec une pointe de poil d'environ 2 mm de long et présentent 1 à 5 nervures très saillantes. Les sépales internes sont largement elliptiques, arrondis et mucronés. La [[corolle]], formée par 5 pétales soudés, infundibuliforme (en forme d'entonnoir), de 4 à 4,5 cm de long, est glabre et généralement de couleur lilas ou violet clair, avec la gorge (l'intérieur du tube) rougeâtre à violette. Certains cultivars produisent des fleurs blanches. L'androcée est composé de cinq étamines aux filaments couverts de poils glandulaires et partiellement soudés à la corolle. La longueur des filaments est variable par rapport à la position du stigmate. Les anthères, à déhiscence longitudinale, sont blanchâtres, jaunes ou roses. Les grains de pollen sont sphériques et couverts de très petits poils glandulaires en surface<ref name="Zosimo Huaman"/>.

Le gynécée comprend un [[pistil]] à ovaire supère, constitué de deux [[carpelle]]s biloculaires contenant chacun un ou deux ovules. Le [[Style (botanique)|style]], relativement court, se termine par un [[Stigmate (botanique)|stigmate]] large, divisé en deux lobes couverts de poils glandulaires. Des glandes jaunes situées à la base de l'ovaire produisent un [[Nectar (botanique)|nectar]] attirant les insectes. Le stigmate est réceptif tôt le matin et la [[pollinisation]] est effectuée principalement par les abeilles<ref name=igh/>{{,}}<ref name="Zosimo Huaman"/>.
[[Fichier:Ipomoeabatatas.jpg|redresse|vignette|Graines.]]

La fructification de cette plante est très rarement observée en culture. Le [[Fruit (botanique)|fruit]], virant au brun à maturité, est une [[Capsule (botanique)|capsule]], glabre ou pubescente, plus ou moins sphérique avec une pointe terminale, contenant de 1 à 4 graines.

Celles-ci, longues de 3 mm environ, légèrement aplaties d'un côté et convexes de l'autre, ont une forme qui peut être irrégulière, légèrement anguleuse ou arrondie. Leur couleur varie du marron au noir. L'embryon et l'[[albumen]] sont protégés par un tégument ([[Spermoderme|testa]]) épais, très dur et imperméable. De ce fait, la [[germination]] des graines est difficile et nécessite une scarification par abrasion mécanique ou traitement chimique. Les graines de patate douce n'ont pas de période de [[dormance]], et restent viables plusieurs années<ref name="Zosimo Huaman"/>.

== Génétique ==
La patate douce cultivée est une espèce allo-auto-hexaploïde (2n=6x=90 [[chromosome]]s) combinant deux sous-[[génome]]s B1 et B2 non-homologues (B1B1B2B2B2B2)<ref>{{Lien web | langue =en  | auteur = Zhangjun Fei, Boyce Thompson  | titre =''Sweet potato reference genome sequencing''  | url = http://www.sweetpotatoknowledge.org/wp-content/uploads/2015/10/pres12_fei_sp_reference_genome_sequencing.pdf | éditeur= Institute for Plant Research, Cornell University |site = www.sweetpotatoknowledge.org | consulté le = 29 septembre 2019}}.</ref>.

Une étude de 2018 conduite par une équipe de chercheurs chinois a montré que la patate douce cultivée proviendrait de la forme hexaploïde (6×) d{{'}}''[[Ipomoea trifida]]'' et que celle-ci est issue d{{'}}''Ipomoea trifida'' 4× (tétraploïde) et d{{'}}''Ipomoea trifida'' 2× ([[diploïde]]). Par conséquent, l'utilisation d{{'}}''Ipomoea trifida'' 6× comme plante modèle de la recherche sur la patate douce devrait s'imposer à l'avenir<ref>{{article | langue = en | auteur = J. Y. Feng, M. Li, S. Zhao, C. Zhang, S. T. Yang, S. Qiao, W. F. Tan, H. J. Qu, D. Y. Wang, Z. G. Pu | titre = ''Analysis of evolution and genetic diversity of sweetpotato and its related different polyploidy wild species I. trifida using RAD-seq'' | date =5 septembre 2018  | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6126004/ |revue= BMC Plant Biology |volume=18 |numéro= 181 | doi= 10.1186/s12870-018-1399-x|pmcid= PMC6126004 |pmid= 30185158}}.</ref>.

En 2015, une étude de l'[[Université de Gand]] et du [[Centre international de la pomme de terre]] a permis de découvrir que le [[génome]] de la patate douce contient des séquences d'[[ADN-T]] provenant d{{'}}''[[Agrobacterium]]'', dont des gènes sont exprimés par la plante ; plus particulièrement ''[[Agrobacterium rhizogenes]]'' et ''[[Agrobacterium tumefaciens]]''. Une des séquences est présente dans toutes les variétés cultivées mais pas dans les variétés sauvages qui ne présentent pas d'intérêt alimentaire, ce qui suggère que les populations d'agriculteurs ont favorisé spécifiquement ces traits par [[Culture sélective des plantes|sélection variétale]].

En somme, la patate douce cultivée de nos jours est un organisme naturellement transgénique sélectionné par l'agriculture vivrière traditionnelle il y a plusieurs millénaires<ref name=lux/>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Tina |nom1=Kyndt |prénom2=Dora |nom2=Quispe |prénom3=Hong |nom3=Zhai |prénom4=Robert |nom4=Jarret |titre=''The genome of cultivated sweet potato contains Agrobacterium T-DNAs with expressed genes: An example of a naturally transgenic food crop'' |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=112 | numéro=18 | date=2015-05-05 | issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 | pmid=25902487 | doi=10.1073/pnas.1419685112 | lire en ligne=http://www.pnas.org/content/112/18/5844 |consulté le=2017-12-07 |pages=5844–5849 }}</ref>.

Le [[transgénèse|transfert de gènes]] depuis les bactéries ''Agrobacterium'' étant à la base de plusieurs [[OGM|organismes génétiquement modifiés]] issus du [[génie génétique]], les [[transgène]]s sélectionnés par l'[[agriculture traditionnelle]] alimentent la réflexion sur l'acceptabilité des biotechnologies<ref>{{Article |langue=en |prénom1=T. V. |nom1=Matveeva |titre=Naturally transgenic plants as a model for the study of the delayed environmental risks of GMO cultivation |périodique=Russian Journal of Genetics: Applied Research |volume=6 |numéro=6 |date=2016-11 |issn=2079-0597 |doi=10.1134/S2079059716060046 |lire en ligne=http://link.springer.com/10.1134/S2079059716060046 |consulté le=2022-11-23 |pages=698–704}}</ref> ; d'autant plus que la définition des OGM inclut parfois les améliorations variétales conventionnelles : c'est notamment le cas de celle du Département de l'Agriculture des États-Unis<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=United States Department of Agriculture, USDA|titre=Glossary of Agricultural Biotechnology Terms |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.usda.gov%2Fwps%2Fportal%2F!ut%2Fp%2F_s.7_0_A%2F7_0_1OB%3Fcontentidonly%3Dtrue%26navid%3DAGRICULTURE%26contentid%3DBiotechnologyGlosary.xml#federation=archive.wikiwix.com&tab=url |site=usda.gov |date= }}</ref>, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments<ref>{{Lien web |auteur=Gouvernement du Canada |titre=Biotechnologie moderne : Un bref aperçu |url=https://inspection.canada.ca/varietes-vegetales/vegetaux-a-caracteres-nouveaux/grand-public/apercu/fra/1337827503752/1337827590597 |site=inspection.canada.ca |date=2014-08-19 }}</ref> ou de l'OMS<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Organisation Mondiale de la Santé |titre=20 questions sur les aliments transgéniques, Publication de l'OMS |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.who.int%2Ffoodsafety%2Fpublications%2Fbiotech%2Fen%2F20questions_fr.pdf%2Findex.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url |site=who.int }}</ref>.


On a cependant découvert en [[Amérique du Sud]] des formes sauvages tétraploïdes d{{'}}''Ipomoea batatas''<ref>{{article|langue=en|auteur=Janice R. Bohac, Daniel F. Austin, Alfred Jones|titre=Discovery of wild tetraploid sweetpotatoes|revue=Economic Botany|volume=47|numéro=2|date=avril 1993|issn=0013-0001|doi=10.1007/BF02862022|url=https://link.springer.com/article/10.1007/BF02862022|pages=193–201}}</ref>.

=== Préservation des ressources génétiques ===
L'espèce ''Ipomoea batatas'' recèle en son sein une très grande variabilité génétique qui justifie que l'on se préoccupe de la conservation, principalement ''[[Conservation ex situ|ex situ]]'', de ce patrimoine génétique, et de celui des espèces proches. Il existe dans le monde {{unité|36 collections}} (en 2012) de patates douces regroupant environ {{unité|29000|accessions}}, dont {{nombre|27000}} de plantes cultivées. Les espèces sauvages apparentées sont faiblement représentées. Ces collections se répartissent ainsi : Amérique latine et Caraïbes : 4 ({{unité|9700 accessions}}), Amérique du Nord : 1 (USDA/ARS, {{formatnum:1200}}), Asie : 14 ({{formatnum:12400}}), Afrique : 16 (4600), Océanie : 1 ({{formatnum:1100}}). La collection la plus importante est celle gérée par le [[centre international de la pomme de terre]] (CIP) située à Lima (Pérou). Elle comprend environ {{unité|7800 accessions}} de patates douces (dont {{formatnum:6360}} de plantes cultivées - variétés traditionnelles et cultivars modernes) et {{formatnum:1160}} de {{unité|67 espèces}} sauvages apparentées du genre ''[[Ipomée|Ipomoea]]'' (dont {{unité|183 accessions}} d{{'}}''[[Ipomoea trifida]]''). La deuxième collection, avec {{unité|3800 accessions}}, est celle de l'[[Institut central de recherche sur les plantes cultivées tubéreuses]] (ICAR-CTCRI à [[Thiruvananthapuram]], Kerala, Inde)<ref>{{Lien web | langue =en  | titre =''global strategy for ex-situ conservation of sweetpotato genetic resources''  | date =novembre 2007  | url = https://cdn.croptrust.org/wp/wp-content/uploads/2017/02/SweetPotato-Strategy-FINAL-12Dec07.pdf | site = cdn.croptrust.org | éditeur =[[Global Crop Diversity Trust|Crop Trust]] |consulté le = 27 novembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=M.N. Normah, H.F. Chin, Barbara M. Reed|titre=Conservation of Tropical Plant Species|lieu=New York|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2012|pages totales=538|passage=262-263|isbn=978-1-4614-3776-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=p9MKNopksAgC&printsec=frontcover}}.</ref>.

Ces collections sont conservées soit sous [[Multiplication végétative|forme végétative]], en pots dans des [[serre]]s ou des abris anti-insectes, soit sous forme de [[Culture in vitro des végétaux vasculaires|culture ''in vitro'']]. Certaines variétés traditionnelles et espèces sauvages sont également conservées sous forme de [[graine]]s en [[Chambre froide|chambres froides]]<ref name=Regeneration>{{Lien web | langue = en | auteur = Geert Claessens | titre = ''Regeneration guidelines for sweet potato'' | url = https://cropgenebank.sgrp.cgiar.org/index.php/regeneration-guidelines-of-crops/sweet-potato-mainmenu-413 | éditeur= Consultative Group on International Agricultural Research (CGIAR). |site = Crop Genebank Knowledge Base | consulté le = 17 novembre 2019}}.</ref>.

=== Séquençage du génome ===
Un projet international de [[Séquençage |séquençage du génome]] de la patate douce est en cours de réalisation par le consortium de séquençage du génome de l'Association trilatérale de recherche sur la patate douce (TRAS, ''Trilateral Research Association of Sweet potato''). Ce consortium, lancé en 2012, comprend six organisations : le [[Centre de recherche sur la patate douce Jiangsu Xuzhou]] ([[Chine]]), l'[[Université agronomique de Chine]], l'[[Administration du développement rural]] ([[Corée du Sud|Corée]]), l'[[Institut coréen de recherche en biosciences et biotechnologie]], l'[[Organisation nationale de recherche agronomique et alimentaire]] ([[Japon]]) et [[Institut de recherche Kazusa sur l'ADN]] (Japon)<ref name=Isobe>{{article | langue =en  | auteur =Sachiko Isobe, Kenta Shirasawa, Hideki Hirakawa  | titre =''Current status in whole genome sequencing and analysis of Ipomoea spp.''  | date =29 août 2019  | url = https://doi.org/10.1007/s00299-019-02464-4  | revue= Plant Cell Reports | volume=38| pages=1365-1371 |format=pdf}}.</ref>.

En 2019, quatre bases de données sur les [[Séquence (acide nucléique)|séquences]] du génome de la patate douce et des espèces apparentées sont publiquement disponibles<ref name=Isobe/> :
# ''Sweet potato Genomic Resource''<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Sweetpotato Genomics Resource'' | url = http://sweetpotato.plantbiology.msu.edu/ | site = sweetpotato.plantbiology.msu.edu | consulté le =  1 décembre 2019}}.</ref>. Cette base de données fournit les séquences des génomes d{{'}}''[[Ipomoea trifida]]'' et ''[[Ipomoea triloba]]'' publiées par Wu ''et al.'' (2018). Elle est hébergée par l'[[université d'État du Michigan]] avec le soutien du ''Genomic Tools for Sweetpotato Project'' (GT4SP) et de la fondation Bill & Melinda Gates.
# ''Ipomoea Genome Hub''<ref>{{Lien web | langue =en  | titre =''Welcome to Ipomoea Genome Hub''  | url = https://ipomoea-genome.org/ | site = ipomoea-genome.org | consulté le =  1 décembre 2019}}.</ref>. Cette base de données fournit des séquences du génome de la patate douce publiées par Yang et al. (2017). Elle est hébergée par le Jardin botanique de Shanghai Chenshan, la [[Société Max-Planck]] et l'[[Académie chinoise des sciences]].
# ''Ipomoea Batatas Genome Browser''<ref>{{Lien web | langue =en  | titre =''NGS sequencing core facility, MPI Molecular Genetics, Berlin''  | url = http://public-genomes-ngs.molgen.mpg.de/SweetPotato/ | site = public-genomes-ngs.molgen.mpg.de | consulté le =  1 décembre 2019}}.</ref>. Cette base de données, hébergée par'' MPI Molecular Genetics'', stocke les séquences du génome de la patate douce publiées par Yang et al. (2017).
# ''Sweet potato GARDEN''<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Sweetpotato GARDEN - Sweetpotato Genome And Resource Database ENtry'' | url = http://sweetpotato-garden.kazusa.or.jp/ | site = sweetpotato-garden.kazusa.or.jp | consulté le =  1 décembre 2019}}.</ref>. Cette base de données, hébergée par l'institut Kazusa de recherche sur l'ADN, fournit les séquences du génome d{{'}}''[[Ipomoea trifida]]'' publiées par Hirakawa et al. (2015).

=== Biotechnologie ===
En [[Chine]], premier producteur au monde de patates douces, la [[biotechnologie]] appliquée à cette espèce végétale a fait l'objet d'importants progrès au cours des dernières décennies. Un système efficace de cultures embryogènes en suspension a été développé pour une large gamme de [[génotype]]s de patate douce. L'hybridation somatique a été appliquée pour surmonter l'incompatibilité croisée entre la patate douce et les espèces apparentées, et a permis de produire des hybrides somatiques interspécifiques utiles. De nouveaux mutants ont été obtenus par [[Mutation (génétique)|mutation]] cellulaire induite et sélection in vitro. Plusieurs [[gène]]s liés à la résistance aux nématodes, à la tolérance au sel, à la biosynthèse des [[caroténoïde]]s ou des [[anthocyane]]s ont été clonés. La transformation par l'intermédiaire d{{'}}''[[Agrobacterium tumefaciens]]'' a été normalisée pour des [[cultivar]]s importants et a été utilisée pour produire des plantes transgéniques résistantes aux maladies, aux stress et aux herbicides. Des marqueurs moléculaires, liés à un gène de résistance aux nématodes des tiges, ont été développés<ref>{{Lien web | langue =en  | auteur =Qingchang Liu  | titre =''Sweet potato Omics and Biotechnology in China''  | date =2011  | url = https://www.pomics.com/liu_4_6_2011_295_301.pdf | site = www.pomics.com | consulté le = 13 décembre 2019}}.</ref>.

== Distribution ==
Probablement originaire d'[[Amérique du Sud]], la plante est inconnue à l'état sauvage. Elle est répandue depuis très longtemps dans toutes les zones tropicales et subtropicales, aussi bien en [[Afrique]] en [[Amérique]] qu'en [[Océanie]] et [[Asie]], et peut s'adapter à différentes conditions écologiques<ref>{{Ouvrage|auteur1=Adabe, K.E., Maïga, A. et Diendere, J.|titre=Production et transformation de la patate douce|lieu=Yaoundé|éditeur=Ingénieurs Sans Frontières Cameroun|date=22 juillet 2019|pages totales=48|isbn=978-92-9081-658-4|lire en ligne=https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/102332}}</ref>. Cette culture se concentre pour environ 70 % de la surface cultivée dans une bande située entre les {{40e}} degrés de latitude sud et nord (ce qui inclut la Chine), depuis le niveau de la mer jusqu'à 3000 mètres d'altitude à l'équateur<ref name="R.J. Hijmans">{{Lien web | langue =en  | auteur =R.J. Hijmans, L. Huaccho1 & D.P. Zhang | titre =''Global Distribution of Sweetpotato''  | date =1999-2000  | url = https://cipotato.org/site/inrm/home/publicat/01cpb017.pdf | éditeur=CIP |site = cipotato.org | consulté le =  6 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name="International Starch Institute">{{Lien web | langue =en  | titre =''Sweet Potato Starch Production''  | date =1999-2006  | url = http://www.starch.dk/isi/papers/TM22-3e%20sweet%20potato.pdf | éditeur=International Starch Institute, Science Park Aarhus, Denmark. |site = www.starch.dk | consulté le = 16 novembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name=Regeneration/>.

La répartition de la culture de la patate douce se caractérise par l'importance de la [[Chine]], qui représente à elle seule 65 % de la surface mondiale. Outre la Chine, les pays qui présentent une concentration importante de la culture de la patate douce sont [[Cuba]] et [[Haïti]] dans les Caraïbes, l'[[Java (île)|île de Java]] en [[Indonésie]], l'île de la [[Nouvelle-Guinée]] (aussi bien dans la partie indonéseienne que dans celle rattachée à la [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], le [[Viêt Nam]], et en Afrique, plus particulièrement la région du [[lac Victoria]] ([[Burundi]], [[Rwanda]], [[Ouganda]] et [[République démocratique du Congo]]), ainsi que le [[Ghana]], le [[Nigeria]] et [[Madagascar]]. La patate douce est également un aliment de base en [[Océanie]] ([[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], [[îles Salomon]], [[Tonga]] et [[Nouvelle-Calédonie]]). En Chine, cette culture se concentre particulièrement dans trois régions : le [[bassin du Sichuan]] ([[Sichuan]] et [[Chongqing]]) avec environ 1 million d'hectares, dans le centre-est les provinces de [[Shandong]], [[Henan]] et [[Anhui]], avec chacune plus de {{unité|600000|hectares}}, et enfin la côte du sud-est. A noter que quatre provinces chinoises ont une aire consacrée à la patate douce supérieure à celle de l'Ouganda, second pays producteur de patates douces<ref name="R.J. Hijmans"/>.

Sa culture en France date seulement de 1750. Elle était alors cultivée par Richard et Gondouin, jardiniers de [[Louis XV]] qui appréciait ce tubercule. Elle revint à la mode vers 1796 grâce à [[Joséphine de Beauharnais]], qui la fit cultiver à [[la Malmaison]] pour sa table, mais la culture de la patate douce est restée anecdotique en France, le climat n'y étant pas favorable<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Désiré Georges Jean Marie Bois|Désiré Bois]]|titre=Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges - Histoire, utilisation, culture|sous-titre=Phanérogames légumières|lieu=Paris|éditeur=Paul Lechevalier|année=1927|réimpression=1995, COMEDIT|pages totales=593|passage=316-324}}.</ref>.

== Taxonomie ==
L'espèce a été décrite initialement sous le nom de ''Convolvulus batatas'' par [[Carl von Linné|Linné]] et publiée en 1753 dans son ''[[Species plantarum]]'' 1: 154, puis reclassée en 1793 par [[Jean-Baptiste de Lamarck|Lamarck]] sous le nom d{{'}}''Ipomoea batatas'' ([[Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature|Tabl. Encycl.]] tome 1, 2(2): 465)<ref name = Trop>{{lien web |url=http://www.tropicos.org/Name/8500721 |titre= ''Ipomoea batatas''|consulté le=24 septembre 2019 |site=  Tropicos.org. [[Missouri Botanical Garden]]}}.</ref>.

La patate, ainsi que 13 espèces sauvages apparentées, est classée dans le [[Genre (biologie)|genre]] ''[[Ipomée|Ipomoea]]'', [[Sous-genre (biologie)|sous-genre]] ''Eriospermum'', [[Section (biologie)|section]] ''Eriospermum'', [[Série (biologie)|série]] ''[[Ipomoea ser. Batatas|Batatas]]''. Ces espèces sont les suivantes : ''[[Ipomoea cynanchifolia]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea lacunosa]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea ×leucantha]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea littoralis]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea ramosissima]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea tenuissima]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea triloba]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea splendor-sylvae|Ipomoea umbraticola]]'' (2x=30), ''[[Ipomoea tiliacea]]'' (4x=60), ''[[Ipomoea tabascana]]'' (4x=60), ''[[Ipomoea cordatotriloba]]'' (2x, 4x), ''[[Ipomoea trifida]]'' (2x, 3x, 4x, 6x), ''[[Ipomoea grandifolia]]'' (2x ?). Ces espèces sont toutes diploïdes ou tétraploïdes, sauf ''Ipomoea trifida'' qui présente quatre niveaux de [[ploïdie]]. Elles sont toutes [[Endémisme|endémiques]] de l'Amérique tropicale, sauf ''Ipomoea littoralis'', originaire d'[[Asie]]<ref name="Zosimo Huaman">{{Lien web |langue=en |auteur=Zósimo Huaman, (éd.) |titre=Sweetpotato Germplasm Management (Ipomoea batatas) - Training manual |url=http://www.sweetpotatoknowledge.org/wp-content/uploads/2016/04/Sweetpotato-Germplasm-Management-Ipomoea-batatas-Training-Manual.pdf |site=www.sweetpotatoknowledge.org |éditeur=[[Centre international de la pomme de terre]] (CIP) |date=1999 |consulté le=29 septembre 2019}}.</ref>.

La [[Variété (botanique)|variété]] ''Ipomoea batatas'' var. ''apiculata'' (M.Martens & Galeotti) J.A.McDonald & [[Daniel Frank Austin|D.F.Austin]] est une forme sauvage tétraploïde qui a été collectée au [[Mexique]] dans les années 1990. Elle est endémique d'une aire réduite du littoral près de la ville de [[Veracruz (Veracruz)|Veracruz]] et se distingue de la patate douce cultivée par ses fruits (capsules) [[Déhiscence (botanique)|indéhiscents]]<ref name=Bradshaw>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=J.E. Bradshaw|titre=Root and Tuber Crops|sous-titre=volume 7 de Handbook of Plant Breeding|lieu=New York/London|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2010|pages totales=298|passage=101|isbn=978-0-387-92765-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=kHE2nlLLCAAC&printsec=frontcover}}.</ref>.

=== Synonymes ===
Selon {{Bioref|ThePlantList espèce|26 septembre 2019}} :
{{colonnes|taille=20|1=
* ''Batatas edulis'' (Thunb.) Choisy
* ''Batatas wallii'' C. Morren
* ''Convolvulus apiculata'' M. Martens & Galeotti
* ''Convolvulus batatas'' L.
* ''Convolvulus candicans'' Sol. ex Sims
* ''Convolvulus edulis'' Thunb.
* ''Convolvulus varius'' Vell.
* ''Ipomoea batatas'' var. ''edulis'' (Thunb.) Makino
* ''Ipomoea davidsoniae'' Standl.
* ''Ipomoea edulis'' (Thunb.) Makino
* ''Ipomoea mucronata'' Schery
* ''Ipomoea purpusii'' House
* ''Ipomoea vulsa'' House
* ''Ipomoea wallii'' (C. Morren) Hemsl.}}

=== Liste des variétés ===
Selon {{Bioref|Kew liste|26 septembre 2019}}, on distingue deux [[Variété (botanique)|variétés botaniques]] :
* ''Ipomoea batatas'' var. ''apiculata'' (M.Martens & Galeotti) J.A.McDonald & D.F.Austin (1990), tétraploïde,
* ''Ipomoea batatas'' var. ''batatas'', hexaploïde.
=== Noms vernaculaires ===
[[Fichier:Arya.ipomoea batatas margaritas.cikampek station. 2019.jpg|vignette|redresse|''Ipomoea batatas'' 'Margarita' à [[Cikampek]] station ([[Java (île)|Java]], [[Indonésie]]).]]

En [[Amérique latine]], les noms les plus communs de la patate douce sont : ''batata'', ''camote'', ''boniato'', ''batata doce'', ''apichu'' et ''kumara''<ref name="Zosimo Huaman"/>.

En langue espagnole, notamment en [[Argentine]], au [[Venezuela]], à [[Porto Rico]] et dans la [[République dominicaine]], la patate douce est appelée « ''batata'' », terme emprunté à une langue indigène des Caraïbes, le [[Taïno (langue)|taino]]. Toutefois, au [[Mexique]], au [[Pérou]], au [[Chili]], en [[Amérique centrale]] et aux [[Philippines]], elle est connue sous le nom de « ''camote'' »(orthographié ''kamote'' aux Philippines), terme dérivé du [[nahuatl]] « ''camotli'' »<ref>{{article | langue =en  | auteur =Paloma Albalá   | titre =''Hispanic Words of Indoamerican Origin in the Philippines''  | date =2003  | url = https://www.jstor.org/stable/42633639?seq=1#page_scan_tab_contents | revue=Philippine Studies |volume= 51 |numéro= 1 |pages= 125-146|site=Jstor  }}.</ref>. En espagnol, le terme « ''boniato'' », dérivé du taino « ''bonyata''<ref>{{Lien web | langue = es | auteur = Valentin Anders | titre = ''Pequeña explicación sobre la palabra BONIATO'' | url = http://etimologias.dechile.net/?boniato | site = Etimologías de Chile - Diccionario que explica el origen de las palabras | consulté le = 29 septembre 2019}}.</ref> » est également utilisé dans un registre plus soutenu pour désigner la patate douce, plus particulièrement les cultivars à chair blanche<ref>{{Lien web | langue =es  | titre =''boniato''  | date =2005  | url = http://lema.rae.es/dpd/srv/search?key=boniato | site = Diccionario panhispánico de dudas |éditeur= Real Academia Española | consulté le = 29 septembre 2019}}.</ref>.

Au [[Pérou]], le nom [[quechua]] d'un type de patate douce est « ''kumar'' », qui est étonnamment similaire au nom polynésien « ''kumara'' » et à ses équivalents océaniques régionaux.(''kumala'', ''umala'', ''uala'', etc.), ce qui a conduit certains chercheurs à suspecter un cas de [[contacts trans-océaniques précolombiens]].

En [[Australie]], environ 90 % de la production est consacrée à un cultivar orangé appelé ‘[[Beauregard (patate douce)|Beauregard]]', sélectionné à l'origine aux États-Unis par la ''[[Centre agronomique de l'université d'État de Louisiane|Louisiana Agricultural Experiment Station]]'' en 1981<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://slater.ncg.org.au/sweet-potato/ |site=Slater Community Gardens |titre=''Sweet potato'' |consulté le= 29 septembre 2019}}.</ref>.

En [[Nouvelle-Zélande]], les variétés originales cultivées par les [[Maoris]] produisaient des tubercules allongés à la peau blanche et à la chair blanchâtre<ref name="Crowe">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Andrew |nom1=Crowe |titre=Pathway of the Birds : The Voyaging Achievements of Māori and their Polynesian Ancestors |lieu=Auckland, New Zealand |éditeur=Bateman |année=2018 |isbn=978-1-86953-961-0}}.</ref> (ce qui, pense-t-on, suggère une traversée du Pacifique antérieure à l'arrivée des Européens dans la région)<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://www.stuff.co.nz/editors-picks/8213421/Kumara-origin-points-to-pan-Pacific-voyage |site=stuff.co.nz |titre=Kumara origin points to pan-Pacific voyage |prénom1=Michael |nom1=Field |date=23 janvier 2013}}.</ref>. La patate y est connue sous le nom de « ''kumara'' » (orthographié ''kūmara'' en [[Maori de Nouvelle-Zélande|langue maori]]). La variété la plus répandue est le cultivar rouge appelé 'Owairaka', mais des cultivars orangés (‘Beauregard'), dorés, violets, etc. sont également cultivés<ref>{{Article |langue=en |nom1=Yen |prénom1=D. E. |périodique=Economic Botany |volume=17 |année=1963 |pages=31–45 |titre=''The New Zealand Kumara or Sweet Potato'' |doi=10.1007/bf02985351}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |url= http://www.kumara.co.nz/types-of-kumara.html |date= 2019|titre=''Types of kumara grown in New Zealand'' |éditeur=Kaipara Kumara}}.</ref>.
La patate douce est également connue sous le nom de ''kumara'', aux [[îles Gambier]] et dans l'[[Îles Cook|archipel de Cook]]<ref name=bois>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Désiré Bois|titre=Les légumes ''(réimpression des ''Phanérogames légumières - Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges'' 1927)|éditeur=Comedit|année=1995|pages totales=593|passage=316-324|isbn=}}.</ref>, ''kumala'' aux [[îles Samoa]] et [[Tonga]], ''umala'' aux [[îles Sandwich du Sud|îles Sandwich]], ''umara'' à [[Tahiti]], ''umaa'' ou ''kumaa'' aux [[îles Marquises]]<ref name=bois/>. En [[Polynésie]], elle était déjà cultivée avant les explorations européennes. Le nom polynésien ''kumara'' viendrait de ''kumar'', terme de la langue [[quechua]], du plateau andin d'Amérique du Sud<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jerald Fritzinger|titre=Pre-Columbian Trans-Oceanic Contact|éditeur=Lulu.com|année=2016|pages totales=318|passage=p.3|isbn=978-1-329-97216-2|isbn2=1329972163|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=eQ7FCwAAQBAJ&pg=PA3}}.</ref>.

Au [[Japon]], elle est connue sous le nom de {{Japonais|''satsuma imo''|薩摩芋}}, du nom de l'ancienne [[province de Satsuma]] de laquelle elle est originaire.

== Culture ==
{{article détaillé|Culture de la patate douce}}
[[Fichier:Cuttage.JPG|vignette|gauche|redresse|Boutures.]]
[[Fichier:Sweet-potato-field,katori-city,japan.JPG|vignette|redresse|Champ de patates douces.]]
La patate douce se cultive dans toutes les régions tropicales et subtropicales, dans une bande allant de 30° de latitude nord à 30° de latitude sud. Elle se cultive aussi dans certaines régions tempérées chaudes, notamment en Espagne, aux États-Unis et au Japon, où elle est cultivée comme [[plante annuelle]]. Sa culture requiert une température supérieure à {{tmp|15|°C}}, avec un optimum à {{tmp|24|°C}}, et un bon ensoleillement<ref name=verniervarin/>.

La patate douce est moins exigeante pour le sol, elle préfère cependant les sols argilo-sableux, profonds, bien drainés et assez riches en [[humus]]. Elle est tout de même cultivable en climats arides et en sols secs avec une moindre productivité. Le [[Potentiel hydrogène|pH]] du sol doit être compris entre 5,5 et 6,5, mais la culture reste possible pour des pH allant de 4,5 (sols plus acides) jusqu'à 7,5 (sols plus alcalins).
Les sols à texture légère permettent d'obtenir de beaux tubercules de forme régulière, à peau lisse et de couleur vive<ref name=verniervarin/>.

En région tropicale, la culture peut se faire en toute saison, toutefois il vaut mieux que la récolte intervienne hors de la saison des pluies, les tubercules étant sensibles au pourrissement en cas d'excès d'humidité.

[[Fichier:Sweet potato harvest Florida fs864795.jpg|vignette|gauche|redresse|Récolte dans un champ de patates douces en [[Floride]] (1986).]]

La région méditerranéenne se prête très bien à cette culture sous réserve de l'[[Irrigation|irriguer]] convenablement. Dans ce cas, la plantation se fait au printemps, à partir d'avril-mai (quand les températures minimales restent supérieures à {{tmp|10|°C}}), la récolte intervenant au bout de 4 à 6 mois selon les variétés, vers septembre-octobre. La culture se fait habituellement en [[culture sur billons|billons]] de manière à faciliter tant l'irrigation que la récolte.
Un bon [[Paillis|paillage]] permet également de limiter l'évaporation, conserver la chaleur au niveau des racines, et protéger de l'attaque des limaces qui sont friandes des feuilles et des tubercules.

Le feuillage, très couvrant, limite naturellement la croissance des [[Adventice|mauvaises herbes]] et protège le sol de l'érosion éolienne.

C'est une culture plus productive que les céréales. Le rendement en tubercules, variable selon les variétés, atteint environ 5 à 10 tonnes par hectare pour les cultivars traditionnels et de 40 à 50 tonnes pour les variétés sélectionnées<ref name=verniervarin>{{article | langue =fr  | auteur = P. Vernier & D. Varin | titre =''La culture de la patate douce''  | date =août 1994  | url = https://agritrop.cirad.fr/387073/1/document_387073.pdf | revue= Agriculture et développement |numéro=3  |éditeur=Cirad  }}.</ref>.
=== Fertilisation ===

{| class="wikitable alternance right" width=20%
 |+ Exportation moyenne en kg d'éléments fertilisants<br><small>pour un rendement de 20 t/ha</small><ref name=verniervarin/>
 |-
 |
 ! scope="col" | N
 ! scope="col" | {{fchim|P|2|O|5}}
 ! scope="col" | {{fchim|K|2|O|}}
 |- align="right"
 ! scope="row" | Tubercules
 | 50
 | 14
 | 110
 |- align="right"
 ! scope="row" | Feuillage
 | 50
 | 28
 | 110
 |- align="right"
 ! scope="row"  | Total
 | 100
 | 42
 | 220
 |}

La [[fertilisation]] doit être adaptée en fonction des objectifs de [[Rendement agricole|rendement]] et de la variété cultivée, les cultivars modernes, en particulier ceux à chair orange, ont des besoins en éléments nutritifs supérieurs à ceux des variétés traditionnelles.
La fertilisation doit également être adaptée aux caractéristiques du [[Sol (pédologie)|sol]], en particulier aux éventuelles carences notamment en oligo-éléments. L'apport d'[[Liste d'engrais#Engrais azotés|azote]] doit être maîtrisé car, en cas d'excès, il favorise le développement du feuillage au détriment de la production de tubercules<ref name=verniervarin/>.

L'engrais est généralement apporté en deux fois, d'abord avant la plantation puis en couverture environ 30 jours après la plantation.

=== Variétés ===
{{article détaillé|Cultivar de patates douces|Liste de cultivars de patates douces}}
Les variétés cultivées (ou cultivars) de patates douces sont très nombreuses. Leur cycle de culture peut varier de 3,5 à 8 mois. Les variétés traditionnelles, plus tardives et moins exigeantes, présentent l'avantage de couvrir le sol plus longtemps. Les variétés modernes, plus productives, sont plus précoces et permettent de libérer le terrain plus rapidement et de limiter les attaques de charançons<ref name=verniervarin/>.

{| class="wikitable alternance left" width="45%"
 |+ Quelques cultivars de patates douces cultivés au Portugal<ref>{{lien web| langue =pt  | auteur = Associação dos Jovens Agricultores de Portugal  | titre =''A Cultura da Batata-Doce''  |date= 2017|url = https://culturasemergentes.ajap.pt/wp-content/uploads/2019/01/Manual_Culturas_Emergentes_Batata_Doce_Digital.pdf | site= Manual Boas Práticas para Culturas Emergentes |consulté le= 15 novembre 2019}}.</ref>
 |----
 ! scope="col" | Cultivars !! scope="col" | Temps de maturation (jours) !! scope="col" | Couleur de la peau!! scope="col" | Couleur de la chair !! scope="col" | Rendement
 |----
 ! scope="row" | ‘Lira'
 | align="center" | 90-110 || rouge || jaune || élevé

 |----
 ! scope="row" | ‘Beauregard'
 | align="center" | 90-100  || rose clair || orange|| élevé

 |----
 ! scope="row" | ‘Centennial'
 | align="center" | 90-100  || orange  || orange foncé ||variable

 |----
 ! scope="row" | ‘Covington'
 | align="center" | 110-120 || rose    || orange || élevé

 |----
 ! scope="row" | ‘Hernandez'
 | align="center" | 110-130 || carmin || orange foncé || élevé

 |----
 ! scope="row" | ‘Jewel'
 | align="center" | 110-120 || marron clair || orange || variable

 |----
 ! scope="row" | ‘Murasaki'
 | align="center" | 100-110 || rouge foncé ||crème|| normal

 |----
 ! scope="row" | ‘Nancy Hall'
 | align="center" | 100-110 || orange clair || orange clair || bas

 |}

Du point de vue de leur commercialisation, on distingue trois grands groupes de [[cultivar]]s de patates douces :
* ceux qui sont destinés à la transformation (traditionnelle ou industrielle) à teneur très élevée en [[matière sèche]] et en [[amidon]], et à chair blanche,
* ceux destinés au marché des racines fraiches pour la consommation quotidienne dans les pays en voie de développement, à teneur élevée en matière sèche et faible en [[sucre]]s,
* ceux destinés au marché nord-américain, souvent à teneur faible en matière sèche mais élevée en [[sucre]]s et en [[carotène]]<ref name=Bradshaw/>.

On distingue également parmi les variétés destinées à la consommation humaine celles à chair sèche après cuisson et celles à chair tendre (aqueuse).

Les tubercules peuvent présenter différentes couleurs : la peau peut être blanche, jaune, rose, orange, violette ou brun rougeâtre<ref name=brodie/>. La couleur de la chair varie du blanc et du jaune à l'orange clair ou à l'orange foncé. Les cultivars à chair orange, riches en [[Bêta-Carotène|bêta-carotène]], sont utilisés dans les programmes visant à lutter contre la carence en [[vitamine A]]<ref name=brodie>{{Lien web | langue = en | auteur =Louise Brodie  | titre = ''Sweet Potato - Vegetable Farming in South Africa'' | date = 2019 | url = http://southafrica.co.za/sweet-potato.html | site = southafrica.co.za | consulté le = 14 octobre 2019}}.</ref>. Les variétés de patates douces de couleur pourpre (cultivars sélectionnés principalement au Japon), doivent leur couleur à leur teneur élevée en [[anthocyane]]s<ref>{{article|langue=en|auteur=Elyana Cuevas Montilla, Silke Hillebrand, Peter Winterhalter|titre=''Anthocyanins in Purple Sweet Potato (Ipomoea batatas L.) Varieties''|revue=Fruit, Vegetable and Cereal Science and Biotechnology|volume=5|numéro=2 (numéro special)|date=2011|url=http://www.globalsciencebooks.info/Online/GSBOnline/images/2011/FVCSB_5(SI2)/FVCSB_5(SI2)19-24o.pdf|pages=19-24}}.</ref>.

La création variétale se réalise principalement aux [[États-Unis]], à [[Hawaï]], au [[Japon]] et en [[Inde]], et dans certains centres internationaux de recherche agronomique comme le [[Centre international de la pomme de terre]] (CIP) au [[Pérou]], le [[Centre mondial des légumes]] à [[Taïwan]] (variétés préfixées AIS), l'[[Institut international d’agriculture tropicale|Institut international d'agriculture tropicale]] (IITA) au [[Nigeria]] (préfixe TIS ou TIB)<ref name=verniervarin/>.

=== Multiplication ===
[[Fichier:Süßkartoffel (KPFC) 02.jpg|vignette|redresse|gauche|Bourgeons de patate douce.]]
[[Fichier:Ipomoea batatas en Tecnópolis.jpg|vignette|redresse|gauche|Culture de patate douce ''in vitro'' ([[Tecnópolis]]).]]
En culture, la multiplication est exclusivement végétative. Les [[graine]]s sont utilisées uniquement à des fins de [[Culture sélective des plantes|sélection]]. Les organes pouvant être utilisés pour la [[multiplication végétative]] de la patate douce comprennent les racines de réserve (tubercules), l'extrémité des pousses et les [[Bouturage|boutures]] de tige<ref name=gaba>{{chapitre|langue=en| titre=''Propagation of Sweetpotatoes, In Situ Germplasm Conservation and Conservation by Tissue Culture''|titre ouvrage=The Sweetpotato |auteur= V. Gaba & Sima Singer |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=63-80}}.</ref>. Dans les régions tropicales, la patate douce se multiplie essentiellement par [[bouturage]] de tiges, issues d'une pépinière. En pays tempérés, on utilise des tubercules qui sont stockés pendant l'hiver puis mis à germer avant la plantation<ref name=verniervarin/>.
On commence par planter des tubercules qui donnent après 6 semaines des pousses d'une trentaine de centimètres. Ces pousses sont coupées pour être replantées en rangs espacés de {{unité|90|cm}}, chaque plant espacés de {{unité|30|cm}} sur le rang.
Les patates douces se multiplient très facilement par [[bouturage]] en plantant en pépinière des tubercules qui fourniront six semaines plus tard des rejets à repiquer<ref>"[https://books.google.fr/books?id=6ZKNigHohQgC&lpg=PA16&dq=Ipomoea%20batatas%20multiplication&hl=fr&pg=PA349#v=onepage&q=Ipomoea%20batatas%20multiplication&f=false Amélioration des plantes: Application aux principales espèces cultivées en régions tropicales." - Julien Demol - {{p.|349}} - Presses Agronomiques de Gembloux, 2002 - 581pages]</ref>. Le jardinier amateur peut également simplement multiplier la patate douce en plaçant en intérieur près d'une fenêtre vers la fin de l'hiver une patate du commerce à moitié immergée dans de l'eau dans un bocal en verre ou une bouteille en plastique (dont le goulot aura été coupé pour pouvoir y introduire la patate). Attention au sens de plantation, on immerge le côté pointu et on laisse à l'air libre le côté un peu blanchâtre qui a été sectionné lors de la récolte de la patate. Quatre à six semaines plus tard, on voit apparaitre des racines dans l'eau et des pousses sur la patate. Lorsque ces pousses mesurent environ {{unité|30|cm}} (avec au moins 2 nœuds), on peut les pincer à la base pour les remettre à raciner dans de l'eau. Dès que ces plantules ont des racines d'une dizaine de cm, on peut les repiquer en pleine terre. Cinq à six mois plus tard, on obtient de nouvelles patates<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=qVn_30lNlcA&list=PLD0DEBB2AE1FA6BD1&feature=view_all Vidéo de bouturage amateur] et [https://www.youtube.com/watch?v=EGFo3bZj_SM vidéo de production professionnelle en Louisiane.]</ref>.

Pour produire des plants de patate douce exempts de [[Phytovirus|virus]] on utilise presque exclusivement la culture de [[méristème]] ''[[in vitro]]''. Cette technique consiste à prélever des [[explant]]s apicaux (méristématiques) les plus grands possible, mais excluant les tissus infectés par le virus. La culture ''in vitro'' sur des milieux enrichis en [[Phytohormone|hormones]] ([[auxine]], [[cytokinine]]) permet de régénérer des plants viables, qui sont ensuite testés pour contrôler l'absence de virus<ref name=gaba/>.

Cette technique est également utilisée pour la conservation de [[Banque de gènes|banques de gènes]] de patate douce. Le maintien d'une collection de matériel génétique ''in vitro'' présente de nombreux avantages par rapport à une collecte en [[serre]] ou au champ : réduction de la surface de stockage, accessibilité tout au long de l'année, maintien d'un état indemne de maladies, propagation rapide ''in vitro'', transport plus facile, économies de main-d'œuvre et de coûts<ref name=gaba/>.

=== Ravageurs et maladies ===
[[Fichier:Cylas formicarius tunnels.jpg|vignette|redresse|Tubercules de patate douce endommagés par les larves du charançon (''[[Cylas formicarius]]'').]]
[[Fichier:Starr-141217-2954-Ipomoea batatas-leaves with sweet potato hornworm Agrius cingulata larva-Lua Makika-Kahoolawe (25131076862).jpg|vignette|redresse|Chenille d{{'}}''[[Agrius cingulata]]'' sur feuille de patate douce.]]
[[Fichier:Sweet potato plant with leaf miner damage.jpg|vignette|redresse|Feuillage de patate douce attaqué par des larves de mouches mineuses (''Bedellia somnulentella'').]]
{{article détaillé|Maladies de la patate douce|Ravageurs de la patate douce}}

La patate douce est affectée par de nombreux agresseurs biotiques : on recense environ 35 maladies bactériennes et fongiques, plus de 20 [[Phytovirus|virus]] ou pseudo-virus, 20 espèces de [[Nematoda|nématodes]] et une vingtaine d'espèces d'[[Insecte ravageur|insectes ravageurs]]. Parmi ces agents, cinq groupes ont une importance économique significative : les [[virose de la patate douce|viroses]] (SPVD) souvent dues à la combinaison de plusieurs virus, les [[Charançon de la patate douce|charançons]], les nématodes, les « [[maladie cryptogamique|pourriture]]s » dues à diverses espèces de champignons, l'[[alternariose]] (''[[Alternaria]]'' sp.) et la [[fusariose]] (''[[Fusarium]]'' sp.). Cette culture peut également être sensible à des facteurs abiotiques comme la [[sécheresse]], la chaleur, le froid et la [[salinité]]<ref>{{Lien web | langue = en | auteur = Robert Mwanga, Maria Andrade, Edward Carey, Jan Low, Craig Yencho, &  W. Grüneberg| titre = ''Sweetpotato (Ipomoea Batatas L.)'' | date =2017  | url = https://www.researchgate.net/publication/320724595_Sweetpotato_Ipomoea_Batatas_L | site = ResearchGate | doi=10.1007/978-3-319-59819-2_6 | consulté le =  9 octobre 2019}}.</ref>.
Comme toutes les plantes cultivées à [[multiplication végétative]], la patate douce peut subir une [[dégénérescence des clones]] du fait de l'accumulation des agents pathogènes (champignons, bactéries, virus) au fil des générations successives. Il faut donc soit accorder beaucoup de soin au choix des plants-mères, soit renouveler régulièrement le stock en faisant appel à des multiplicateurs spécialisés.

Parmi les insectes ravageurs de la patate douce, les espèces les plus dommageables sont les [[Charançon de la patate douce|charançons]], notamment ''[[Cylas formicarius]]'', qui attaquent les tubercules aussi bien avant qu'après la récolte, en [[Stockage des patates douces|phase de stockage]]. La lutte contre ces insectes repose historiquement sur des pratiques culturales, comme l'emploi de plants non infestés, la rotation des cultures, etc, le recours à des insecticides présentant des difficultés de divers ordres<ref name=sorensen>{{chapitre|langue=en| titre=''Sweetpotato Insects: Identification, Biology and Management''|titre ouvrage=The Sweetpotato |auteur=  K.A. Sorensen |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=159-188}}.</ref>.
La [[pourriture noire de Java]], due à une espèce de champignons [[Ascomycota|ascomycètes]], ''[[Lasiodiplodia theobromae]]'', est l'une des maladies les plus destructives qui affecte les tubercules stockés (post-récolte). Pour prévenir ou au moins limiter l'incidence de cette maladie, on soumet les tubercules à un « ressuyage » qui consiste à les exposer à une température modérément élevée pendant plusieurs jours immédiatement après la récolte<ref name="clark et al.">{{chapitre|langue=en| titre=''Major Fungal and Bacterial Diseases''|titre ouvrage=The Sweetpotato  |auteur= C.A. Clark, G.J. Holmes & D.M. Ferrin |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=80-103}}.</ref>.

Parmi les infections virales, qui sont responsables d'environ la moitié des pertes de récoltes, la plus grave est la [[virose complexe de la patate douce]] (SPVD, ''sweet potato virus disease''), présente notamment en Afrique orientale. Elle résulte d'une interaction synergique entre deux virus, le [[virus du rabougrissement chlorotique de la patate douce]] (SPCSV, ''Sweet potato chlorotic stunt virus''), transmis par des [[aleurode]]s, et le [[virus de la marbrure plumeuse de la patate douce]] (SPFMV, ''Sweet potato feathery mottle virus''), transmis par des [[Aphidoidea|pucerons]]. La méthode de lutte repose sur la fourniture aux agriculteurs de boutures indemnes de virus, issues de [[Culture in vitro des végétaux vasculaires|culture in vitro]] de [[méristème]]s<ref>{{Lien web | langue = en | auteur = GadLoebenstein  | titre = ''Control of Sweet Potato Virus Diseases'' | url = https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0065352714000062 | site = www.sciencedirect.com | consulté le = 23 novembre 2019}}.</ref>.

Enfin les nématodes, qui vivent dans le sol au contact des racines et tubercules, sont responsables de pertes évaluées globalement à 10 % des récoltes. Les plus dommageables sont les nématodes [[cécidogène]]s appartenant au genre ''[[Meloidogyne]]''<ref name=Overstreet>{{chapitre|langue=en| titre=''Nematodes''|titre ouvrage=The Sweetpotato  |auteur=  C. Overstreet |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=134-159}}.</ref>.

=== Stockage et conservation ===
{{article détaillé|Stockage des patates douces}}
[[Fichier:Sweet potatoes bank for storage rc13418.jpg|vignette|gauche|Stockage de patates douces en fosse (Floride, 1908).]]
Le caractère hautement périssable des tubercules de patate douce pendant le stockage reste une contrainte majeure dans les [[pays en développement]], en particulier en [[Afrique subsaharienne]]. En l'absence d'installations frigorifiques trop coûteuses, les [[Stockage des patates douces|méthodes de stockage traditionnelles]] qui sont pratiquées consistent en stockage en tas, stockage en fosse, stockage sur plate-forme ou dans des paniers. On recouvre parfois les racines de cendre, de terre, de sciure de bois ou d'autres matériaux pour améliorer la durée de conservation. Ces méthodes de stockage donnent souvent des résultats irréguliers assortis, au bout de 3 à 6 semaines, de perte de poids importante, germination, pourriture et dégâts dus aux [[Charançon de la patate douce|charançons]]<ref>{{Lien web | langue = en | auteur = Eli Gaveh | titre =''Quality and Shelf-life of Sweet Potato as Influenced by Storage and Postharvest Treatments'' | url = https://www.researchgate.net/publication/320037872_Quality_and_Shelf-life_of_Sweet_Potato_as_Influenced_by_Storage_and_Postharvest_Treatments | site = ResearchGate | doi =10.3923/thr.2017.1.10 | consulté le = 24 novembre 2019}}.</ref>.

Le recours à des traitements de pré-stockage appropriés pour lutter contre la décomposition microbienne et la germination, permet de prolonger la durée de conservation. Après la récolte, les patates douces ont besoin d'une phase de maturation et de ressuyage qui consiste à les maintenir pendant une semaine à une température de {{unité|30|°C}} et une humidité de 95 %. Cela permet de fixer la peau, de cicatriser les plaies et de commencer à convertir l'amidon en sucre. Après cette phase de ressuyage, on peut les conserver pendant six semaines ou plus à {{unité|15|°C}} et 85 % d'humidité.

Dans des conditions de stockage optimales, on a démontré que la patate douce pouvait se conserver pendant 5 mois, jusqu'à environ un an maximum<ref name="Hall">{{article|langue=en |auteur= Hall AJ & Devereau D. |date= 2000 |titre= ''Low-cost storage of fresh sweet potatoes in Uganda: Lessons from participatory and on-station approaches to technology choice and adaptive testing |revue= Outlook on Agriculture |volume=29 |numéro= 4 | doi= 10.5367/000000000101293347 |pages= 275-282| url= https://www.researchgate.net/publication/233507377_Low-cost_storage_of_fresh_sweet_potatoes_in_Uganda_Lessons_from_participatory_and_on-station_approaches_to_technology_choice_and_adaptive_testing}}</ref>.

=== Appellations protégées ===
[[Fichier:Ubi Cilembu.JPG|vignette|redresse|Tubercules de la variété '[[Ubi Cilembu]]' (Java).]]
Une production [[Portugal|portugaise]] de patates douces de la variété 'Lira' bénéficie depuis 2009 d'une [[indication géographique protégée]] (IGP) sous le nom de « [[Batata doce de Aljezur]] ». L'aire de production de cette IGP comprend la commune d'[[Aljezur]] ([[district de Faro]]) et les paroisses de São Teotóneo, São Salvador, Zambujeira do Mar, [[Longueira / Almograve]] et Vila Nova de Milfontes dans la commune d'[[Odemira]] ([[district de Beja]])<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Batata doce de Aljezur PGI'' | url = https://www.qualigeo.eu/en/prodotto-qualigeo/batata-doce-de-aljezur-igp/ | site = Qualigeo Project | éditeur = fqualivita | consulté le = 12 novembre 2019}}.</ref>. Chaque année vers la fin novembre, une fête, le ''festival da Batata-doce de Aljezur'', est organisée à Aljezur pour célébrer ce tubercule<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Aljezur Sweet Potato Festival'' | url = https://www.myguidealgarve.com/events/aljezur-sweet-potato-festival | site = My Guide Algarve | consulté le = 12 novembre 2019}}.</ref>.
D'autres marques ou indications géographiques ont été enregistrées en Asie :
* au [[Japon]], la patate douce Yamadai (ヤマダイかんしょ Yamadai Kansho). Cette patate douce est produite dans la ville de [[Kushima]] ([[préfecture de Miyazaki]]) et l'appellation est gérée par la coopérative agricole Otsuka<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Product Summary (Registration No.64 ヤマダイかんしょ'' | url = http://www.maff.go.jp/e/policies/intel/gi_act/register/s64.html | site = www.maff.go.jp | consulté le = 12 novembre 2019}}.</ref> ;
* en [[Indonésie]], la patate douce de Cilembu ou '[[Ubi Cilembu]]'. Cette variété traditionnelle, reconnue en 2001 par le gouvernement indonésien, est produite dans le village de Cilembu et dans une zone avoisinante (Pamulihan, Tanjungsari, Rancakalong et Sukasari) dans l'Ouest de [[Java (île)|Java]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=''Cilembu Sweet Potato'' |url=https://www.fondazioneslowfood.com/en/ark-of-taste-slow-food/cilembu-sweet-potato/ |site=Arca del Gusto - Slow Food Foundation |consulté le=12 novembre 2019}}.</ref>. La variété 'Cilembu', connue également sous les noms de '[[Ubi Cilembu]]', 'Ubi Madu Cilembu' et « patate douce de miel », est une variété très ancienne, réputée pour sa texture veloutée et collante et sa douce saveur de miel à la cuisson ou au four<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Cilembu Sweet Potatoes'' | url = https://www.specialtyproduce.com/produce/Cilembu_Sweet_Potatoes_12834.php | site = www.specialtyproduce.com | consulté le = 12 novembre 2019}}.</ref>.
Dans le monde, cinq autres productions de patates douces bénéficient d'une indication géographique avec une protection légale, généralement sous le statut de [[Droit des marques|marque déposée]] :
* ''Guaranteed Louisiana Origin Sweet Potatoes Yams''<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Guaranteed Louisiana Origin Sweet Potatoes Yams - Trademark of Louisiana State Market Commission''  | url = https://trademarks.justia.com/754/39/guaranteed-louisiana-origin-sweet-potatoes-yams-75439882.html | site = trademarks.justia.com | consulté le = 26 novembre 2019}}.</ref> ([[Louisiane]], États-Unis),
* ''Naruto Kintoki'' (なると金時) ([[préfecture de Tokushima]], Japon)<ref name=oriGIn/>,
* ''Chiran beni'' (知覧紅) ([[préfecture de Kagoshima]], Japon)<ref name="oriGIn">{{Lien web |langue=en |titre=''I-GI : oriGIn Worldwide GI Compilation'' |url=https://www.origin-gi.com/i-gi-origin-worldwide-gi-compilation-uk.html?filter_29=Sweet%20Potato&cc=p |site=www.origin-gi.com |consulté le=26 novembre 2019}}.</ref>,
* et deux productions chinoises : Patates douces ''Hongan'' (红安苕) et Patates douces ''Sucun'' (苏村番薯)<ref name=oriGIn/>.

== Utilisation ==
[[Fichier:GEORGE WASHINGTON CARVER - ONE OF AMERICA'S GREAT SCIENTISTS - NARA - 535694.jpg|vignette|gauche|redresse|[[George Washington Carver]].]]
[[Fichier:Aoki Konyo1.jpg|vignette|gauche|redresse|[[Aoki Konyō]], considéré comme le « maître de la patate douce ».]]
La patate douce a de nombreuses utilisations, principalement comme aliment brut ou transformé. L'agronome américain, [[George Washington Carver]], qui faisait la promotion de la patate douce, entre autres plantes cultivées, avait recensé dans son ''Sweetpotato bulletin'' de 1922 des dizaines de recettes à base de patates douces et plus de 118 produits dérivés, dont de l'amidon, du tapioca, des noix de coco factices, de la mélasse, divers aliments pour le petit-déjeuner, des aliments pour le bétail, des teintures pour la soie et le coton, de la farine (utilisée par le gouvernement américain pendant la Première Guerre mondiale), du vinaigre, de l'encre et du caoutchouc synthétique<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Further information on George Washington Carver's Research: The Peanut and the Sweet Potato'' |éditeur=  University Library Digital Collections - Iowa State University | url = https://digitalcollections.lib.iastate.edu/george-washington-carver/recipes-and-products#sweetpotato | site = digitalcollections.lib.iastate.edu | consulté le = 17 octobre 2019}}.</ref>.

=== Alimentation humaine ===
{{Infobox Valeur nutritionnelle
| titre = Patate douce<br> tubercule cru <small>(poids frais)</small>
<!--Energie-->| calorie = 86
| joule = 359
<!--Principaux conmposants-->| omega3 = 
| omega6 = 
| omega9 = 
| eau = 77,28
| protide = 1,57
| glucide = 20,12
| amidon = 12,65
| lipide = 0,05
| saturé = 
| sucre = 4,18
| fibre = 3
<!--Vitamines-->
| proA = 8,509
| A = 709
| B1 =0,078
| B2 =0,061
| B3 =0,557
| B5 =0,8
| B6 =0,209
| B9 = 11
| Choline =12,3
| C = 2,4
| D = 
| E = 0,26
| K = 1,8
| H = <!--Minéraux-->
|calcium=30
|cuivre=0,151
|fer=0.61
|magnésium=25
|manganèse=0,258
|phosphore=47
|potassium=337
|sélénium=0,6
|sodium=55
|zinc=0,3
| source = [[Département de l'Agriculture des États-Unis]] (USDA)<ref>{{Lien web | langue = en | titre =''Sweet potato, raw, unprepared (Includes foods for USDA's Food Distribution Program)''  | date =4 janvier 2019  | url = https://fdc.nal.usda.gov/fdc-app.html#/food-details/168482/nutrients |éditeur=[[Département de l'Agriculture des États-Unis|USDA]] - Agricultural Research Service (ARS)  | site =FoodData Central fdc.nal.usda.gov | consulté le = 22 octobre 2019}}.</ref>
}}
Aussi bien les tubercules que les feuilles sont un [[aliment de base]] dans les régions tropicales où la patate douce prend la place de la [[pomme de terre]].

Souvent considérée par les populations qui la consomment comme un [[Sécurité alimentaire|aliment de sécurité]], la patate douce a aidé à sauver de la [[famine]] en période de conflits ou de [[sécheresse]]. Ce fut le cas par exemple au [[Japon]] où la patate douce a sauvé la nation japonaise lorsque les [[Cyclone tropical|typhons]] ont détruit toutes les rizières juste avant la [[Première Guerre mondiale]]. Déjà l'érudit japonais de l'[[Époque d'Edo|ère Edo]], [[Aoki Konyō]], préconisait dans un traité publié en 1735 de généraliser la culture de la patate douce considérée comme un aliment de secours en période de disette<ref>{{article | langue =en  | auteur =Nozipho M. Motsa, Albert T. Modi, Tafadzwanashe Mabhaudhi  | titre =''Sweet potato (Ipomoea batatas L.) as a drought tolerant and food security crop''  | date =16 juin 2015  | url = https://pdfs.semanticscholar.org/0223/44838f8e7f1a59a36f6e14caa66a08afbd86.pdf?_ga=2.57665514.192219273.1573303784-1789245166.1560457449 | revue =South African Journal of Science |volume=111 |numéro= 11/12| pages=2014-0252 http://dx.doi.org/10.17159/sajs.2015/20140252}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Bettina Gramlich-Oka, Gregory J. Smits|titre=Economic Thought in Early Modern Japan : Monies, Markets, and Finance in East Asia, 1600-1900|éditeur=BRILL|année=2010|pages totales=320|passage=118|isbn=978-90-04-19020-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yt95DwAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. La plante, introduite dans le sud de la Chine dès 1594, fut promue pour contrer les effets des sécheresses sous le règne de la [[dynastie Qing]] (1644- 1912)<ref>{{chapitre|langue=en|titre=Sweetpotato (Ipomoea Batatas L.)|auteur=Robert O. M. Mwanga, Maria I. Andrade, Edward E. Carey, Jan W. Low, G. Craig Yencho, Wolfgang J. Grüneberg|auteur ouvrage=Hugo Campos, Peter D.S. Caligari |titre ouvrage=Genetic Improvement of Tropical Crops |passage=181-218|date=octobre 2017| url= https://www.researchgate.net/publication/320724595_Sweetpotato_Ipomoea_Batatas_L |doi=10.1007/978-3-319-59819-2_6|pages totales=320}}.</ref>.

En 2016, le [[prix mondial de l'alimentation]] a été décerné à quatre personnalités : Maria Andrade ([[Cap-Vert]]), Robert Mwanga ([[Ouganda]]), et Jan Low et Howarth Bouis ([[États-Unis]]), œuvrant pour le Centre international de la pomme de terre. Ils ont été honorés pour avoir promu la [[patate douce à chair orange]], particulièrement riche en vitamine A, et exemple le plus réussi de [[biofortification]] de micronutriments et de vitamine. Ils ont convaincu près de deux millions de ménages dans 10 pays africains de planter, d'acheter et de consommer cet aliment<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''World Food Prize 2016'' | url = https://editorials.voa.gov/a/world-food-prize-2016/3418873.html | site = VOA | éditeur = viewfromwashingtonfans | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref>.

Aux États-Unis, le ''[[Center for science in the public interest]]'' (CSPI) a classé la patate douce en tête des 10 meilleurs aliments, devant la [[mangue]] et le [[Yaourt|yaourt grec]], considérant que c'est « une ''superstar'' nutritionnelle, qui est riche en [[caroténoïde]]s et constitue une bonne source de potassium et de fibres »<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''10 Best Foods'' | url = https://cspinet.org/eating-healthy/what-eat/10-best-foods | site =[[Center for science in the public interest]] (CSPI) | consulté le = 28 janvier 2020}}.</ref>.

==== Programme VITA A ====
Certaines associations d'aide humanitaire, comme [[HarvestPlus]]<ref>{{Lien web | langue =en  | titre =''Disseminating orange-fleshed sweet potato - Findings from a HarvestPlus Project in Mozambique and Uganda''  | date =2010  | url = https://www.harvestplus.org/sites/default/files/HarvestPlus_OFSP_Brief_web_English.pdf | site = www.harvestplus.org | consulté le = 18 novembre 2019}}.</ref>, font la promotion de sa culture comme une meilleure alternative à l'[[aide alimentaire]].

En 2014, la prévalence de la [[carence en vitamine A]] était estimée à 42 % chez les enfants de moins de cinq ans en [[Afrique subsaharienne]], ce qui représente environ 78 millions d'enfants affectés<ref>{{Lien web | langue =en  | titre =''Sweet Potato to Fight Vitamin A Deficiency and Reduce Malnutrition''  | url = https://afsafrica.org/wp-content/uploads/2019/04/sweet_potato_vad.pdf | éditeur=Oakland Institute &  Alliance for Food Sovereignty in Africa (AFSA |site = afsafrica.org | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref>.
Le programme VITAA (Vitamine A pour l'Afrique) vise à créer, sous l'égide du [[centre international de la pomme de terre]], des partenariats entre agriculteurs, nutritionnistes, chercheurs, médecins, ONG, communautés locales et entrepreneurs, avec un objectif commun : promouvoir les [[Patate douce à chair orange|patates douces à chair orange]] et d'autres approches basées sur l'alimentation pour résoudre les carences en vitamine A et les problèmes plus généraux de malnutrition<ref name="Regina Kapinga">{{Lien web | auteur =Regina Kapinga, Peter T. Ewell, Vital Hagenimana, Wanda Collins, Dapeng Zhang & B. Lemaga  | titre =''Promotion of orange-fleshed sweetpotato to enhance dietary Vitamin A intake: Lessons and Strategies in Eastern and Southern Africa''  | date =31 mars 2017  | url = http://www.sweetpotatoknowledge.org/wp-content/uploads/2016/01/Promotion-of-orange-fleshed-sweetpotato-to-enhance-dietary-Vitamin-A-intake-Lessons-and-Strategies-in-Eastern-and-Southern-Africa.pdf | site = www.sweetpotatoknowledge.org | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref>.

==== Valeur nutritionnelle ====
La patate douce a une [[Information nutritionnelle|valeur nutritionnelle]] élevée. Elle fournit plus de 90 % des [[nutriment]]s par calorie nécessaires à la plupart des gens, à l'exception des [[protéine]]s et de la niacine ([[vitamine B3]]).

Les tubercules (racines) sont une source précieuse de glucides, de vitamines (fournissant 100 % de l'apport journalier recommandé (AJR) pour la vitamine A et 49 % pour la vitamine C), et de minéraux (fournissant 10 % de l'AJR pour le fer et 15 % pour le potassium). Outre les amidons simples, les patates douces sont riches en glucides complexes, en fibres alimentaires, en fer et en vitamines telles que le [[Bêta-Carotène|bêta-carotène]] (caroténoïde précurseur de la [[vitamine A]]), la [[Riboflavine|vitamine B2]], la [[vitamine C]] et la [[vitamine E]]<ref name="Remya Mohanraj"/>.

Les principaux composants des tubercules crus sont présentés dans le tableau suivant. La [[matière sèche]] est constituée essentiellement (de 80 à 90 %) de [[glucide]]s : [[amidon]], [[sucre]]s et de faibles teneurs de [[pectine]]s, [[hémicellulose]] et [[cellulose]]. Cette composition est très variable, selon les cultivars, la maturité des tubercules, la durée de conservation et les processus de transformation.

{| class="wikitable alternance left" width="25%"
 |+Composition des tubercules<br><small>(en % de la [[matière sèche]])</small><ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jennifer A. Woolfe, International Potato Center|titre=Sweet Potato|sous-titre=An Untapped Food Resource|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1992|pages totales=643|passage=42|isbn=978-0-521-40295-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=_MWmIDzNMSYC&printsec=frontcover}}.</ref>
 |----
 ! scope="col"  | Composants !! scope="col" | Valeur<br>moyenne !! scope="col" | Écart
 |----
 | scope="row" | Amidon
 | align="center" | 70 ||  align="center" |30 - 85
 |----
 | scope="row" | Sucres totaux
 | align="center" | 10  ||  align="center" | 5 - 38
 |----
 | scope="row" | Protéines totales
 | align="center" | 5  ||  align="center" |1,2 - 10
 |-
 | scope="row" | Lipides
 | align="center" | 1 ||  align="center" |1 - 2,5
 |----
 | scope="row" | Cendres
 | align="center" | 3||  align="center" |0,6 - 4,5
 |----
 | scope="row" | Fibres totales
 | align="center" | 10 || 
 |----
 | scope="row" | Autres composants<br>en faible concentration
 | align="center" | <1 || 
 |}

L'introduction relativement récente de variétés à chair orange, à teneur élevée en [[Carotène|béta-carotène]] (pouvant aller jusqu'à 20-30 mg/100 g), a donné un regain d'intérêt pour l'inclusion des patates douces dans l'alimentation. La promotion de ces variétés de patates douces à chair orange (PDCO) s'inscrit dans une stratégie visant à compenser les carences en [[vitamine A]], en particulier dans les pays de l'[[Afrique subsaharienne]] et au [[Bangladesh]]<ref>{{Lien web | langue =en  | auteur = G. Padmaja, Jaffer T. Sheriff, Moothandassery S. Sajeev  | titre =''Food Uses and Nutritional Benefits of Sweet Potato''  | date =2012  | url = http://www.globalsciencebooks.info/Online/GSBOnline/images/2012/FVCSB_6(SI1)/FVCSB_6(SI1)115-123o.pdf | site = www.globalsciencebooks.info | consulté le = 15 octobre 2019}}.</ref>.
Plus la couleur de la peau et de la chair est foncée, plus elle contient d'[[anthocyane]]s et d'éléments nutritifs. Ainsi les variétés à chair orange ou pourpre sont plus riches en éléments nutritifs que les jaunes et encore plus que les blanches. La patate douce contient de nombreux [[antioxydant]]s (polyphénols), souvent plus abondants dans la pelure. Elle est aussi plus riche en amidon que la pomme de terre (jusqu'à 18 % du poids frais selon les variétés), mais elle contient sensiblement la même quantité de glucides<ref name="FondationBonduelle">{{lien web | langue=fr-FR | titre=La patate douce - Fiche légume, valeurs nutritionnelles, bien-être | site=Fondation Louis Bonduelle| url=http://www.fondation-louisbonduelle.org/legume/patate-douce/ |consulté le=16 avril 2018}}</ref>.

==== Facteurs antinutritionnels ====
La patate douce contient, à des teneurs variables selon les cultivars, des sucres complexes ([[raffinose]], [[stachyose]] et [[verbascose]]) qui ne sont pas digérés dans le [[Appareil digestif humain|tractus digestif]] supérieur et sont responsables, surtout le raffinose, après fermentation par des bactéries du [[côlon]], de la production de gaz responsables de la [[flatulence]].
La patate douce a une activité inhibitrice de la trypsine (AIT) qui peut aller jusqu'à 90 % d'inhibition chez certaines variétés. La teneur en [[Inhibiteur de trypsine|inhibiteurs de trypsine]] est corrélée avec celle des protéines. Les inhibiteurs de trypsine sont inactivés par la chaleur (à 90 °C pendant plusieurs minutes). Selon certains auteurs, l'AIT de la patate douce pourrait être un facteur de l'[[entérite nécrosante]]<ref name="Roots, tubers, plantains and bananas">{{Lien web | langue = en | titre = ''Roots, tubers, plantains and bananas in human nutrition - Toxic substances and antinutritional factors'' | date = 1990 | url = http://www.fao.org/3/t0207e/T0207E08.htm | éditeur=Food & Agriculture Organization of the United Nations (FAO)  |site = www.fao.org | consulté le = 20 octobre 2019}}.</ref>.

En réponse à une agression biotique comme une infection ou une [[Maladie cryptogamique|contamination fongique]], la patate douce peut produire certains [[métabolite]]s, notamment des [[Terpénoïde|furano-terpénoïdes]]<ref>{{Lien web | langue = en | auteur = Ikuzo Uritani | titre = ''Induction of Furano-terpene Production and Formation of the Enzyme System from Mevalonate to Isopentenyl Pyrophosphate in Sweet Potato Root Tissue Injured by Ceratocystis fimbriata and by Toxic Chemicals'' | url = https://www.researchgate.net/publication/7120592_Induction_of_Furano-terpene_Production_and_Formation_of_the_Enzyme_System_from_Mevalonate_to_Isopentenyl_Pyrophosphate_in_Sweet_Potato_Root_Tissue_Injured_by_Ceratocystis_fimbriata_and_by_Toxic_Chemic | site = ResearchGate | doi = 10.1104/pp.58.1.51 | consulté le = 20 octobre 2019}}.</ref>, qui sont connus pour être toxiques. La contamination des tubercules par ''[[Ceratocystis fimbriata]]'' et certaines espèces de ''[[Fusarium]]'' induit la production de composés [[Hépatotoxicité|hépatoxiques]], comme l'[[ipoméamarone]]<ref name="Roots, tubers, plantains and bananas"/>.

La patate douce contient de l'[[oxalate]] (teneur évaluée dans une étude à 59 mg/100 g dont 38 mg d'oxalate soluble<ref>{{lien web|langue=en| url =http://ejhd.org/index.php/ejhd/article/download/1060/805 |titre= ''Forms and contents of oxalate and calcium in some vegetables in Ethiopia'' |auteur=Kasaye Jiru et Kelbessa Urga |consulté le=16 novembre 2019}}.</ref>), qui contribue à la formation de [[Lithiase urinaire|calculs rénaux]] d'[[oxalate de calcium]] et sa consommation est déconseillée aux personnes sujettes à des calculs rénaux<ref name=Milind/>.

==== Utilisation culinaire ====
===== Mets salés =====
En mets salés, l'utilisation de la patate douce est similaire à celle de la [[pomme de terre]] : cuite à l'eau ou au four, ou bien frite ou sautée. La patate douce crue n'est pas toxique, mais sa consommation est déconseillée, l'amidon cru étant indigeste.
En Asie de l'Est, notamment en Chine et en [[Corée]], on consomme les patates douces également sous forme de [[pâte]]s alimentaires ([[nouille]]s ou de [[vermicelle]]s) préparés à partir de la fécule extraite des tubercules. C'est le cas par exemple des ''[[dangmyeon]]s'', sortes de pâtes coréennes qui entrent dans la préparation du ''[[japchae]]''. On trouve couramment en Chine des vendeurs de patates douces cuites dans des fours mobiles, pour être consommées directement en l'état, comme avec les marrons grillés en Europe. Au Japon, on peut trouver des crèmes glacées à la patate douce.

<gallery mode="packed">
Korean cuisine japchae.jpg|''[[Japchae]]'', plat coréen à base de ''[[dangmyeon]]s'' (nouilles de patates douces).
Nouilles patates douces Wencheng.jpg|''Fānshǔ fěnsī'' (番薯粉丝), nouilles de patates douces chinoises crues et séchées, prêtes à être cuites.
Sweet Potato Fries.jpg|[[Frite de patate douce|Frites]] de patate douce.
Goguma-stick.jpg|''Goguma-sticks'' (Corée, frites de patates douces).
</gallery>

La patate douce est l'[[aliment de base]] de la [[cuisine d'Okinawa]], représentant près de 70 % des [[calorie]]s<ref>{{Article|langue=en|prénom1=B. J.|nom1=Willcox|prénom2=D. C.|nom2=Willcox|prénom3=H.|nom3=Todoriki| prénom4=A.|nom4=Fujiyoshi |titre=''Caloric Restriction, the Traditional Okinawan Diet, and Healthy Aging: The Diet of the World's Longest-Lived People and Its Potential Impact on Morbidity and Life Span''|périodique=Annals of the New York Academy of Sciences| volume=1114|numéro=1 |date=2007-10-01| issn=0077-8923| doi= 10.1196/annals.1396.037| lire en ligne=https://nyaspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1196/annals.1396.037|consulté le=2018-11-17|pages=434–455}}</ref>. Cette cuisine serait une des composantes de la longévité particulière des habitants de cette île japonaise<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Booth|prénom1=Michael|titre=''The Okinawa diet – could it help you live to 100?''|url=https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2013/jun/19/japanese-diet-live-to-100|site=the Guardian|date=2013-06-19|consulté le=2018-11-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=A Recipe For Longevity? Beans, Friends, Purpose And Movement|url=http://hereandnow.wbur.org/2015/08/26/blue-zones-recipe-for-longevity|site=hereandnow.wbur.org|consulté le=2018-11-17}}</ref>.

===== Mets sucrés =====
Comme elle est sucrée, la patate douce peut aussi servir à préparer des [[dessert]]s : compotes, gâteaux, glaces et autres.

Les patates douces au sirop, en morceaux entiers, sont un dessert populaire en [[Argentine]] et en [[Uruguay]], on y prépare aussi des desserts sucrés comme le ''[[postre vigilante]]'' et le ''[[dulce de batata]]''<ref name="Marta Vicente">{{Lien web | langue = es | auteur =  Marta Vicente | titre = ''Cómo hacer dulce de batata - Fácil'' | date =2017  | url = https://comida.uncomo.com/receta/como-hacer-dulce-de-batata-30686.html | site = uncomo.com | consulté le = 22 octobre 2019}}.</ref>. Au [[Brésil]], la patate douce est principalement utilisée dans la fabrication de confiseries, appelées « ''[[marrom-glacê]]''<ref name="Dias Lopes">{{Lien web | langue = pt | auteur =Dias Lopes  | titre = ''Marrom-glacê de batata-doce'' | jour = 17 | mois = avril | année = 2013 | url = https://paladar.estadao.com.br/noticias/comida,marrom-glace-de-batata-doce,10000010015 | site = Estadão | consulté le = 24 novembre 2019}}.</ref> », généralement vendues en conserve<ref name=Fuentes>{{chapitre|langue=en| titre=''Sweetpotato in South America''|titre ouvrage=The Sweetpotato |auteur= S. Fuentes & E. Chujoy |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=414-440}}.</ref>.

Aux États-Unis, les [[Tarte aux patates douces|tartes aux patates douces]] sont très populaires, notamment lors des fêtes (Thanksgiving, Noël...)<ref name="foodtimeline">{{Lien web |langue=en |nom1=Oliver |prénom1=Lynne |titre=''Sweet Potato Pie'' |site=Food Timeline |année=1999 |url=http://www.foodtimeline.org/foodpies.html#sweetpotatopie}}.</ref>. La variante [[tarte hawaïenne aux patates douces|hawaïenne]] est agrémentée de ''haupia''<ref name=" uhmccadmin 2019">{{Lien web |langue=en |auteur=uhmccadmin |titre=''Sweet Potato Haupia Pie – University of Hawai‘i at Mānoa Children's Center'' |site=University of Hawaii System |date=20 mars 2019 |url=https://www.hawaii.edu/childrenscenter/for-our-families/recipes/luau-recipes/sweet-potato-haupia-pie}}.</ref>.

Dans certaines régions d'[[Espagne]], on consomme souvent à [[Noël]], une pâtisserie appelée « ''[[pastel de boniato]]'' » constituée d'une [[pâte feuilletée]] fourrée avec une purée sucrée de patate douce<ref>{{Lien web |langue=es |titre=''Pasteles de boniato'' |url=http://comunitatvalenciana.com/que-hacer/gastronomia/receta/pastissos-de-moniato |site=Gastronomía y Enoturismo de la Comunitat Valenciana |consulté le=24 novembre 2019}}.</ref>.

Dans différents pays, on prépare aussi de la [[confiture]] de patate douce. On peut préparer une confiture de patates douces au goût convenable contenant environ 21 % de patates douces, 45 % de sucre et 34 % d'eau. Les morceaux de patate douce cuits, mélangés avec l'eau, le sucre, de l'acide citrique et éventuellement des arômes, forment une pâte qui est ensuite cuite jusqu'à obtenir une valeur de 68 [[Échelle de Brix|°Bx]] pour les sucres solubles totaux. Du fait de la forte teneur en amidon de la patate douce par rapport aux fruits, les proportions de patate douce et de sucre diffèrent de la formule standard de 45 % de fruits et de 55 % de sucre dans les confitures de fruits<ref>{{article | langue =en  | auteur =M.O. Oke &  T.S. Workneh  | titre =''A review on sweet potato postharvest processing and preservation technology''  | date =septembre 2013  | url = https://pdfs.semanticscholar.org/d1b9/1f7c9eb7bf0644f355f8cb77a3c8d441a623.pdf |revue = International Journal of Agricultural Research and Reviews |volume= l [numéro= 1 |pages= 1-14}}.</ref>.
Dans l'[[Union européenne]]<ref>{{article | langue = fr | auteur =  | titre =''Directive 2001/113/CE du Conseil du 20 décembre 2001 relative aux confitures, gelées et marmelades de fruits, ainsi qu'à la crème de marrons, destinées à l'alimentation humaine''  | date =12 janvier 2002  | url = https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32001L0113&from=en | revue = Journal officiel des Communautés européennes|numéro=L 10 |pages=67-69 }}.</ref>, et en [[France]]<ref>{{Lien web | langue =fr  | titre =''Confitures, gelées, marmelades de fruits et autres produits similaires''  | date =janvier 2019  | url = https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/documentation/fiches_pratiques/fiches/confitures-gelees-marmelade-de-fruits-autres-produits-similaires.pdf | éditeur= DGCCRF|site = www.economie.gouv.fr - Fiches pratiques | consulté le = 24 novembre 2019}}.</ref>, la définition légale de la confiture, définie par la Directive 2001/113/CE du Conseil du 20 décembre 2001 relative aux confitures, gelées et marmelades de fruits, destinées à l'alimentation humaine, a été adaptée pour assimiler les patates douces (ainsi que d'autres légumes comme les carottes) à des [[Fruit (alimentation humaine)|fruits]] lorsqu'elles entrent dans la composition de confitures.

Au Maroc, on en fait une sorte de confiture, appelée « crème d´[[ipomée]] », qui est assez comparable à la crème de marrons<ref>{{Lien web |langue=fr | titre = ''Crème d'Ipomée - Confiture de Patate Douce'' | url = https://www.bahadourian.com/les-fruits-d-automne/creme-d-ipomee-confiture-de-patate-douce-2299.html | site = www.bahadourian.com | consulté le = 24 novembre 2019}}.</ref>.

<gallery mode="packed">
Local food in Reunion. My home made by mum.jpg|[[Gâteau patate]] consommé à [[la Réunion]].
SweetPotatoPie.jpg|Part de [[tarte aux patates douces]].
Dulce de batata1.JPG|''[[Dulce de batata]]'', dessert d'origine argentine.
Pastisset de moniato-Valencia (detalle).JPG|''[[Pastel de boniato|Pasteles de boniato]]'', spécialité valencienne.
SweetpotatoTongsui.jpg|Soupe sucrée de patate douce (Chine, ''[[Soupe de patates douces|fanshu tangshui]]'' {{langue|zh|番薯糖水}}).
</gallery>

==== Feuilles et tiges ====
[[Fichier:1776Foods Baliuag Bulacan Kamote Bell Peppers 39.jpg|vignette|gauche|redresse|Jeunes pousses feuillées de patate douce (Philippines).]]
Les feuilles de la patate douce se consomment à la manière des [[épinard]]s, contrairement à celles de la pomme de terre qui sont toxiques.

Elles sont légèrement [[Mucilage|mucilagineuses]] et très fondantes tout en ayant quand même un léger croquant.

Les jeunes feuilles et les pousses servent de condiments.

En Afrique de l'Ouest et à Madagascar, les jeunes feuilles de patate douce sont pilées et blanchies pour être servies avec du riz et de la viande ou du poisson.

En Chine continentale et à Taïwan, les feuilles de patates douces (appelées {{chinois|court=o|s=番薯叶|t=番薯葉|p=fānshǔ yè}}, {{chinois|court=o|s=地瓜叶|t=地瓜葉|p=dìguā yè}} ou {{chinois|court=o|s=甘薯叶|t=甘薯葉|p=gānshǔ yè}}) ont longtemps été utilisées pour l'alimentation animale et étaient jusqu'à récemment considérées comme un aliment de pauvres. Une nouvelle mode culinaire les a mises au goût du jour et elles sont maintenant servies couramment dans les restaurants. Elles sont soit sautées avec de l'ail haché, soit cuites à l'eau et aromatisées à la sauce de soja, soit utilisées dans des soupes.

On prépare les jeunes feuilles et les pointes en les faisant rapidement bouillir dans une petite quantité d'eau. Servies ou préparées avec un corps gras ([[lait de coco]] par exemple), les feuilles aideront l'organisme à assimiler la vitamine A qu'elle contiennent. On peut également les faire frire dans un peu d'huile de cuisson, dans une casserole couverte ou même brièvement en friture profonde. On peut ajouter de l'oignon ou de l'ail pour en relever le goût. Elles se marient bien aux soupes et constituent un aliment excellent pour les nourrissons, les femmes enceintes et les mères qui allaitent leur enfant.

En Corée, les [[Bokkeum|Goguma julgi bokkeum]], sont des feuilles de patates douces sautées.

<gallery mode="packed">
SWEET POTATO LEAVES.jpg|Paquets de feuilles de patate douce en vente dans une épicerie asiatique.
Korean cuisine-Namul-03.jpg|''[[Namul|Gogumasun namul]]'', cuisine coréenne (pousses de patate douce sautées et assaisonnées de poudre de périlla).
Camote tops (talbos ng kamote).jpg|Salade de jeunes feuilles de patate douce (''Kinilaw nga galay sa camote'', [[cuisine philippine]]).
Goguma-julgi-bokkeum.jpg|''Goguma-julgi-bokkeum'' (Corée, tiges de patates douces sautées).
</gallery>
Les feuilles de patate douce sont plus riches en [[protéine]]s, [[Bêta-Carotène|bêta-carotène]], [[calcium]], phosphore, fer et [[vitamine C]] que l'[[épinard]]. Elles sont riches en [[Fibre alimentaire|fibres]] et aideraient ainsi à prévenir certains types de [[cancer]]<ref>Jin YR, Lee MS, et al. Intake of vitamin A-rich foods and lung cancer risk in Taiwan: with special reference to garland chrysanthemum and sweet potato leaf consumption. Asia Pacific Journal of Clinical Nutrition 2007;16:477-88.</ref>{{,}}<ref>[http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=patate_douce_nu Les feuilles de patates douces pourraient prévenir le cancer du poumon]</ref>{{,}}<ref>[http://www.recettesmaroc.com/sante-et-bien-etre/les-bienfaits-de-la-patate-douce Les bienfaits de la patate douce]</ref>. Elles contiennent environ 3 % de protéines.
C'est une source de [[vitamine A]], vitamine [[Riboflavine|B2]], [[vitamine C]], et de [[sel minéral|sels minéraux]]. Les feuilles sont peu caloriques.

Des analyses montrent que les feuilles de patate douce fournissent plus d'éléments nutritifs que le chou. Plus les feuilles sont foncées, plus elles contiennent de vitamine A.

Elles sont riches en composés phénoliques, et contiennent des anthocyanines. La FAO classe les feuilles de la patate douce comme un des dix principaux légumes antioxydants d'Asie.

=== Alimentation animale ===
Les tubercules crus, frais ou après stockage, sont donnés aux cochons en [[Chine]], dans certaines régions d'Indonésie ([[Nouvelle-Guinée occidentale|Irian Jaya]]), en Corée, en [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], en Thaïlande et au [[Viêt Nam]]. Ils sont parfois coupés en tranches, mélangés avec les tiges feuillées ou avec d'autres aliments produits sur l'exploitation (par exemple coques de riz ou cosses de maïs), ou même supplémentés en protéines achetées<ref>{{Lien web | langue = en | auteur =G.J. Scott  | titre = ''Sweet potatoes as animal feed in developing countries: present patterns and future prospects'' | date =1991  | url = http://www.fao.org/3/T0554E/T0554E13.htm | éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO)| consulté le = 14 octobre 2019}}.</ref>. On recherche alors des variétés à tubercules volumineux et à grand rendement. Dans certains pays les tubercules sont cuits pour améliorer la [[digestibilité]] de l'amidon et éliminer le contenu en [[inhibiteur de trypsine]] qui limite la croissance des porcs. Un apport complémentaire de [[protéine]]s est aussi parfois nécessaire<ref name=peters/>.

[[Fichier:Students of the Heitō Secondary School feeding pigs.jpg|vignette|gauche|redresse|Élèves de l'école intermédiaire de [[Pingtung]] [[Taïwan]] nourrissant des porcs avec des feuilles de patate douce (avant 1945).]]

Les parties aériennes de la patate douce, les tiges feuillées, peuvent être utilisées, notamment dans les petites exploitations, comme [[Alimentation animale|aliment du bétail]], principalement les [[Bos taurus|bovins]]. Elles constituent un excellent [[fourrage]] tant à l'état frais ou desséché qu'après [[ensilage]]. Elles représentent un potentiel de production variant selon les variétés de 4 à 6 tonnes de [[matière sèche]] par hectare et par culture. Lorsque la patate douce est cultivée comme plante vivace et que les tiges sont coupées à intervalles de 15 à 20 jours, de grandes quantités de fourrage vert peuvent être récoltées<ref>{{article | langue =en  | auteur =Vo Lam | titre = ''Agricultural potential of sweet potato (Ipomoea batatas, L. (Lam)) for forage production'' | date =2016  | url = http://www.lrrd.org/lrrd28/6/lam28101.html | revue= Livestock Research for Rural Development|volume= 28 |numéro= 6}}.</ref>. La valeur nutritive du feuillage des patates douces est relativement élevée pour les [[Animal domestique|animaux d'élevage]]. On considère que 3 kg de feuilles vertes équivalent à 1 kg de maïs avec une [[nutrition|valeur nutritionnelle]] évaluée entre 95 et 100 % de celle du [[maïs]]. Les feuilles séchées ont une valeur nutritive supérieure à celle du [[foin]] de [[Luzerne cultivée|luzerne]]. Elles contiennent 22 % de [[protéine]]s brutes, 46 % de [[Fibre alimentaire|fibres brutes]] et 9 % de cendres totales. La teneur en protéines brutes digestibles est de 9 % et le total des nutriments digestibles est de 22,4 %<ref name=consensus/>.

Dans certains pays asiatiques, principalement la Chine, mais aussi le [[Viêt Nam]], les Philippines, la Corée, et Taïwan, ainsi qu'en [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], s'est mis en place un véritable « système patates-douce-élevage porcin ». Malgré la faible rentabilité de l'élevage des porcs, cette pratique présente des avantages indéniables : procurer des revenus monétaires à de nombreux ménages ruraux, fournir du [[fumier]] pour entretenir la fertilité des sols, et convertir par l'intermédiaire des porcs des patates douces de faible valeur en [[viande]] ou en produits hautement commercialisables. En Papouasie, il s'ajoute un facteur culturel, car les porcs, considérés comme la créature vivante la plus importante à part l'homme, y bénéficient d'un statut protégé et presque vénéré<ref name=peters>{{article | langue = en | auteur =D. Peters  | titre = ''Use of sweet potato in pig production in Asia: agricultural and socio-economic aspects''| date =2004  | url = http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.195.5726&rep=rep1&type=pdf | éditeur=[[CAB International]] |revue= animalscience.com Reviews No. 4 : Pig News and Information |volume=25 |numéro= 1| pages=25N-34N }}.</ref>.

=== Plante médicinale ===
La patate douce est une [[plante médicinale]] appréciable, qui possède des activités [[Anticancéreux|anticancéreuses]], [[antidiabétique]]s et [[anti-inflammatoire]]s<ref name="Remya Mohanraj">{{article | langue = en | auteur = Remya Mohanraj & Subha Sivasankar | titre = ''Sweet Potato (Ipomoea batatas [L.] Lam) - A Valuable Medicinal Food: A Review'' | date =2014  | url = https://www.researchgate.net/publication/263096030_Sweet_Potato_Ipomoea_batatas_L_Lam_-_A_Valuable_Medicinal_Food_A_Review | revue= Journal of medicinal food |volume= 17 |doi= 10.1089/jmf.2013.2818}}.</ref>.

==== Médecine traditionnelle ====
Différentes parties de la plante ont été employées dans les [[médecine traditionnelle|médecines traditionnelles]]. Au [[Ghana]], les tribus [[Akan (peuple)|Akans]] utilisaient les feuilles pour traiter le [[diabète de type 2]]. Au [[Brésil]], elles servaient à traiter les affections de la bouche et de la gorge infectieuses ou inflammatoires. Au [[Japon]], dans la région de [[Préfecture de Kagawa|Kagawa]], on consommait crus les tubercules d'une certaine variété à chair blanche pour lutter contre l'[[anémie]], l'[[hypertension artérielle]] et le [[Diabète (syndrome)|diabète]]. Les tiges étaient utilisées pour traiter la [[prostatite]]<ref name="Remya Mohanraj"/>.
En Inde, dans la médecine populaire [[Ayurveda|ayurvédique]], les patates douces sont utilisées dans le traitement des tumeurs de la bouche et de la gorge. Une [[décoction]] des feuilles est censée être active comme agent aphrodisiaque, astringent, adoucissant, laxatif, énergisant, bactéricide et fongicide. La patate douce s'est avérée bénéfique dans le traitement d'affections variées : asthme, piqûres d'insectes, brûlures, [[Inflammation|catarrhe]], diarrhée, fièvre, nausées, [[splénose]], troubles gastriques, tumeurs.
On a signalé aussi l'utilisation d{{'}}''Ipomoea batatas'' contre la [[dengue]], entraînant une amélioration du nombre de plaquettes<ref name=Milind>{{article | langue =en  | auteur =Monika & Parle Milind  | titre =''Sweetpotato as à Super Food''  | date = juillet-août 2015 | url = https://ijrap.net/admin/php/uploads/1391_pdf.pdf | revue= International Journal of Research in Ayurveda and Pharmacy |volume=6 |numéro=4 }}.</ref>.

==== Constituants phytochimiques ====
{| class="wikitable alternance right" width="60%"
 |+ Constituants phytochimiques de la patate douce<ref>{{article | langue =en  | auteur =Parle et Monika Milind | titre =Sweetpotato as a super-food''  | date =19 juin 2015  | url = https://ijrap.net/admin/php/uploads/1391_pdf.pdf | revue = International Journal of Research in Ayurveda and Pharmacy |volume=6 |numéro= 4}}.</ref>
 |----
 ! scope="col" | Groupes !! scope="col" | Phytoconstituants !! scope="col" | Organes
 |----
 ! scope="row" | [[Acide-phénol|acides phénoliques]]
 | [[acide caféique]], dérivés de l'acide caféoylquinique, dont l'[[acide chlorogénique]] || feuille, racine, peau
 |----
 ! scope="row" | [[coumarine]]s
 |[[esculétine]], [[ombelliférone]], [[péonidine]], [[cyanidine]] || feuille, racine
 |----
 ! scope="row" | [[triterpène]]s / [[stéroïde]]s
 | acétate de boehméryl, [[friedéline]] || racine, feuille
 |----
 ! scope="row" | [[Terpénoïde|sesquiterpénoïde]]s
 | 6-myoporol, 4-hydroxy-déhydro-myoporone, [[ipoméamarone]] || racine
 |----
 ! scope="row" | [[alcaloïde]]s
 | calystégine B1, B2, B3, C1, ipomine || tubercule, feuille
|----
 ! scope="row" | [[flavonoïde]]s
 | tiliroside, [[astragaline]], rhamnocitrine, [[rhamnétine]], [[kaempférol]]|| feuille
|----
 ! scope="row" | [[Hétéroside|glycosides]]
 | batatines, batatosides || feuille, racine
|----
 ! scope="row" | [[Protéine]]s de stockage
 | [[sporamine]] / ipomoéine || racines de stockage (tubercules)
    |}
Les [[Composé phytochimique|composés phytochimiques]] présents dans la patate douce sont divers, et varient selon les cultivars. On trouve surtout des [[flavonoïde]]s, [[terpénoïde]]s, [[tanin]]s, [[saponine]]s, [[Hétéroside|glycosides]], [[alcaloïde]]s, [[stéroïde]]s et [[Acide-phénol|acides phénoliques]]. Les variétés orange sont particulièrement riche en [[Bêta-Carotène|β-carotène]], tandis que les variétés violet-pourpre sont plus riche en [[anthocyane]]s que les autres<ref name="Taiwo Betty Ayeleso">{{article | langue = en | auteur = Taiwo Betty Ayeleso, Khosi Ramachela & Emmanuel Mukwevho | titre =''A review of therapeutic potentials of sweet potato: Pharmacological activities and influence of the cultivar'' | date =décembre 2016  | url = https://www.researchgate.net/publication/312130190_A_review_of_therapeutic_potentials_of_sweet_potato_Pharmacological_activities_and_influence_of_the_cultivar | revue= Tropical Journal of Pharmaceutical Research  |volume= 15 |numéro= 12 |pages= 2751-2761 |issn=1596-5996 }}.</ref>.

==== Activités pharmacologiques ====
Un polysaccharide extrait de la patate douce exercerait des effets bénéfiques sur le système immunitaire de l'animal, en augmentant la prolifération des [[lymphocyte]]s et leur fonction phagocytaire.
Grâce aux composés phénoliques et anthocyanes qu'elle contient, la patate douce pourrait avoir une action positive sur l'oxydation du cholestérol LDL.
Les [[anthocyane]]s de la patate douce pourpre ont montré ''in vitro'' une activité antioxydante supérieure à la [[Flavonoïde|vitamine C2]], au chou rouge, à la baie de sureau, au maïs pourpre et aux extraits de pelure de raisin.
Ces anthocyanes joueraient un rôle bénéfique sur la santé cardiovasculaire et sur le foie. Ainsi on a montré que l'ingestion d'une boisson à base de patates douces pourpres améliore les fonctions hépatiques chez les sujets à risque d'hépatite, en réduisant le niveau des marqueur hépatiques dans le sérum et le taux des enzymes hépatiques<ref>{{article | langue = en | auteur =I. Suda, F. Ishikawa, M. Hatakeyama, M. Miyawaki, T. Kudo, K. Hirano, A. Ito, O. Yamakawa & S. Horiuchi| titre = ''Intake of purple sweet potato beverage affects on serum hepatic biomarker levels of healthy adult men with borderline hepatitis'' | jour = 14 | mois = février | année = 2007 | url = https://www.nature.com/articles/1602674 | revue = European Journal of Clinical Nutrition |  volume=62 |pages =60-67| doi=10.1038/sj.ejcn.1602674 }}.</ref>.

D'après des essais chez l'animal, des extraits d'anthocyanes de patate douce pourpre diminueraient l'incidence du [[Cancer du côlon|cancer colorectal]]<ref>{{article | langue = en | auteur = Soyoung Lim, Jianteng Xu, Jaeyong Kim, Tzu-Yu Chen, Xiaoyu Su, Joseph Standard, Edward Carey, Jason Griffin, Betty Herndon, Benjamin Katz, John Tomich, Weiqun Wang | titre = ''Role of Anthocyanin-enriched Purple-fleshed Sweet Potato P40 in Colorectal Cancer Prevention'' | date= novembre 2013 | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3980565/ | revue = Molecular Nutrition and Food Research|volume= 57 |numéro= 11|pages =1908-1917 |doi= 10.1002/mnfr.201300040}}.</ref> et la progression de l'[[athérosclérose]]<ref>{{article | langue = en | auteur = Miyazaki K., Makino K., Iwadate E., Deguchi Y., Ishikawa F.. | titre = ''Anthocyanins from Purple Sweet Potato Ipomoea batatas Cultivar Ayamurasaki Suppress the Development of Atherosclerotic Lesions and Both Enhancements of Oxidative Stress and Soluble Vascular Cell Adhesion Molecule-1 in Apolipoprotein E-Deficient Mice'' | date =décembre 2008  | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18986148 | revue = Journal of Agricultural and Food Chemistry |volume=56 |numéro=23 |pages= 11485-11492 |doi= 10.1021/jf801876n}}.</ref>. D'autres études chez l'animal montrent que ces mêmes anthocyanes ont un effet protecteur sur le [[foie]] en le protégeant par exemple des dommages dus à de fortes doses de [[paracétamol]]<ref>{{article | langue = en | auteur = Choi J.H., Choi C.Y., Lee K.J., Hwang Y.P., Chung Y.C., Jeong H.G. | titre =''Hepatoprotective effects of an anthocyanin fraction from purple-fleshed sweet potato against acetaminophen-induced liver damage in mice''  | date =avril 2009  | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19459732 | revue= Journal of Medicinal Food |volume=12 |numéro=(2|pages= 320-326| doi=10.1089/jmf.2007.0691}}.</ref>. Certains pigments de la patate douce pourpre peuvent ralentir la détérioration de la fonction cognitive et même inverser la détérioration de la mémoire chez les souris en réduisant l'inflammation et le stress oxydatif dans le cerveau.

Des études ont montré que la patate douce a le pouvoir de diminuer la [[glycémie]] et la [[résistance à l'insuline]] tant chez l'homme que chez l'animal. Les cultivars à peau blanche, ‘White Star' (pakistanais) et ‘Beauregard' (américain) ont permis d'abaisser la glycémie chez des patients souffrant de [[diabète de type 2]]. Au Japon, un complément alimentaire appelé ''Caiapo'', produit à partir d'extraits de peau de patates douces blanches, a été commercialisé pendant une vingtaine d'années pour lutter contre le diabète<ref>{{Lien web | langue = en | auteur =Daniel J. DeNoon | titre = ''Sweet Potato Extract May Treat Diabetes - Japanese Folk Remedy Shows Promise in Clinical Trial'' | date =10 mars 2004  | url = https://www.webmd.com/diabetes/news/20040310/sweet-potato-extract-may-treat-diabetes | site = WebMD | éditeur = WebMD | consulté le = 20 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name="Remya Mohanraj"/>. La diminution de la glycémie chez les patients diabétiques semble liée à une augmentation du niveau sanguin de l'[[adiponectine]], hormone [[Adipocyte|adipocytaire]] qui agit sur le métabolisme de l'insuline. Plus généralement l'activité anti-diabétique de la patate douce est attribuée à son contenu phytochimique<ref name="Remya Mohanraj"/>. Une certaine protéine, l'[[arabinogalactane]], de la patate douce blanche, contribuerait à ces vertus antidiabétiques<ref>{{Lien web | langue = en| auteur = Oki N., Nonaka S., Ozaki S. | titre =''The effects of an arabinogalactan-protein from the white-skinned sweet potato (Ipomoea batatas L.) on blood glucose in spontaneous diabetic mice''  | date =20111  | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21389600 | site = www.ncbi.nlm.nih.gov | consulté le = 20 octobre 2019}}.</ref>.

''In vitro'', des extraits de tubercule et de feuilles ont montré une certaine efficacité pour empêcher les mutations cellulaires et la croissance de cellules cancéreuses. Une protéine [[Inhibiteur de trypsine|inhibitrice de la trypsine]] contenue dans la patate douce, a montré ''in vitro'' un fort effet antioxydant. Cela pourrait entrer dans la prévention du cancer, plus particulièrement de la [[leucémie]].

Les feuilles de patate douce ont également démontré leur capacité à faciliter la relaxation de l'[[aorte]] chez le rat. Cela suggère que les composants bioactifs contenus dans les feuilles ont la capacité de promouvoir une protection supplémentaire de l'[[endothélium]] vasculaire, offrant ainsi une protection contre les [[Maladie cardiovasculaire|maladies cardiovasculaires]]<ref>{{article| date= 1 octobre 2010| langue=en| titre= ''Sweet potato leaves: properties and synergistic interactions that promote health and prevent disease'' |url=https://academic.oup.com/nutritionreviews/article/68/10/604/1811438 |auteur=Melissa Johnson et Ralphenia D Pace |revue=Nutrition Reviews |volume= 68 |article= 10 | pages= 604–615 |doi=doi:10.1111/j.1753-4887.2010.00320.x}}.</ref>.
Une étude menée à Taïwan a montré qu'une consommation accrue de légumes riches en [[vitamine A]], en particulier de feuilles de patate douce, pourrait offrir une protection potentielle contre le [[cancer du poumon]]<ref>{{article | langue = en | auteur = Jin Y.R., Lee M.S., Lee J.H., Hsu H.K., Lu J.Y., Chao S.S., Chen K.T., Liou S.H., Ger L.P. | titre =''Intake of vitamin A-rich foods and lung cancer risk in Taiwan: with special reference to garland chrysanthemum and sweet potato leaf consumption''  | date =2007  | url = http://apjcn.nhri.org.tw/server/APJCN/16/3/477.pdf | revue= Asia Pacific Journal of Clinical Nutrition |volume= 16|numéro= 3|pages= 477-488 |pmid= 17704030}}.</ref>.
Selon une étude, ce sont les feuilles de patate douce qui contiendraient le plus de composés phénoliques, suivies de la pelure puis de la chair, davantage même que la plupart des légumes-feuilles<ref>{{article | langue = en | auteur = Truong V.D., McFeeters R.F., Thompson R.T., Dean L.L., Shofran B. | titre =''Phenolic acid content and composition in leaves and roots of common commercial sweetpotato (Ipomea batatas L.) cultivars in the United States''  | date =août 2007  | url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17995676 | revue = Journal of Food Science|volume=72 |numéro=6 |pages= C343-9|pmid= 17995676 |doi= 10.1111/j.1750-3841.2007.00415.x}}.</ref>.

=== Transformation ===
La patate douce est transformée et utilisée sous différentes formes dans diverses parties du monde<ref name=Odebode>{{article| langue =en  | auteur =S. O. Odebode, N. Egeonu  & M. O. Akoroda  | titre = ''Promotion of sweetpotato for the food industry in Nigeria'' | date =2008  | url = https://pdfs.semanticscholar.org/6e55/6e1f1506b0ce59c1968030ab50b3d1fd1852.pdf | revue= Bulgarian Journal of Agricultural Science |volume= 14 |n°=3 |pages= 300-308}}.</ref>.

==== Farine et fécule ====
[[Fichier:Transformation patate douce.svg|vignette|redresse|Schéma des processus de transformation et modes d'utilisation de la patate douce.]]

La farine de patate douce peut être utilisée seule ou en complément de la farine de céréales, ainsi que comme [[Texturant alimentaire|stabilisant]] dans l'industrie des [[Crème glacée|crèmes glacées]]<ref name=Odebode/>.

L'[[amidon]] peut être produit à partir de la patate douce de la même manière qu'avec les autres racines amylacées, à la différence près que la solution doit être alcaline ([[Potentiel hydrogène|pH]] 8) en ajoutant de la [[Chaux (matière)|chaux]], qui permet de prévenir le [[brunissement enzymatique]] dû aux [[Tyrosinase|polyphénol-oxydases]]<ref name="V. D. Truong et al."/>, et aide à floculer les impuretés et à dissoudre les pigments. Les variétés les plus adaptées pour l'extraction de l'amidon sont celles à haute teneur en [[matière sèche]] (de 34 à 41 %) qui ont également une teneur élevée en amidon total (25 à 27 %)<ref name="V. D. Truong et al."/>. La production d'amidon de patate douce, qui représente seulement 9 % de la production mondiale d'amidon, est surtout développée en [[Asie de l'Est]]. La part de la Chine est estimée à 95 %<ref name="International Starch Institute"/>. On utilise cette fécule dans la fabrication de sirop d'amidon, de glucose et de [[sirop de glucose]] isomérisé, d'[[Épaississant|agents épaississants]], mais aussi pour produire des boissons à base d'acide lactique, du pain et d'autres confiseries, ainsi que des spiritueux distillés, comme le [[shōchū (boisson)|shōchū]] au Japon. Les [[nouille]]s et les saccharides isomérisés utilisés comme [[édulcorant]]s pour les boissons sans alcool sont également fabriqués à partir d'amidon de patate douce en Chine, au Japon et au [[Viêt Nam]]<ref name=Odebode/>. L'amidon de patates douces sert aussi à produire du [[bioéthanol]], du [[Glutamate monosodique|glutamate de monosodium]], de l'[[acide lactique]] et d'autres composés chimiques<ref name="V. D. Truong et al."/>. En Chine, de loin le plus gros producteur de patates douces du monde, environ 10 % de la production est transformée en [[fécule]] qui sert essentiellement à la fabrication de [[nouille]]s. Cette industrie, concentrée surtout dans les provinces de [[Sichuan]] et [[Shandong]], est le fait de petites unités familiales ou villageoises, peu avancées sur le plan technologique. La production chinoise d'amidon de patates douces est estimée à plus de 2 millions de tonnes<ref name=Wheatley>{{lien web|langue=en|titre= ''Sweetpotato starch in China: current status and future prospects'' |auteur= Christopher C. Wheatley & Song Bofu1 |éditeur= [[Centre international de la pomme de terre]] (CIP)|url=http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.563.650&rep=rep1&type=pdf |consulté le= 15 novembre 2019}}.</ref>.

==== Boissons ====
[[Fichier:Shiranami.jpg|vignette|gauche|redresse|Bouteille de [[Shōchū (boisson)|Satsuma Shōchū]], boisson japonaise obtenue par fermentation de tubercules de patates douces.]]
Des boissons non alcoolisées sont préparées à partir de patates douces, notamment aux [[Philippines]] et en [[Inde]]. Une boisson fruitée à base de patate douce contient en plus de la purée de patate douce, du sucre, de l'[[acide citrique]] et de l'[[acide ascorbique]]. Les [[Patate douce à chair orange|patates douces à chair orange]] produisaient des boissons à la couleur et à l'[[arôme]] agréable. qui peut encore être amélioré en ajoutant de la pulpe de fruits tels que [[goyave]], [[ananas]], [[citron]], etc.
On prépare aussi ces boissons en mélangeant la pulpe de patate douce, à chair crème ou orange, cuite et écrasée, avec la pulpe de [[mangue]] mûre ou de [[jus de fruits]] (orange, citron, ananas, etc.)<ref name=padmaja/>.

La commercialisation de [[boisson]]s et de [[yaourt]]s à la patate douce a commencé au Japon en 1997 et ces produits sont maintenant très populaires. La brasserie Koedo Kawagoe, située à [[Kawagoe]] au [[Japon]], produit depuis 1996 de la [[bière]] à partir de patates douces locales rôties. Cette bière contient 7 % d'alcool et a un goût intermédiaire entre ceux de la bière et du [[vin]], et légèrement sucré<ref name=Odebode/>.

Au [[Japon]], on produit également une [[liqueur]] distillée traditionnelle à base de patate douce (ou d'autres sources telles que le riz, l'orge, le sarrasin, etc.), le ''[[shōchū (boisson)|satsuma shōchū]]''. Le processus consiste à préparer un bouillon de fermentation à base de riz blanc, avec un moût d'amorçage appelé ''[[koji]]'' (contenant des moisissures comme ''[[Aspergillus niger]]''). Ce bouillon mélangé à la [[levure]] traditionnelle (''[[Saccharomyces cerevisiae]]'') subit une [[fermentation]] avant d'être mélangé avec la bouillie de patate douce cuite à la vapeur. Une incubation supplémentaire à 30&nbsp;°C pendant 10 jours donne un bouillon contenant 13 à 15 % d'alcool, qui est distillé pour obtenir la liqueur titrant de 20 à 40 % d'alcool<ref name=padmaja>{{chapitre|langue=en| titre=''Uses and Nutritional Data of Sweet potato''|titre ouvrage=The Sweetpotato |auteur= G. Padmaja |auteur ouvrage= Gad Loebenstein, George Thottappilly |collection=Biomedical and Life Sciences |éditeur=Springer Science & Business Media| date=2009 |isbn=9781402094750 | pages totales=522 |passage=188-234}}.</ref>.

==== Conserve ====
[[Fichier:Campbell's Well Yes Sweet Potato Corn Chowder.jpg|vignette|redresse|Conserve de chaudrée au maïs et à la patate douce de [[Campbell Soup Company|Campbell]] ([[États-Unis]]).]]

La mise en [[conserve]] de patates douces est une pratique courante aux [[États-Unis]] car elle permet de prolonger la durée de stockage et d'assurer la disponibilité du produit toute l'année. La patate douce en conserve est également largement disponible dans des pays tels que l'[[Australie]], [[Taïwan]] et les Pays-Bas<ref name=padmaja/>.
Les variétés à chair jaune sont préférées pour cette utilisation. Les tubercules sont découpés en gros morceaux, conditionnés dans des pots, chauffés à 85 °C et immédiatement scellés de façon hermétique.

[[Fichier:Drying sweet potato.jpg|vignette|redresse|Séchage en extérieur de patates douces coupées en lamelles (Chine).]]

==== Autres ====
[[Fichier:Keripik ubi jalar.JPG|vignette|gauche|redresse|Chips de patates douces (Indonésie).]]

La patate douce peut être transformée en [[chips]] de la même manière que la [[pomme de terre]].<br>
Transformée en pâte à partir de tubercules étuvés et râpés elle est la base de diverses douceurs, [[brioche]]s, [[gâteau]]x, petits pains et beignets soufflés<ref name=Odebode/>.

Râpée, fermentée pendant 1 à 2 jours, puis rôtie, la patate douce donne du « sparri » (néologisme formé sur « garri » avec « sp » pour ''sweet potato'') produit de la même manière que le [[Gari|garri]] produit à partir du [[manioc]]. Ce produit aussi savoureux que le garri de manioc se conserve bien.

Du ''catsup'' (ou [[ketchup]]), condiment bien connu à base de tomates, peut être préparé en substituant jusqu'à 80 % de la tomate par de la patate douce, ingrédient moins coûteux dans certains pays tropicaux. Ce ketchup, commercialisé notamment en Malaisie et en Indonésie, nécessite cependant de choisir des variétés bien adaptées, riches notamment en béta-carotène<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jennifer A. Woolfe, International Potato Center|titre=Sweet Potato|sous-titre=An Untapped Food Resource|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1992|pages totales=643|passage=344|isbn=978-0-521-40295-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=_MWmIDzNMSYC&printsec=frontcover}}.</ref>.

[[Colorant alimentaire|Colorants alimentaires]] : [[Pigment violet de patate douce|pigments violets de patate douce]].

=== Plante ornementale ===
[[Fichier:Fountain in park next to Hotel Indigo, Savannah.jpg|vignette|redresse|Patates douces utilisées en couvre-sol dans un parc public à [[Savannah (Géorgie)]].]]
Certaines variétés de patates douces sont sélectionnées pour leurs [[feuille]]s de formes et de couleurs particulières, qui peuvent être violet plus ou moins foncé, vert-jaune, panachées, tachetées, etc., et leurs fleurs qu'elles produisent en plus grande quantité que les variétés alimentaires. Elles sont utilisées en [[Plante ornementale|cultures ornementales]] en extérieur, dans des conteneurs ainsi que dans des bordures et plates-bandes où elles peuvent faire office d'excellents [[Plante couvre-sol|couvre-sol]], souvent traitées comme [[Plante annuelle|annuelles]] sous climat tempéré car mourant aux moindre gel, ou comme [[Plante vivace|vivaces]] en climat chaud (comme en Floride<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Gardening Solutions - Ornamental Sweet Potato'' |éditeur=  University of Florida, Institute of Food and Agricultural Sciences | url = http://gardeningsolutions.ifas.ufl.edu/plants/ornamentals/ornamental-sweet-potato.html | site = gardeningsolutions.ifas.ufl.edu | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref>). Les patates douces ornementales peuvent aussi se cultiver en [[Plante d'intérieur|plantes d'appartement]]<ref name="Gardening Know How"/>.
Les tubercules qu'elles produisent et leurs feuilles, sont comestibles mais le tubercule est plus petit et produit en plus faible quantité que les variétés sélectionnées pour l'alimentation et parfois plutôt amer<ref name="Gardening Know How">{{Lien web | langue = en | auteur =Kathee Mierzejewski  | titre = ''Ornamental Sweet Potatoes: How To Grow An Ornamental Sweet Potato Plant'' | url = https://www.gardeningknowhow.com/edible/vegetables/sweet-potato/grow-sweet-potato-plant.htm | site = Gardening Know How | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref>.

<gallery caption="Quelques cultivars de patates douces d'ornement">
Ornamental Sweet Potato, Sweet Potato Vine 'Ace of Spades' (Ipomoea batatas).jpg|'Ace of Spades'.
Ipomoea batatas Tricolor 0zz.jpg|'Tricolor'.
Ipomoeabatatas-IML.jpg| 'Illusion Midnight Lace'.
Sweet-caroline-380690 1280.jpg|'Sweet Caroline'.

Ipomoea batatas Blackie 0zz.jpg|'Blackie'.

</gallery>

==== Variétés cultivées ====
Aux [[États-Unis]], il existe six grands types de patates douces ornementales cultivées comme plantes ornementales annuelles d'extérieur<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Ornamental sweetpotato plant named ‘Sweet Caroline Light Green’''| url = https://patents.google.com/patent/USPP15028P3/en | site = patents.google.com | consulté le = 11 novembre 2019}}.</ref> :
* 'Blackie', au feuillage pourpre foncé, aux fleurs lavande et aux tubercules comestibles ;
* 'Terrace Lime' et 'Margarita', à croissance très vigoureuse, connue également sous le nom de 'Sulfur', aux grandes feuilles vert chartreuse, brillantes, et aux fleurs lavande ;
* ‘Black Heart<nowiki>', connue également sous le nom d''Ace of Spades'</nowiki>, aux feuilles cordiformes de couleur pourpre bordeaux ;
* ‘Tricolor', également connue sous le nom de 'Pink Frost ', aux feuilles panachées, de couleur vert pâle, blanche et bordée de rose ;
* 'Lady Fingers', aux feuilles vertes, délicates, divisées en lobes longs et minces ressemblant à des doigts, et aux tiges et nervures de couleur bordeaux.

== Économie ==
=== Production ===
[[Fichier:Évolution de la production de patates douces par continents.png|vignette|gauche|redresse=0.8|Évolution de la production de 1961 à 2017.]]
La production mondiale de patate douce était de 120 à 145 millions de tonnes de 1990 à 2006 et est descendue aux environs de 100 millions de tonnes (Mt) par an depuis 2006, date à laquelle la Chine a réduit sa production de 20 %. Sur la période 2014-2016, la Chine reste le premier producteur avec plus de 71 Mt (source FAOSTAT) soit 68 % de la production mondiale estimée à 104 Mt. Le second et le troisième producteur sont africains, avec respectivement 3,7 % (Nigeria) et 3,4 % (Tanzanie) de la production mondiale. (cf tableau1 ci-dessous); 50 % de l'offre mondiale est destinée à la consommation alimentaire humaine, 30 % à l'alimentation animale (une demande en forte hausse), le reste servant de semences et autres aspects culturaux<ref>http://www.unctad.info/fr/Infocomm/Produits-AAACP/FICHE-PRODUITS---Patates-douces/</ref>.
La Chine a un rendement moyen de {{unité|21.5|t/ha}}, l'Indonésie de {{unité|16,0|t/ha}}, l'Inde de 11,0 t/ha, le Vietnam de 10,6 t/ha et les États-Unis de 23,0 t/ha tandis que la Tanzanie se situe à {{unité|4.8|t/ha}}, le Nigeria à {{unité|2.6|t/ha}} et la Tanzanie à {{unité|4.8|t/ha}}. (tableau 2).

[[Fichier:Production mondiale de patates douces 2017.png|upright=2|vignette|droite]]

{| class="wikitable sortable" align="left" width=50%
|+Tableau 1 : Production par continents - année 2017<ref name=faostat>{{lien web|langue=en|titre=Données FAOSTAT |éditeur= FAOSTAT ([[Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture|FAO]] |url=http://faostat.fao.org/DesktopDefault.aspx?PageID=567&lang=fr|consulté le= 7 octobre 2019}}.</ref>
|-  align="center"
! scope="col" width="20%" | '''Pays'''
! scope="col" | '''Production'''<br> (tonnes)
! scope="col" | '''Surface cultivée'''<br> (ha)
! scope="col" | '''Rendement'''<br> (q/ha)
|- align="right"
! scope="row" | Afrique
| {{nombre|27720784}}|| {{nombre|4715295}}||  5,88
|- align="right"
! scope="row" | Amériques
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|- align="right"
! scope="row" | Asie
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|- align="right"
! scope="row" | Europe
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|- align="right"
! scope="row" | Océanie
| {{nombre|921633}}|| {{nombre|162721}}||  5,66
|- align="right"
! scope="row" |'''Monde'''
| {{nombre|112835316}}|| {{nombre|9202777}}||  12,26
|}
{{clr}}
{| class="wikitable sortable" align="center" width=60%
|+Tableau 2 : Production par pays - année 2017<ref name=faostat/>
|- align="center"
! scope="col" width="20%" | '''Pays'''
! scope="col" | '''Production'''<br> (tonnes)
! scope="col" | '''Surface cultivée'''<br> (ha)
! scope="col" | '''Rendement'''<br> (q/ha)
|- align="right"
! scope="row" |{{Chine}}
|   {{nombre|71796500}} ||  {{nombre|3362871}} || 21,35
|- align="right"
! scope="row" |{{Malawi}}
|  | {{nombre|5472013}} || {{nombre|271449}} ||  20,16
|- align="right"
! scope="row" |{{Tanzanie}}
|  {{nombre|4244370}} || {{nombre|800057}} ||  5,31
|- align="right"
! scope="row" |{{Nigeria}}
|  {{nombre|4013786}}  || {{nombre|1619876}} || 2,48
|- align="right"
! scope="row" |{{Indonésie}}
|   {{nombre|2023000}} || {{nombre|113000}} ||  17,90
|- align="right"
! scope="row" |{{Éthiopie}}
| {{nombre|2008293}} || {{nombre| 246503}} ||  8,15
|- align="right"
! scope="row" |{{Angola}}
|   {{nombre|1857797}} || {{nombre|206727}} ||  8,99
|- align="right"
! scope="row" |{{Ouganda}}
|  {{nombre|1656981}} || {{nombre|391974}} ||  4,23
|- align="right"
! scope="row" |{{États-Unis}}
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|- align="right"
! scope="row" |{{Inde}}
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|- align="right"
! scope="row" |{{Viêt Nam}}
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|- align="right"
! scope="row" |{{Madagascar}}
| {{nombre|1140947}} || {{nombre|139646}}||  8,17
|- align="right"
! scope="row" |{{Rwanda}}
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|- align="right"
! scope="row" |{{Mali}}
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|- align="right"
! scope="row" |'''Monde'''
| {{nombre|112835316}}|| {{nombre|9202777}}||  12,26
|}
{{clr}}

=== Échanges ===
Le commerce international de patates douces est très limité, la production étant essentiellement destinée à la consommation locale. Les exportations ne portant que sur 0,6 % de la production mondiale, mais elles sont en progression. Les États-Unis, avec près de {{unité|300000|tonnes}}, sont le principal pays exportateur. Les importations se dirigent principalement, pour environ {{unité|425000|tonnes}} (soit 70 % du total), vers l'Europe, d'abord vers le Royaume-Uni et vers les Pays-Bas. Ces derniers, pays de transit portuaire, en réexportent environ les 2/3 vers le reste de l'Europe<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Global trade of sweet potato 1% of production'' | date =18 décembre 2015  | url = https://www.freshplaza.com/article/2150825/global-trade-of-sweet-potato-1-of-production/ | site = Fresh Plaza | consulté le = 16 octobre 2019}}.</ref>.

{| class="wikitable sortable" align="right" width=30%
|+Tableau 4 : '''Principaux pays exportateurs''' <br> année 2017<ref name=faostat/>
|- align="center"
! scope="col" |'''Pays'''
! scope="col" | '''tonnes'''
! scope="col" |  '''valeur'''<br><small>(1000 $ US)</small>
|- align="right"
! scope="row" |{{États-Unis}}
|   {{nombre|292350}} ||  {{nombre|183999}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Pays-Bas}}
|  | {{nombre|71160}} || {{nombre|92786}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Chine}}
|  {{nombre|44230}} || {{nombre|55606}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Viêt Nam}}
|  {{nombre|42953}}  || {{nombre|85699}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Espagne}}
|   {{nombre|37788}} || {{nombre|32303}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Canada}}
| {{nombre|30291}} || {{nombre| 16893}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Mali}}
|   {{nombre|25532}} || {{nombre|1090}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Honduras}}
|  {{nombre|14816}} || {{nombre|10125}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Royaume-Uni}}
|  {{nombre|14583}} || {{nombre|14980}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Égypte}}
| {{nombre|13593}} || {{nombre|16838}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Belgique}}
| {{nombre|11262}} || {{nombre|8547}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Laos}}
| {{nombre|10868}} || {{nombre|4494}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Indonésie}}
| {{nombre|10588}} || {{nombre|10285}}
|- align="right"
! scope="row" |'''Monde'''
| {{nombre|688458}}|| {{nombre|596598}}
|}

{| class="wikitable sortable" align="left" width=30%
|+Tableau 3 : '''Principaux pays importateurs''' <br> année 2017<ref name=faostat/>
|- align="center"
! scope="col" |'''Pays'''
! scope="col" | '''tonnes'''
! scope="col" |  '''valeur'''<br><small>(1000 $ US)</small>
|- align="right"
! scope="row" |{{Royaume-Uni}}
|   {{nombre|156825}} ||  {{nombre|106519}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Pays-Bas}}
|  | {{nombre|110245}} || {{nombre|87444}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Canada}}
|  {{nombre|66226}} || {{nombre|46504}}
|- align="right"
! scope="row" |{{France}}
|  {{nombre|47339}}  || {{nombre|39933}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Belgique}}
|   {{nombre|33995}} || {{nombre|25981}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Allemagne}}
| {{nombre|32152}} || {{nombre| 42324}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Thaïlande}}
|   {{nombre|18796}} || {{nombre|14090}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Japon}}
|  {{nombre|18411}} || {{nombre|22599}}
|- align="right"
! scope="row" |{{États-Unis}}
|  {{nombre|12171}} || {{nombre|15067}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Malaisie}}
| {{nombre|11500}} || {{nombre|7605}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Arabie saoudite}}
| {{nombre|10167}} || {{nombre|4694}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Singapour}}
| {{nombre|9257}} || {{nombre|10071}}
|- align="right"
! scope="row" |{{Irlande}}
| {{nombre|7451}} || {{nombre|6062}}
|- align="right"
! scope="row" |'''Monde'''
| {{nombre|617338}}|| {{nombre|510401}}
|}
{{clr}}

Pour ce qui concerne la France métropolitaine, les importations nettes (import - réexportation) sont en croissance rapide. Avec plus de 40 000 tonnes en 2017, elles ont augmenté de +344 % depuis 2011. La France est en 2017 le {{2e}} importateur net européen derrière le Royaume-Uni ({{unité|142200|t}}) mais devant les Pays-Bas ({{unité|39100|t}}), l'Allemagne ({{unité|29100|t}}) et la Belgique ({{unité|22700|t}})<ref name=faostat/>. Au niveau européen (UE28) les importations nettes atteignaient {{unité|27100|t}} en 2017. Quatre pays de l'Union européenne produisent des patates douces (dans l'ordre : Espagne, Portugal, Italie, Grèce) pour un total de {{unité|85652|t}} en 2017.
La production des [[France d'outre-mer|Dom/Tom]] est d'environ 2500 t, principalement à la [[Guadeloupe]] et à [[la Réunion]]<ref name=faostat/>.
[[Fichier:Import patate douce.png|467x467px|alt=|centré|sans_cadre|Figure 1]]

=== Productivité ===
La patate douce est une culture très productive, dont le rendement en [[matière sèche]] est supérieur à celui des principales cultures de céréales et tubercules alimentaires.

{| class="wikitable sortable" align="center" width=40%
|+Tableau 3 : Productivité comparée avec d'autres cultures - 2000<ref>{{Lien web | langue =fr  | auteur = Chancelle Betty Ndangui | titre =''Production et caractérisation de farine de patate douce (''Ipomoea batatas'' Lam) : optimisation de la technologie de panification''  | date =2015  | url = https://hal.univ-lorraine.fr/tel-01751669/document |éditeur= Médecine humaine et pathologie.Université de Lorraine| site = hal.univ-lorraine.fr |consulté le = 9 octobre 2019}}.</ref>
|-  align="center"
! scope="col" width="30%" | '''Culture'''
! scope="col" | '''Matière sèche'''<br> (kg /ha /j)
! scope="col" | '''Apport énergétique'''<br> (10³ kcal /ha /j)
|- align="right"
! scope="row" | Patate douce
| 22 || 70
|- align="right"
! scope="row" | Pomme de terre
| 18 || 54
|- align="right"
! scope="row" | Igname
| 14 || 47
|- align="right"
! scope="row" | Manioc
| 13 || 27
|- align="right"
! scope="row" | Riz
| 18 || 49
|- align="right"
! scope="row" |Blé
| 14 || 40
|}

=== Consommation ===
La consommation moyenne de patates douces dans le monde est estimée en 2013 à 8,5 kg par habitant et par an, avec des valeurs contrastées selon les continents : 14,6 kg en [[Afrique]], 23,3 kg dans les [[Caraïbes]], 9,3 kg en [[Asie]], 5,3 kg en [[Océanie]], 2,7 kg en [[Amérique du Nord]], 2,3 kg en [[Amérique du Sud]], et seulement 0,07 kg en [[Europe]]. La patate douce, devancée sur le critère de la consommation moyenne par habitant par les principales céréales : [[blé]] (66 kg), [[riz]] (53,3 kg) et [[maïs]] (17,1 kg), et par les autres tubercules et racines féculents : [[pomme de terre]] (32,6 kg) et [[manioc]] (14,3 kg), n'est en général pas un [[aliment de base]], sauf dans un nombre limité de territoires : la [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]] (260 kg/personne/an en 2009), les [[îles Salomon]] (180 kg), le sud de la [[Chine]], la [[Nouvelle-Guinée occidentale|Papouasie occidentale]], la côte centrale du [[Viêt Nam]] et les îles du nord des [[Philippines]]. Les autres grands consommateurs de patate douce par habitant comprennent le [[Rwanda]] (73 kg), le [[Burundi]] (89 kg) et l'[[Ouganda]] (73 kg)<ref name="Hui-Shung Christie Changa">{{article | langue =en  | auteur =Hui-Shung Christie Changa, Rene Villanob, Donald Irvingc, John Lark Kewad & Anton Mais  | titre =''Understanding Consumer Preferences for Sweetpotato in Papua New Guinea''  | date =2017  | url = https://cpb-ap-southeast-2-juc1ugur1qwqqqo4.stackpathdns.com/blog.une.edu.au/dist/4/1340/files/2017/10/AAP-Vol-20-Paper-4-Chang-et-al-17e20wf.pdf2017 | revue = Australasian Agribusiness Perspectives |volume = 20 |numéro= 4 |pages=59-77 }}.</ref>. Aux [[États-Unis]], la consommation de patates douces a augmenté d'environ 80 % entre 2000 et 2014, passant de 1,9 à 3,4 kg par habitant. Cela s'explique notamment par le développement de la production de [[Frite de patate douce|frites]] surgelées de patates douces<ref>{{Lien web | langue = en | titre = FAOSTAT | url = http://www.fao.org/faostat/fr/#data/FBS | site = www.fao.org | consulté le = 21 novembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name="V. D. Truong et al.">{{Lien web | langue =en  | auteur =V. D. Truong, R. Y. Avula, K. V. Pecota, and G. C. Yencho  | titre =''Sweetpotato Production, Processing, and Nutritional Quality''  | date =2018  | url = https://www.ars.usda.gov/ARSUserFiles/60701000/Sweetpotato%20Publications/s158.pdf | site = www.ars.usda.gov | consulté le = 21 novembre 2019}}.</ref>.

La consommation de patates douces devrait globalement augmenter dans les années à venir, mais la consommation des tubercules frais devrait continuer à baisser dans les pays en développement, notamment en Chine. En effet, à mesure que les revenus par habitant augmentent, la demande se porte plutôt vers les céréales et la [[pomme de terre]] (celle-ci a tendance à coûter cher et est parfois un légume de luxe dans les pays en développement alors qu'elle est généralement considérée comme un féculent de base bon marché dans les pays développés). En revanche, l'utilisation de la patate douce comme [[Alimentation animale|aliment du bétail]], principalement des [[porc]]s, soutenue par la croissance de la demande en [[viande]], devrait augmenter, comme c'est le cas déjà en Chine<ref>{{lien web |langue=en|titre= ''Roots and Tubers for the 21st Century, Trends, Projections, and Policy Options'' |auteur= Gregory J. Scott, Mark W. Rosegrant, Claudia Ringler |éditeur= International Food Policy Research Institute (Washington, D.C.), Centre international de la pomme de terres (Lima)| date=mai 2000 |url=https://www.researchgate.net/profile/Gregory_Scott7/publication/324732063_Scott_G_Rosegrant_M_Ringler_C_2000_Roots_and_tubers_for_the_21st_century_Trends_projections_and_policy_options_pp64_Washington_DC_International_Food_Policy_Research_Institute_IFPRI_International_Potat/links/5af03df40f7e9b01d3e2e17d/Scott-G-Rosegrant-M-Ringler-C-2000-Roots-and-tubers-for-the-21st-century-Trends-projections-and-policy-options-pp64-Washington-DC-International-Food-Policy-Research-Institute-IFPRI-Internatio.pdf }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''World Agriculture: Towards 2015/2030 - An FAO perspective - 3.5 Roots, tubers and plantains'' | date =2003  | url = http://www.fao.org/3/y4252e/y4252e05d.htm#P3_5 |éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO) | site = www.fao.org | consulté le = 28 novembre 2019}}.</ref>.

== Symbolique ==
[[Fichier:Koishikawa Botanical Gardens, Tokyo - sweet potato monument.jpg|vignette|redresse|Monument à la patate douce dans les [[jardins botaniques de Koishikawa]], en hommage au botaniste [[Aoki Konyō]] (1698-1769) qui introduisit cette plante au Japon.]]
Aux [[États-Unis]], la patate douce a été choisie comme « légume officiel de l'État » (''State vegetable'') d'une part en [[Caroline du Nord]], premier [[États des États-Unis|État américain]] producteur de patates douces, en 1995<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''North Carolina State Vegetable, Sweet Potato (Family Convolvulaceae)'' | date = 2017 | url = http://www.netstate.com/states/symb/vegetables/nc_sweet_potato.htm | site = www.netstate.com | consulté le = 17 octobre 2019}}.</ref> et d'autre part en [[Louisiane]] depuis 2003<ref>{{Lien web | langue = en | titre = ''Louisiana State Vegetable, Sweet Potato, Family Convolvulaceae'' | url = http://www.netstate.com/states/symb/vegetables/la_sweet_potato.htm | site = www.netstate.com | consulté le = 17 octobre 2019}}.</ref>.

== Notes et références ==
{{références|colonnes=3}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* ''{{Langue|philippin|[[Camote cue]]}}''
* ''[[Ipomoea trifida]]''
* [[Patate douce rôtie]]
* [[Soupe de patates douces]]
* [[Tarte aux patates douces]]
* [[Bilo-bilo]]

=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Taihua Mu|auteur2=Jaspreet Singh|titre=Sweet Potato|sous-titre=Chemistry, Processing and Nutrition|éditeur=[[Academic Press]]|année=2019|pages totales=414|isbn=978-0-12-813638-6}}.
* Adabe, K.E., Maïga, A. et Diendere, J. 2019. [https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/102332 ''Production et transformation de la patate douce''], collection PRO-AGRO, [[Ingénieurs sans frontières|ISF]]-Cameroun, Yaoundé, Cameroun, 2019, 48 p. téléchargeable.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Taihua Mu|auteur2=Hongnan Sun|auteur3=Miao Zhang|auteur4=Cheng Wang|titre=Sweet Potato Processing Technology|éditeur=[[Academic Press]]|année=2017|pages totales=446|isbn=978-0-12-812937-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=adHtDQAAQBAJ&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gad Loebenstein|auteur2=George Thottappilly|titre=The Sweetpotato|lieu=Dordrecht|éditeur=Springer Science & Business Media|collection=Biomedical and Life Sciences|année=2009|pages totales=522|isbn=978-1-4020-9475-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5Wu-4sqzOD8C&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=C. Owori, Berga Lemaga, R.O.M. Mwanga, A. Namutebi et R. Kapinga|titre=Sweetpotato Recipe Book|sous-titre=''Sweetpotato Processed Products from Eastern and central Africa''|lieu=Kampala (Ouganda)|éditeur=ASARECA / PRAPACE / CIP / NARO|année=2007|pages totales=93|isbn=|lire en ligne=http://www.sweetpotatoknowledge.org/wp-content/uploads/2016/04/Sweetpotato-recipe-book.pdf}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Lucien Degras|titre=La patate douce|éditeur=Maisonneuve & Larose|collection=Le technicien d'agriculture tropicale|année=1998|pages totales=166|isbn=978-2-7068-1286-6}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jennifer A. Woolfe, International Potato Center|titre=Sweet Potato|sous-titre=An Untapped Food Resource|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1992|pages totales=643|isbn=978-0-521-40295-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=_MWmIDzNMSYC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Zósimo Huamán|titre=Systematic Botany and Morphology of the Sweetpotato Plant|sous-titre=Technical Information Bulletin 25|lieu=Lima (Pérou)|éditeur=[[Centre international de la pomme de terre]]|date=février 1992|pages totales=22|isbn=}}

=== Liens externes ===
{{Autres projets
|commons=Category:Ipomoea batatas
|wikispecies=Ipomoea batatas
|wiktionary  =patate douce

|wikibooks  =Catégorie:Recettes de cuisine à base de patate douce
}}

==== Références taxinomiques ====
* {{BioLib|taxon|62346|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{CatalogueofLife | 3PVNN | ''Ipomoea batatas'' (L.) Lam. | consulté le=17 décembre 2020 }}
* {{eFloras|2|200018843|Ipomoea batatas|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{eFloras|5|200018843|Ipomoea batatas|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{GRIN espèce|20142|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{ITIS|30764|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{Kew liste|Ipomoea batatas|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam. (1793)|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{NCBI|4120|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam., 1793|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{Tela-réunion|3828|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.}}
* {{Tela-antilles|5397|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.}}
* {{ThePlantList espèce|tro|8500721|Ipomoea batatas|(L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{Tropicos|8500721|Ipomoea batatas|(L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}
* {{UICN|71775024|''Ipomoea batatas''  (L.) Lam.|consulté le=26 septembre 2019 }}

==== Autres ====
* {{article|langue=fr| revue= Journal de la Société des Océanistes |volume= 133 - Trentenaire de la république du Vanuatu| date={{2e}} semestre 2011 | pages = 415-422 |titre= ''L’énigme de la patate douce. Scénarios historiographiques dans le Pacifique'' |auteur= Jean-François Baré |url= http://journals.openedition.org/jso/6438 }}.
* {{Lien web |auteur=Alain Bonjean |titre=La patate douce, un OGM naturel fort apprécié |url=https://leschroniquesduvegetal.wordpress.com/2023/12/21/la-patate-douce-un-ogm-naturel-fort-apprecie/ |site=Les chroniques du végétal |date=21/12/2023 |consulté le=11/02/2024}}

{{Palette|Patate douce|Ipomoea series Batatas|Tubercule}}
{{Portail|Convolvulaceae|alimentation|élevage|plantes utiles}}

[[Catégorie:Patate douce| ]]
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[[Catégorie:Ingrédient de la bière]]
[[Catégorie:Légume-racine]]
[[Catégorie:Taxon décrit par Jean-Baptiste de Lamarck]]
[[Catégorie:Espèce décrite en 1793]]
[[Catégorie:Taxon décrit par Carl von Linné]]